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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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annoncé avec franchise : « Je réunis à Dijon une armée de réserve, dont je me réserve le commandement directement. Je vous enverrai d’ici huit à dix jours un de mes aides de camp avec le plan des opérations pour la campagne prochaine, où vous verrez que votre rôle sera beau et ne dépassera pas les moyens qui sont à votre disposition... Enfin je vous le répète, en votre place, je trouve votre position belle ; tirez-en parti. Ne vous effrayez pas si l’ennemi tend à se mettre sur vos derrières. Abandonnez tout de suite toutes les positions qu’il veut attaquer, pour vous trouver vous-même avec toutes vos forces sur une des ailes. »
    Bientôt, pourtant, les nouvelles que Bonaparte reçoit sont mauvaises. Masséna, ayant sur les bras toute l’armée autrichienne de Mêlas, a été, on le sait, obligé d’abandonner Savone et s’est enfermé dans Gênes avec la moitié de ses forces, tandis que le reste recule vers Nice. L’oeuvre du général Bonaparte en Italie semble perdue !
    Pour tous... sauf pour Bonaparte.
    Le 17 mars, Bourrienne le trouve, étendu à plat ventre sur la grande carte d’Italie, et piquant ses fameuses épingles rouges sur les points où il conduira ses troupes :
    — Où croyez-vous que je battrai Mêlas ? demande-t-il à son secrétaire.
    — Le diable m’emporte si j’en sais quelque chose.
    — Vous êtes un nigaud ; regardez un peu : Mêlas est à Alexandrie où il a son quartier général. Il y restera tant que Gênes ne se sera pas rendue. Il a dans Alexandrie ses magasins, ses hôpitaux, son artillerie, ses réserves. Passant les Alpes ici (en montrant le Grand-Saint-Bernard), je tombe sur Mêlas, je coupe ses communications avec l’Autriche, et je le joins ici dans les plaines de la Scrivia.
    En passant par le col du Grand-Saint-Bernard Bonaparte pourra arriver sur les derrières de l’ennemi. En « s’enfournant » sottement, selon son expression, sur Gênes et Savone, les Autrichiens ont ouvert le chemin de la haute Italie. Il faut s’y porter « à plein collier » ! L’armée doit quitter Dijon et prendre la route de Genève et du Valais !
    Le 9 avril, il écrit à Berthier : « L’instant approche où les colonnes de l’armée du Rhin vont s’ébranler, et c’est l’armée de réserve à vos ordres qui, placée entre celle du Rhin et celle d’Italie, doit établir entre elles le concert d’opérations qui doit avoir lieu et former le centre de la grande ligne dont la droite est à Gênes et la gauche au Danube. »
    L’instant malheureusement « n’approche » guère. Moreau perd du temps. Bonaparte – cela fait toujours partie des ses prérogatives – a beau envoyer Berthier à Bâle se concerter avec le commandant en chef de l’armée du Rhin pour « l’exécution du plan de campagne », l’auteur de l’admirable retraite sur le Danube, en 1796, traîne et Bonaparte doit le faire tancer – prudemment – par Carnot : « Faites lui sentir que ses retards compromettent essentiellement la sûreté de la République. »
    Enfin l’entêté Moreau – il n’est point Breton pour rien... – franchit le Rhin. Ce même jour, « l’imprenable » fort de Hohenville capitule et – le 5 mai – alors que Bonaparte s’apprête à aller inspecter « l’armée de Berthier », la nouvelle de la victoire de Stokach arrive à Paris : « Je partais pour Genève, écrit le Premier consul à Moreau, lorsque le télégraphe m’a instruit de la victoire que vous avez remportée sur l’armée autrichienne : gloire et trois fois gloire ! ». Mais que le chef de l’armée du Rhin n’en suive pas moins la promesse faite à Berthier ! Que le corps de Lecourbe rejoigne au plus vite l’armée de réserve ! Aussi lui adresse-t-il Carnot : « Le ministre de la Guerre arrivera quelques heures après ce courrier à votre quartier général, et de là viendra me joindre à Genève. La position de l’armée d’Italie et du Midi est assez critique : Masséna, renfermé dans Gênes, a des vivres jusqu’au 5 ou 6 prairial (25-26 mai) ; l’armée de Mêlas paraît assez considérable, quoique fortement affaiblie... »
    Napoléon va ce même soir à l’Opéra où il fait lire la dépêche annonçant la victoire de Moreau à Stokach : il mêle ses applaudissements aux acclamations du public.
    II est toujours impossible au Premier consul d’avouer qu’il va prendre le commandement, aussi, ce soir-là, déclare-t-il aux membres du gouvernement :
    — Lucien,

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