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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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l’apercevrait au théâtre ». Pour abattre le consul, les Chouans arrêtent un plan qui s’inspire de l’attaque des diligences, opération dans laquelle excellaient ces messieurs. Lorsqu’il se rend à Malmaison, seule une cinquantaine de grenadiers à cheval escorte Bonaparte. Or, Neuilly, Puteaux, Nanterre, Rueil ne sont que de petits villages séparés par des terrains vagues assez mal famés, et ravinés de carrières, où toute une troupe pourrait facilement se cacher avant de bondir sur l’escorte.
    Cependant, la meilleure manière pour se débarrasser du « tyran » allait être donné aux Chouans par leurs plus implacables ennemis : les républicains extrémistes, les exclusifs. Ils hantaient les cabarets des barrières, remâchant leur rancoeur et complotaient autour de tables maculées de vin. Quelques-uns de ces anarchistes, à la tête desquels se trouvait le jacobin Chevalier, avaient l’intention de supprimer le Premier consul en faisant exploser sur le passage de sa voiture une machine infernale, imitée de l’appareil inventé par un ingénieur italien, en 1585, lors du siège d’Anvers. L’engin consistait en un baril cerclé de fer et rempli de poudre, de matières inflammables et de balles. Le feu était communiqué à l’aide d’un fusil dont on avait coupé le canon, et, de loin, une ficelle actionnait la détente. Malheureusement pour les exclusifs, l’active police de Fouché avait eu vent de l’affaire et, le 7 novembre 1800, tous les conspirateurs avaient été appréhendés.
    Les Chouans pensèrent alors à reprendre le projet pour leur propre compte !... Sur l’ordre de deux conjurés royalistes : le chevalier de Limoëlan et son ami Saint-Régent, le nommé Carbon, jadis au service de Limoëlan, acheta une vieille jument noire et une mauvaise charrette à ridelles. Sur cette dernière, les conspirateurs placèrent un tonneau bourré de poudre.
    Où opérerait-on ?
    Le 24 décembre au soir, 3 nivôse, an IX – les journaux l’avaient annoncé – le Premier consul devait se rendre à l’Opéra, alors situé à l’emplacement de notre place Louvois, pour assister à La Création, un oratorio de Haydn. L ’incomparable Garat chantera et, pour la circonstance, les choeurs du théâtre Feydeau se joindront à ceux de la scène nationale. Le mieux ne serait-il pas de profiter de cette sortie nocturne pour placer la machine sur un point du parcours ?
    Le jeudi 22 décembre, Saint-Régent se fait conduire en fiacre jusqu’à la place du Carrousel, juste devant l’hôtel de Longueville, en face des Tuileries, et qui abritait, en 1800, les écuries du consul. La place était alors étroite, sombre, resserrée. L’entrée du château s’ouvrait entre deux pavillons servant de corps de garde. Saint-Régent – le cocher le racontera plus tard – regarde la longue façade grise, le dôme coiffant le pavillon central, tire sa montre, puis, tournant le dos au « palais du gouvernement », il paraît réfléchir. Il se trouve exactement à l’angle de la place et de la rue Saint-Nicaise, ancien chemin de ronde du rempart de Charles V. Cette rue était parallèle au château ; sur quelques dizaines de mètres, elle traversait le Carrousel et formait le fond de la place. Elle commençait à la galerie du bord de l’eau et, après avoir franchi l’emplacement des futurs guichets de Rohan, allait s’achever rue Saint-Honoré, à la hauteur de notre place du Théâtre-Français. Presque dans son prolongement se trouvait la rue de la Loi, notre rue de Richelieu, qui conduisait à l’Opéra. Saint-Régent, après avoir réfléchi, trouva l’endroit excellent. On placerait la charrette et son tonneau dans la rue Saint-Nicaise, vers la rue Saint-Honoré, à une vingtaine de mètres de la place. L’un d’eux fera le guet devant l’hôtel de Longueville, au fond du Carrousel ; il verra par conséquent la voiture sortir des Tuileries et pourra donner le signal à celui qui, à l’aide d’une longue mèche, mettra le feu à la machine.
    Quelques jours auparavant, Bonaparte avait dit à Roederer :
    — Si je mourais d’ici trois ou quatre ans de la fièvre, dans mon lit, et que pour achever mon roman, je fisse un testament, je dirais à la nation de se garder du gouvernement militaire ; je lui dirais de nommer un magistrat civil.
    Si je mourais...
    Le soir du 24 décembre, une nuit de nivôse brumeuse et froide tombe sur Paris. Alors que de nombreux Parisiens préparent le

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