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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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chargent au galop, culbutant la cavalerie ennemie. « Ah ! reprend Coignet, ça nous fit respirer un moment, ça nous donna de la confiance pour une heure ».
    Le baron de Mêlas se bat avec acharnement : lui aussi joue tout son avenir : s’il est battu, il sera forcé de capituler ! Les Autrichiens se montrent admirables – Napoléon le rappellera à Sainte-Hélène – et reprennent l’offensive avec vigueur. Aussi le bref répit terminé, Coignet et ses camarades battent-ils encore en retraite – mais en bon ordre.
    Il est midi.
    Déjà Mêlas envoie d’Alexandrie un courrier de victoire à Vienne. « Regardant derrière nous, dit Coignet, nous vîmes le consul assis sur la levée du fossé de la grande route d’Alexandrie, tenant son cheval par la bride, faisant voltiger des petites pierres avec sa cravache. Les boulets qui roulaient sur la route, il ne les voyait pas. Quand nous fûmes près de lui, il monta sur son cheval et partit au galop derrière nos rangs :
    — Du courage, soldats, dit-il, les réserves arrivent. Tenez ferme.
    « Les soldats de crier : Vive Bonaparte ! Mais la plaine était jonchée de morts et de blessés, car on n’avait pas le temps de les ramasser ; il fallait faire face partout. Les feux de bataillons par échelons en arrière les arrêtaient, mais ces maudites cartouches ne voulaient plus descendre dans nos canons de fusils ; il fallait encore pisser dedans pour pouvoir les décrasser. Ça nous faisait perdre du temps... Nous baissions l’oreille. Il était deux heures :
    — La bataille est comme perdue, dirent nos officiers... »
    Au même moment, autour de Bonaparte, l’état-major ne dissimule pas son inquiétude. Desaix qui débouche à cet instant sur le champ de bataille avec huit mille hommes de troupes fraîches, n’en répète pas moins, lui aussi :
    — La bataille est perdue !
    Bonaparte est descendu de cheval. Les boulets tombent comme grêle. Toujours apparemment aussi calme, le consul prend le bras de Desaix :
    — Asseyons-nous un moment sur l’herbe.
    — Oh ! s’exclame Desaix avec inconscience, les boulets ne me connaissent pas !
    Et il répète lui aussi :
    — La bataille est complètement perdue.
    Cependant, il ajoute :
    — Mais il n’est que deux heures, nous avons encore le temps d’en gagner une aujourd’hui. J’arrive, nous sommes frais, et s’il le faut nous nous ferons tuer.
    Le consul donne ses ordres à Berthier afin de prendre maintenant l’offensive et essayer de transformer la retraite en assaut. Déjà, les Autrichiens sûrs de leur victoire, ont placé sur leurs shakos des feuillages et avancent l’arme sur l’épaule « comme s’ils faisaient route pour aller chez eux ». Ils ne font même plus attention aux Français qu’ils croient en pleine déroute. Mais les soldats de Bonaparte sont justement en train de reprendre courage : ils ont vu arriver, en rangs serrés, sur le champ de bataille, les troupes amenées par Desaix, marchant calmement, sans se hâter, « comme une forêt que le vent fait vaciller », l’artillerie dans les intervalles des demi-brigades et un régiment de grosse cavalerie fermant la marche. L’ennemi, de plus en plus assuré, semble vouloir les dépasser sans les voir, « lorsque, raconte encore Coignet, la foudre part sur leur tête de colonne... Mitraille, obus, feux de bataillon pleuvent sur eux, et on bat la charge partout ! Tout le monde fait demi-tour. Et de courir en avant ! On ne criait pas, on hurlait... »
    À deux heures, tout n’était que désolation et angoisse. C’était la défaite, la fin peut-être de Bonaparte et de sa fortune ! À cinq heures, la victoire « redevenue fidèle au drapeau d’Arcole » fait briller les yeux et met la joie au coeur. Bonaparte a reconquis l’Italie pour la seconde fois... Mais Desaix a disparu : il est tombé près de San Giuliano. C’est en marchant à la tête de la 9 e demi-brigade légère qu’une balle lui a traversé la poitrine. S’il faut en croire la légende, il aurait murmuré :
    — Allez dire au Premier consul que je meurs avec le regret de n’avoir pas assez fait pour la postérité.
    Savary cherche longtemps son corps au milieu des morts, il reconnaît enfin son général à son abondante chevelure. L’enveloppant dans un manteau de hussard il le fait porter au quartier général. Bonaparte est bouleversé. On l’entend soupirer :
    — Pourquoi ne m’est-il pas permis de le pleurer ?
    Et comme Bourrienne s’exclame :
    —

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