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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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convives lui répondent d’une seule voix : Vive Bonaparte !
    Vive Bonaparte !...
    La confiance renaît et – le 13 août – à leur grand étonnement, les rentiers, qui n’avaient touché depuis la Révolution que « des papiers », prennent connaissance de l’Arrêté suivant – qui leur prouve que le gouvernement de Bonaparte tient ses engagements : « À compter du second semestre de l’an VIII, les rentes et pensions de l’État seront acquittées en numéraire. »
    Les Te Deum se succèdent dans toute la France. Les rapports sont unanimes : les villes de province ont pavoisé et témoigné leur enthousiasme au son des salves de canon – jusqu’à la Vendée qui semble réjouie par cet événement qui doit lui apporter la paix.
    Il serait cependant faux de dire que cet enthousiasme est universel – trop de royalistes et de jacobins considèrent Marengo comme une catastrophe puisque la victoire consolidait le coup d’État de Brumaire. Si la France achève sa convalescence, le drame des royalistes demeure. Sans doute les habitants du faubourg Saint-Germain – tapis dans leurs hôtels des rues de Grenelle, de l’Université ou de Saint-Dominique – continuent-ils à tenir tête à Bonaparte, – comme ils tiendront tête à Napoléon –, mais ils se contenteront d’ironiser et de bouder. D’un naturel moins paisible, certains chouans, certains royalistes extrémistes refusent de se laisser « pacifier », et, contre eux, les rigueurs s’avèrent implacables. Le consul l’annonce en ces termes à Bourmont :
    — Si dans quinze jours vous n’avez pas entièrement perdu votre influence, je vous enverrai un de mes aides de camp pour vous prier de passer chez moi, et ce sera pour vous dire que je vous donne quatre jours pour quitter le territoire français, et que, si vous y êtes le cinquième, vous serez fusillé. Toute influence qui ne vient pas du gouvernement, lui avait-il encore ajouté, est un crime politique.
    Bonaparte est devenu dictateur.
    — Une victoire, avait-il déclaré à Joseph avant de prendre le chemin du Grand-Saint-Bernard, me laissera maître d’exécuter tout ce que je voudrai.
    Le « règne » – effectif avant d’être réel – va, en effet, pouvoir commencer. Un rapport, venu du département du Bas-Rhin, indiquait, peu avant Marengo : « Le peuple paraît sentir le besoin d’être gouverné... », tandis qu’à Paris, la bourgeoisie modeste et laborieuse réclamait un chef et criait : « Plus de partis, plus de vengeances ! »
    Le 18 août, heureux de cette affection des masses, Bonaparte confie à Roederer :
    — Jusqu’à présent, le peuple m’a gâté ; il va au-devant de mes désirs comme moi au-devant des siens ; et je suis plein de reconnaissance pour lui !
    Marengo a donné naissance à César et a fait naître la dictature – mais une dictature qui permettra à Bonaparte d’imposer le Concordat et le Code Civil, de donner le goût aux émigrés de regagner leur pays, de guider tout naturellement l’or vers le chemin des caisses de l’État, chemin qu’il avait perdu – et, du même coup, de faire renaître l’abondance.
    La convalescence va conduire à la guérison.

 
    XVIII

« RIEN NE LUI RESISTE, PAS MÊME DIEU ! »
    La religion chrétienne sera toujours l’appui le plus solide de tout gouvernement assez habile pour pouvoir s’en servir.
    N APOLÉON .
    Aux barrières de Paris, il n’est pas rare de rencontrer des citoyens plus ou moins bien déguisés, qui, nantis d’une fausse identité, se glissent clandestinement dans la capitale. Ces hommes sont des émigrés bravant le terrible décret pris par le Directoire au lendemain des événements de Fructidor, décret toujours en vigueur et condamnant à mort tout émigré appréhendé sur le territoire de la République.
    Bonaparte se penche sur la question, « une des grandes plaies » de l’État, selon son expression. Ceux qui ont suivi les Princes refluent vers la France et parviennent à y vivre au grand jour, souvent grâce à la « protection », quelque peu monnayable, des commissaires chargés des radiations. Ce ne sont évidemment pas les éléments les plus intéressants et Bonaparte s’en irrite : « Composez votre bureau particulier d’hommes justes, intègres et forts, ordonne-t-il au ministre de la Justice. Qu’ils soient bien convaincus que l’intention du Gouvernement n’est pas de fermer la porte aux réclamations des individus victimes de l’incohérence des lois

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