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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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d’uniforme ; je ne puis plus venir chez vous, à vos audiences, je n’y puis venir qu’en frère.
    — Venez tous les soirs dans le salon, répond Bonaparte ; les matins, je déjeune seul, à onze heures, venez quand vous voudrez.
    — Dans votre salon, c’est très bien, mais je vous le demande, plus de mauvaises plaisanteries, plus de citoyen Lucien ! de grand Lucien ! de grave Lucien ! Je ne veux pas servir de risée à vos aides de camp...
    Bonaparte l’approuve et Lucien continue :
    — Je ne veux plus de fonctions, ni missions. Je veux vivre à Paris, en citoyen de Paris, à moins que vous ne me fassiez concourir à quelque chose d’utile pour consolider votre pouvoir.
    Le lendemain de cette conversation, Lucien revoit son frère qui le reçoit dans le salon où se tiennent sept ou huit aides de camp.
    — Eh bien, citoyen Lucien, lance Bonaparte, que faites-vous ?
    — Citoyen consul, je ne fais que de petites choses dont je ne rends compte à personne ; différent de vous, qui en faites de grandes, dont vous rendez si glorieusement compte à tout le monde.
    Aussitôt, Bonaparte attaque à haute voix :
    — Qu’est-ce que fait cette femme, madame... madame qui ? Mme Santa-Cruz, qui court après vous, est-elle toujours à Paris ?
    — Ah ! Citoyen consul, s’exclame Lucien, épargnez une femme qui n’est pas faite pour les brocards. Je ne me crois pas obligé à en entendre mal parler par mon frère, et encore moins par le Premier consul.
    — Mais on peut se passer de votre approbation.
    — Mais, du moins, je ne suis pas obligé de l’entendre, je vous salue.
    Depuis cette conversation Lucien boude – et on le comprend.
    — Je l’honore, je le respecte, explique-t-il à Roederer en parlant du maître de la France, je l’admire comme chef de gouvernement, je ne l’aime plus comme un frère...
    Bien que Napoléon ne puisse se défaire de cette vieille habitude de « goguenarder » son frère, un modus vivendi s’établit et Lucien entre même au Tribunat. Sur ces entrefaites le Consul montre une épouvantable colère en apprenant que son puîné, sans solliciter son autorisation, a épousé, à Senlis, Alexandrine Jourberthon, veuve d’un agent de change. Le notaire, convoqué, comparaît devant le consul – et le dialogue s’engage :
    — C’est vous, monsieur, qui avez reçu l’acte de mariage de mon frère ?
    — Oui, citoyen Premier consul.
    — Vous ignoriez donc que c’était mon frère ?
    — Non, citoyen Premier consul.
    — Vous ne saviez donc pas que mon consentement était nécessaire pour valider cet acte ?
    — Je ne le pense pas. Votre frère est majeur depuis longtemps. Il a rempli de grands emplois. Il a été ministre et ambassadeur. Il n’a point de père. Il est libre de contracter.
    — Mais il a une mère dont il fallait avoir le consentement.
    — Non, il est majeur et veuf.
    — Mais je suis souverain, et, comme tel, je devais donner mon consentement.
    — Aucun acte n’engage votre famille vis-à-vis de vous.
    — Montrez-moi cet acte de mariage.
    — Le voilà !
    — Je ferai casser cet acte, lance Bonaparte après avoir jeté un regard sur le registre.
    — Ce sera difficile, car il est bien cimenté, et tout y est prévu.
    — Allez-vous-en !
    S’il faut en croire Chaptal, la discussion qui suivit, entre les deux frères, se termina par cette phrase, lancée par Lucien :
    — Et toi aussi, tu as épousé une veuve. Mais la mienne n’est ni vieille, ni puante !
    Lucien lui aurait dit encore :
    — Ne crains-tu pas que la France ne se révolte contre l’indigne abus que tu fais du pouvoir ?
    Et Napoléon de s’exclamer :
    — Ne crains rien, je la saignerai tellement au blanc, qu’elle en sera de longtemps incapable.
    La réponse, surtout à cette époque, est difficilement croyable. Cependant Bonaparte ne parvenait pas à comprendre pourquoi Lucien faisait ainsi fi de ses intérêts.
    — Que penser d’un homme, s’exclamera Volney en parlant de Napoléon, qui prétend qu’avec de l’argent on a des hommes, qu’avec des hommes on a de l’argent !

    Il faut bien reconnaître que Bonaparte – comme plus tard Napoléon – a été affligé d’une famille insatiable et qu’il ne connut que déboires et déceptions avec ses frères et soeurs – sauf avec la chère Pauline.
    Selon certains, Bonaparte aurait même été l’amant de Paganetta. Simonville, l’une des passades de l’amoureuse « petite païenne », prétendait que la soeur du Premier

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