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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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encore sous le masque du régime municipal. »
    Le « tuteur » de ces « filles délaissées » celui qui est chargé de faire cesser le brigandage, sera bientôt désigné : c’est le préfet, qui « devra visiter ses communes au moins deux fois l’année ». Quant au sous-préfet, il sera dans l’obligation de se rendre dans les villes qui dépendent de lui, au moins quatre fois par an, « sous peine de destitution ».
    La nouvelle administration est entrée en fonction et se heurte aux difficultés de tous genres : « J’ai trouvé ici, annonçait Beugnot en arrivant au Havre, quatre-vingt-quatorze commis que j’ai réduits à trente, et je ne sais pas avec quoi je les payerai. »
    Le corps préfectoral a été recruté peut-être d’une manière trop éclectique et les nouveaux préfets ne montrent pas tous l’impartialité exigée par le Premier Consul. Certains ne savent pas mettre au pas les maires, devenus par la force des choses des tyranneaux locaux. Ils n’osent pas révoquer ceux qui « par leur ignorance, ont augmenté les désordres de toute espèce ; par leur immoralité, ils se sont aliéné l’esprit de leurs administrés ». Cependant, la plus grande partie des préfets aurait pu signer ce texte de Beugnot : « Je dirai aux sages habitants de la Seine-Inférieure : j’apporte au milieu de vous l’amour du devoir, beaucoup de bonne volonté, quelque expérience ; travaillons de concert ; travaillons lentement, mais sans relâche, à sonder les plaies que la Révolution a faites... »
    Surtout répandre, affirmer, répéter, que tout va aller mieux, que tout va déjà mieux. Bonaparte le leur recommandera :
    — On ne conduit le peuple qu’en lui montrant un avenir : un chef est marchand d’espérance.
    Par les rapports des préfets, le consul peut constater que la désorganisation a gangréné jusqu’aux écoles. Celles-ci sont désertes et certains établissements comptent plus de professeurs que d’élèves !
    — De toutes nos institutions, dira Napoléon, la plus importante est l’instruction publique ; tout dépend d’elle, le présent et l’avenir.
    Bonaparte découvre par degrés l’ampleur du désordre ; le manque d’unité apparaît dans les secteurs les plus inattendus. Si bourgeois et villageois sont bien obligés d’observer le repos du décadi républicain, loin des gendarmes, paysans et campagnards préfèrent chômer le dimanche. Partout l’on recommande aux préfets de ne pas heurter de front les goûts et les habitudes prises : « Vous ne trouverez sans doute pas mauvais que les jeunes filles aiment mieux danser le dimanche que le décadi. Vous mettrez dans tout cela de la prudence et du discernement. »
    — Ma politique, dira Bonaparte, est de gouverner les hommes comme le plus grand nombre veut être gouverné ; c’est là, je crois, la manière de reconnaître la souveraineté du peuple.
    Il affirmera encore :
    — On ne fait de grandes choses en France qu’en s’appuyant sur les masses ; d’ailleurs un gouvernement doit aller chercher son point d’appui là où il est.
    Il lui fallait aussi un autre « point d’appui » : de saines finances. Celles-ci n’étaient point en désordre : elles n’existaient toujours plus ! La pauvreté évoque un semblant de bien, aussi minime soit-il. Ici rien que le néant... et un effroyable passif. « Le Premier consul, lit-on dans un rapport du 24 février, invite le ministre des Finances à lui faire connaître sous le plus bref délai en quelles mains se trouve le Régent. » Le fameux diamant « égaré » parmi des prêteurs du Directoire !
    Las de vivre à force d’expédients à la petite semaine – on vendait le bois du parc de Versailles, on transformait le métal des cloches en monnaie –, découragé en voyant le maigre résultat obtenu en comprimant toutes les dépenses possibles – sauf celles concernant l’armée – Gaudin ose déclarer à Bonaparte :
    — Vous savez avec quelle peine nous avons marché, de décade en décade, à l’aide d’opérations qui, en décelant la pénurie du trésor public, s’opposent de plus en plus au rétablissement du crédit. Aussi, en conclusion, un seul remède : « les moyens extraordinaires me paraissent de la plus urgente nécessité pour assurer le service qui, sans eux, deviendrait impossible ». Et le ministre propose un « droit sur le sel » – la gabelle de triste mémoire ! – un impôt sur les boissons, « calculés de manière à rendre au

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