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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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fois les chevaux lancés, ils ne peuvent les retenir. Ils traversent un village à toute bride, « les cheveux épars, la poudre qu’ils renfermaient répandue sur leurs habits », ce qui les fait prendre « pour des contrebandiers ». Ils reviennent à Valence au même train et sont plusieurs jours à se remettre de leur équipée.
    L’un des rares plaisirs du jeune officier est la promenade. On le voit visiter la Chartreuse de Bouvante ou monter au sommet de Roche-Colombe.
    — J’aime m’élever au-dessus de l’horizon, explique-t-il.
    Bien que sorti de l’École militaire lieutenant en second, Napoléon a d’abord dû gravir ce que l’on appelle les « trois grades » : ceux de canonnier, de caporal et de sergent. Mais il ne lui a fallu que deux mois et cinq jours pour se trouver « instruit dans les matières de son service et digne de recevoir le grade d’officier ». Il peut enfin endosser l’uniforme d’artilleur de la Fère – « le plus beau du monde », dira-t-il plus tard. L’habit est bleu, à collet rabattu doublé de rouge, la culotte bleue elle aussi, les épaulettes losangées d’or et de soie. En cette tenue, il est parfois invité par quelques familles nobles de la ville. Napoléon le racontera à Las Cases : il est admis, entre autres, chez une certaine Mme du Colombier. C’est une femme de cinquante ans, qui « gouverne la ville et s’engoue fort, dès l’instant, du jeune officier d’artillerie ». Elle l’invite, à sa campagne de Basseaux et lui conseille de mener une vie moins austère.
    — Ma mère n’a que trop de charges, lui répond-il, et je ne dois pas les augmenter par mes dépenses, surtout quand elles sont imposées par la folie stupide de mes camarades.
    S’il aime « fréquenter » chez Mme du Colombier, c’est qu’il y rencontre la fille de son hôtesse, la fraîche et jolie Caroline à qui Napoleone conte fleurette. Les choses ne dépassèrent point les premières étapes de la carte du Tendre... « On n’eût pas pu être plus innocents que nous, précisera l’Empereur ; nous nous ménagions de petits rendez-vous. On le croira avec peine, tout notre bonheur se réduisit à manger des cerises ensemble. »
    Après Mlle du Colombier, c’est le clair visage de Mlle de Saint-Germain qui attire Buonaparte. Le fermier général Joseph de Saint-Germain avait été royalement trompé. Sa femme, en effet, avait accueilli avec émotion les bontés du Bien-Aimé. Une fille en était née : Louise-Marie-Adélaïde, celle-là même dont le jeune Napoleone est tombé amoureux. Il demande sa main à M. de Saint-Germain qui refuse, pensant assurément que ce jeune lieutenant d’artillerie n’a aucun avenir. Et c’est ainsi que le futur empereur manqua de peu devenir, par la main gauche, le gendre de Louis XV... Quant à Louise-Adélaïde, elle épousera le comte de Montalivet dont l’Empereur fera son ministre de l’Intérieur.
    Il lui arrive parfois de s’asseoir à une table de jeu pour faire une partie de reversi. Un jour qu’il se trouve attablé avec quatre personnes – dont la comtesse de Tournon – il perd douze francs. La comtesse de Tournon, à la fin de la partie « fit quelques façons de les accepter ». Le jeune officier est d’autant plus mortifié, que Mme de Tournon l’appelle son « petit ami »...
    — Moi, Madame, s’exclame-t-il en redressant sa petite taille, je n’ai pas l’honneur de vous être attaché.
    « Je mis douze francs sur la table, racontera-t-il, et sortis. Ce fut là le sujet de la conversation de toute la soirée. Les officiers m’approuvèrent beaucoup... »
    Dans sa chambrette du Café-Cercle, il travaille à une Lettre sur la Corse. Il n’a pas encore commencé d’aimer la France et trace ces lignes sévères : « Français, non contents de nous avoir ravi tout ce que nous chérissons, vous avez encore corrompu nos moeurs. Le tableau actuel de ma patrie et l’impuissance de le changer est donc une nouvelle raison de fuir cette terre où je suis, par devoir, obligé de louer des hommes que, par vertu, je dois haïr. »
    Et il ajoutera une autre fois, presque menaçant : « Les Corses ont pu, en suivant toutes les lois de la justice, secouer le joug génois et peuvent en faire autant de celui des Français. »
    Sur ce même sujet, il écrit encore : « J’ai puisé la vie en Corse, et, avec elle, un violent amour pour mon infortunée patrie et pour son indépendance. »
    En France – il l’avoue –, il se sent

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