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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Tribunat. Le Consul accueille la nouvelle avec déception. Et Fouché qui sait ce que Bonaparte désire, fait établir ce rapport de police concernant la nouvelle loi : « On n’y trouve point une garantie pour l’affermissement de la République. On aurait voulu que le Premier consul fût nommé pour sa vie avec faculté de désigner son successeur. »
    Bonaparte trouve, en effet, le cadeau insuffisant : c’est garder le pouvoir jusqu’à sa mort qu’il ambitionne et il demande que l’on prenne l’avis du peuple. Aussi, le 10 mai, le Conseil d’État vient-il soumettre au Premier consul le texte des deux questions qui doivent être posées au peuple français : « 1° Napo-léoII Bonaparte sera-t-il Consul à vie ? – 2° Aura-t-il la faculté de désigner son successeur ? ».
    C’est en somme le retour à la monarchie, la création d’une nouvelle dynastie. Le mot « successeur » est écrit en toutes lettres, et Napoléon ne pourra plus dire désormais :
    — Mon héritier, c’est le peuple français.
    Pour le clan, puisque le consul à vie n’a pas d’enfant, le successeur ne peut être que l’un des fils de Charles Bonaparte. Joseph, étant l’aîné, estime que la succession lui revient de droit – comme si la future « Madame Mère » et le défunt « Monsieur Père » avaient régné !
    Napoléon préférerait forger lui-même le premier maillon de sa dynastie. À ce désir, Joséphine répond qu’elle a fait ses preuves
    — Hortense et Eugène sont là pour en témoigner – et que la stérilité du ménage ne vient pas d’elle, mais de son mari. Bonaparte se refuse à l’admettre. Bientôt, le bruit court que Napoléon va répudier Joséphine et épouser une princesse d’Allemagne ou une infante d’Espagne... Le divorce éventuel parut l’année suivante si probable que le nouveau Code civil conserva la faculté pour tous les citoyens d’annuler son mariage. Certains membres du Tribunat se montrèrent affligés de voir maintenue « une disposition aussi honteuse », et Carion de Nisas, cousin de Cambacérès, ose en parler ouvertement à Bonaparte en lui disant :
    — Je sais que mes efforts n’obtiendront rien, mais ils serviront du moins à marquer mon opinion aux yeux de toute la France et à sauver le Tribunat du déshonneur d’avoir consenti sans réclamation à cette loi immorale.
    Et il précise sa pensée en ces termes :
    — Au surplus, je connais les motifs qui ont déterminé la proposition du divorce et les raisons du prix qu’on paraît y mettre n’échappent pas plus au public qu’à moi ; mais j’ose dire qu’il n’était pas nécessaire pour cela de faire une plaie aussi profonde aux moeurs de toute une nation. Un sénatus-consulte aurait rempli le même but, et n’aurait pas offert les mêmes inconvénients.
    Le Premier consul préféra garder le silence. Sa décision était encore loin d’être prise – ce qui n’empêchera pas les royalistes d’affirmer – la fureur les faisait déraisonner... – que le Consul n’osant pas divorcer « à cause de la décence », voulait se débarrasser de sa femme en l’empoisonnant !
    En ce printemps 1802, le public pense que son nouveau maître a bien du temps devant lui pour prendre une décision. Il n’a que trente-trois ans et la paix semble établie... La Gazette de France résume par ces lignes le sentiment de la majorité : « Depuis deux ans, la Nation française ne conservait qu’une inquiétude, c’était de se voir exposée à retomber dans le gouffre de l’anarchie, avant que la main qui l’en avait retirée n’eût eu le temps d’effacer toutes les traces de nos longues calamités et de fermer l’abîme des maux dans lesquels nous avons été précipités, de manière qu’il ne pût jamais se rouvrir. »
    La nouvelle dynastie aura son ordre. Le Moniteur du 19 mai 1802 publie le texte instaurant la Légion d’honneur – une « chevalerie de la Révolution » ironiseront les royalistes. « Cette création d’un ordre de chevalerie dans un pays où l’on ne marche qu’au milieu d’institutions républicaines, dira de son côté la duchesse d’Abrantès, parut d’abord une sorte de monstruosité dans une République ».
    — Ce Bonaparte échappé d’Égypte, s’exclama Mme de Staël, se prend pour un Pharaon !
    Mais c’est le « pharaon » qui aura le mot de la fin :
    — Ce sera un hochet de vanité, lui dira quelqu’un.
    — Eh bien, répondit-il, c’est avec des hochets qu’on

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