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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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guêtrées de blanc, de plumets vermillon, de hauts bonnets à poil. De son regard « brillant comme du cristal », Bonaparte regarde ces hommes avec lesquels il va conquérir l’Europe...
    Ces revues lui permettent de jouer son personnage déjà légendaire. On le voit s’arrêter devant un jeune tambour de seize ou dix-sept ans.
    — C’est donc toi, lui dit-il, qui as battu la charge devant Zurich, ayant le bras percé d’une balle ?
    — Oui, mon général, répond le tambour d’une voix tremblante, mais assurée.
    — C’est encore toi qui à Veser, as fait preuve de présence d’esprit en sauvant ton commandant ?
    — Oui, mon général.
    — Eh bien, je dois acquitter la dette de la patrie, reprend le consul tandis que l’enfant devient de plus en plus rouge. Il te sera donné non pas des baguettes d’honneur, mais un sabre d’honneur. Je te fais sous-officier de la Garde des consuls. Continue à bien te conduire et j’aurai soin de toi.
    La mère de Junot assistait à la scène d’une fenêtre du château et Laure l’entendit s’exclamer, les yeux humides :
    — Comme on doit aimer cet homme-là. Ce pauvre enfant ! Voyez dans quel état il est.
    Le tambour avait, en effet, dû s’appuyer sur l’épaule d’un camarade pour ne pas tomber évanoui...

    Le 22 juin, Bonaparte, encore à Milan, avait écrit aux consuls : « Une partie de la Garde est partie aujourd’hui pour se rendre à Paris avec les drapeaux pris à Marengo. La route est calculée de manière qu’elle sera à Paris avant le 14 juillet. Il est nécessaire de s’étudier à rendre cette fête brillante, et d’avoir soin qu’elle ne singe pas les fêtes qui ont eu lieu jusqu’à ce jour. Un feu d’artifice serait un bon effet... » Bonaparte, en célébrant le 14 juillet – le 25 messidor – voulait assurément rappeler davantage le souvenir de la Fête de la Fédération – le plus beau des « quatorze juillet » — que celui de la prise de la Bastille ! Plus de défilés allégoriques dont on avait par trop abusé ! La statue de Louis XVI qui ornait la place Vendôme avait été abattue en 1792. Dès le Consulat, Bonaparte avait envisagé d’ériger à son emplacement une colonne trajane et de la surmonter de la statue de Charlemagne, enlevée, en 1794, d’Aix-la-Chapelle.
    La première pierre en est posée le matin de ce 25 messidor – le 14 juillet 1800 – qui va être la fête de la Concorde. Sur l’ex-place de la Révolution, l’ex-place Louis XV, qui portera désormais le nom de Concorde, on a également élevé ce jour-là une « colonne nationale » à la gloire des armées de la République. Devant le Corps législatif a été dressé un Temple à colonnes sur lequel l’architecte s’est cru obligé de grouper tout un lot de pensionnaires d’un zoo : « l’amour de la patrie symbolisé par le pélican, le courage par le lion, la valeur par le cheval, la prudence par le cerf, la patience par le chameau, l’intrépidité par le sanglier, la tempérance par l’éléphant, le désintéressement par le chien, l’obéissance par le boeuf, la sagesse par la chouette, la vigilance par le coq... »
    « Là, nous rapporte Norvins, parurent à cheval les trois consuls, les ministres, escortés de la Garde consulaire, et ces aides de camp de Bonaparte dont les noms devenaient historiques et glorieux à la suite du sien... ». Un long cortège suit maintenant Napoléon vers l’église des Invalides, devenue le temple de Mars, « car tout ce qui était de l’ordre civil, préfets, maires, magistrats, sénateurs, députés, tribuns, académiciens, dit encore Norvins, formaient une immense infanterie qui, au travers des flots d’une poussière torride, arriva comme une déroute à l’Hôtel des Invalides, ce qui parut alors à chacun de nous une hospitalité très convenable... »
    Lucien prend la parole, célèbre le 14 juillet, le 18 brumaire et laisse la place à un chant du 14 juillet interprété par la Grassini qui, de sa voix d’or, glorifie ainsi la victoire de son amant « qui avait délivré l’Italie ».
    Nouvelle halte au Champ de Mars, où Bonaparte reçoit les vingt-trois drapeaux autrichiens pris lors de la brève campagne. Le soir, après les jeux et réjouissances, tandis que Paris n’est que démonstrations de joie, illuminations, orchestres et feux d’artifice, aux Tuileries le consul lève son verre « au quatorze juillet, au peuple français, notre souverain à tous. » Et cinq cents

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