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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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le lui dit assez sèchement. Napoleone se tut aussitôt... Mais son coeur était trop plein : il ramena bientôt la conversation sur le même sujet, et enfin ses expressions devinrent tellement offensantes que mon oncle lui dit :
    — Tais-toi ! il ne t’appartient pas, étant élevé par la charité du roi, de parler ainsi que tu le fais. »
    Le mot « charité » fit devenir blême le cadet, puis il rougit si violemment que Mme Permon crut qu’il allait étouffer. Lorsque Napoleone put enfin parler, ce fut pour déclarer d’une voix toute tremblante d’émotion :
    — Je ne suis pas élève du roi, je suis élève de l’Etat.
    Précisons que la « charité du roi » coûtait à Louis XVI, par cadet, quatre mille deux cent quatre-vingt-deux livres chaque année, soit cinq millions de nos anciens francs. Aussi M. de Commène s’écria-t-il :
    — Je ne veux pas que tu parles ainsi de ton bienfaiteur devant moi.
    — Je ne dirai rien qui vous déplaise, répondit l’élève-officier ; permettez-moi seulement d’ajouter que, si j’étais maître de rédiger les règlements, ils le seraient autrement et pour le bien de tous !
    Si j’étais le maître !...
     

    Le 23 mars 1785, Buonaparte apprend la mort de son père, survenue un mois auparavant, le 24 février, à Montpellier. Charles-Marie, atteint d’un inguérissable cancer à l’estomac, s’était rendu dans cette ville pour aller consulter un spécialiste. Mme Permon, dont le beau-père avait occupé une situation à la Trésorerie d’Ajaccio, se trouvait justement à Montpellier et avait assisté, avec Joseph et l’oncle Fesch, aux derniers moments de Charles Buonaparte, qui n’avait que quarante ans.
    Selon la coutume, l’un des confesseurs de l’École veut conduire Napoleone à l’infirmerie pour qu’il puisse être seul « dans ses premiers moments de la douleur ». Il refuse de s’y rendre, déclarant, farouche :
    — J’ai assez de force d’âme pour supporter cette peine sans qu’on prît soin de me consoler.
    Il est pourtant profondément affecté et se déclare hanté par le fait que son père soit mort « à cent lieues de son pays, dans une contrée étrangère, indifférente à son existence, éloignée de tout ce qu’il a de plus précieux... » Il attendra près d’une semaine pour écrire en ces termes à sa mère : « C’est aujourd’hui que le temps a un peu calmé les premiers transports de ma douleur, que je m’empresse de vous témoigner la reconnaissance que m’inspirent les bontés que vous avez toujours eues pour nous. »
    En chef de famille – en réalité, c’était Joseph qui pouvait revendiquer cette charge – il ordonne : « Consolez-vous, ma chère mère, les circonstances l’exigent. Nous redoublerons nos soins et notre reconnaissance, et heureux si nous pouvons, par notre obéissance, vous dédommager un peu de l’inestimable perte d’un époux chéri. Je termine, ma chère mère, ma douleur me l’ordonne, en vous priant de calmer la vôtre. Ma santé est parfaite, et je prie tous les jours que le ciel vous en gratifie d’une semblable. Présentez mes respects à Zia Geltruga, Minana Saveria, Minana Fesch... » Il s’agit de ses trois tantes, trois dames parfaitement insignifiantes.
    Puis, dans ce post-scriptum, il annonce en ces termes la naissance du futur Louis XVII, au destin tragique :
    « P.S. – La reine de France est accouchée d’un prince, nommé duc de Normandie, le 27 mars, à sept heures du soir. » Et il signe :
    « Votre très humble et affectionné fils, Napoleone de Buonaparte. »
    Paul Bartel l’a démontré, la mort de son père, ce « complaisant des vainqueurs, allant des salons du gouverneur aux antichambres de Versailles », est pour Napoléon une manière de délivrance. Il pourra désormais ne plus mettre de bornes à son patriotisme presque excessif – à son chauvinisme corse.
    Et, dès qu’il le pourra, revenir à Ajaccio en uniforme d’officier du roi.
    Au début de cette année, on a annoncé aux futurs aspirants qu’il n’y aura pas, en 1785, d’examen de marine. Demeurer douze mois de plus à l’École royale ? Buonaparte s’y refuse. Et, comme la plupart de ses camarades visés par cette suppression, Napoleone, toujours l’un des meilleurs de la classe de mathématiques, choisit le corps de l’artillerie.
    Au mois de septembre – alors que la France se passionne pour l’affaire du Collier qui a éclaté le 15 août – s’ouvre le concours de

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