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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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bouchant les oreilles.
    — Gardez-vous de la moindre critique devant un Parisien, réplique le consul en souriant ; il tolérerait plutôt une insulte personnelle qu’une observation contre son Opéra !

    Point de bornes à notre admiration, devant le chef, l’homme aux admirables formules, le génie qui laisse les simples êtres humains loin derrière lui. On admire même cette façon bien à lui de considérer tous ceux qui l’entourent comme des imbéciles... mais on demeure pantois en le voyant peu à peu se transformer sous nos yeux en autocrate-impérator.
    Comment ne pas sursauter en l’entendant dire :
    — Pour être conquérant, il faut être féroce !
    À Saint-Cloud, Chaptal est un jour si insulté par Bonaparte – celui-ci l’aurait même frappé au visage avec un rouleau de papier qui se trouvait sur son bureau – que le ministre de l’Intérieur demande au Grand juge d’aller porter sa démission au Premier consul. Fort hésitant, Régnier débute en ces termes :
    — C’est avec le plus vif regret que je viens vous annoncer la retraite d’un de vos plus fidèles serviteurs, d’un homme laborieux et utile.
    — De qui voulez-vous parler ? interrompt aussitôt Bonaparte. N’est-ce pas de Chaptal ? J’ai beaucoup à me plaindre de lui ; il s’est conduit insolemment avec moi, il m’a manqué d’une manière grave ; mais dites-lui que je veux bien lui pardonner ; j’oublie son injure, qu’il oublie mon ressentiment. Je n’accepte point sa démission.
    « Machiavel n’aurait pas fait mieux », conclut l’agent secret de Louis XVIII en rapportant l’histoire au « comte de Lille ».
    Sa tyrannie s’exerce sur les siens. Au début du Consulat, il a d’abord refusé la candidature de Murat à la main de Caroline.
    — Murat, déclare-t-il, est le fils d’un aubergiste ! Dans le rang élevé où m’ont placé la fortune et la gloire, je ne puis pas mêler son sang à mon sang !... D’ailleurs rien ne presse, je verrai plus tard.
    Le futur roi de Naples plaide lui-même sa cause.
    — Le Premier consul m’a laissé parler sans m’interrompre, racontera-t-il. J’ai exposé toutes les preuves de dévouement que j’ai données à la France et à lui-même, tous les services que j’ai rendus et aussi tout l’amour que j’éprouve... et l’immense honneur qu’il me ferait en m’accueillant dans sa famille ; son visage restait glacé, impénétrable.
    Bonaparte l’a remercié en lui « signifiant la fin de l’audience ». Joséphine prend le parti de sa jeune belle-soeur avec l’espoir de se faire une alliée parmi les membres de cette terrible famille pour qui elle est toujours « la vieille » et « l’étrangère » dont il faut se débarrasser.
    — Laisse-moi tranquille avec ces amourettes, lui répond Bonaparte ; elles ne mènent jamais à rien de bon. La soeur du Premier consul ne peut s’allier qu’à l’un des grands noms de France ou à l’une des gloires de la République.
    Il finira par céder, mais la pauvre Joséphine ne sera point payée de retour. Caroline se montrera à son égard l’une des plus haineuses de la tribu...
    Au mois d’octobre 1801, Bonaparte expédie son beau-frère Leclerc gouverner – et conquérir – Saint-Domingue et exige que sa soeur Pauline suivît son mari : « Je crois, raconte Laure d’Abrantès, que le général Leclerc se serait bien passé de cette addition à son bagage car c’était une véritable calamité, après qu’on avait épuisé le plaisir de la regarder pendant un quart d’heure, que d’avoir la terrible charge de distraire, d’occuper, de soigner Mme Leclerc... Un jour je la trouvai dans un accès de désespoir et de larmes tout à fait inquiétant pour quelqu’un qui ne l’aurait pas connue comme moi. »
    — Ah ! Laurette, s’exclame Pauline en se jetant dans les bras de son amie, que vous êtes heureuse ! Vous restez à Paris, vous... Mon Dieu, comme je vais m’ennuyer ! Et puis, comment mon frère a-t-il le coeur assez dur, l’âme assez méchante pour m’exiler au milieu des sauvages et des serpents ! Et puis je suis malade. Oh ! je mourrai avant d’arriver...
    Il lui faudra partir et elle n’en mourra point ! Au moment de l’insurrection des Noirs à Saint-Domingue, Pauline montrera même un courage qui fera dire à Bonaparte :
    — Pauline était prédestinée à épouser un Romain, car, de la tête aux pieds, elle est toute Romaine.
    Cependant, à la veille de leur départ, ce n’est

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