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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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premier anniversaire du 18 brumaire – la Saint Cloud, disait Lucien – le frère du Premier consul a perdu sa place de ministre de l’Intérieur. Le prétexte trouvé fut pour le moins injuste. Le 1 er novembre 1800, une brochure avait paru en librairie, intitulée : Parallèle entre César, Cromwell, Monk et Bonaparte. La sortie de ce brûlot avait fait scandale et exaspéré les adversaires de Bonaparte et du pouvoir personnel. Elle avait été rédigée par Fontanes et inspirée par Lucien Bonaparte, qui avait abandonné ses idées jacobines pour ne plus penser qu’à la « succession »de son illustre frère. C’est déjà – dix-huit mois avant le Consulat à vie – le « parti de l’hérédité » qui faisait entrevoir aux Français les malheurs qui les attendraient une nouvelle fois si Bonaparte venait à disparaître sans assurer sa succession... Le Consul n’est ni un César, ni un Cromwell, ni un Monk, souligne le Parallèle, qui ajoute : « Mais si le sort d’un grand homme est sujet à plus de hasards que celui des hommes vulgaires. O nouvelles discordes ! O calamités renaissantes ! Si tout à coup Bonaparte manquait à la patrie, où sont ses héritiers ? Où sont les institutions qui peuvent maintenir ses exemples et perpétuer son génie !...
    Vous pouvez retomber sous la domination des assemblées, sous le joug de Sieyès ou sous celui des Bourbons. À chaque instant, votre tranquillité peut disparaître. Vous dormez sur un abîme, et votre sommeil est tranquille ! Insensés ! »
    Après avoir lu le pamphlet – ou fait semblant de le lire, on verra le pourquoi de cette comédie – Bonaparte avait demandé à Bourrienne ce qu’il en pensait :
    — Je pense, général, que ce pamphlet est de nature à faire le plus grand mal dans l’opinion ; il me semble intempestif, car il révèle prématurément vos projets.
    Fouché, convoqué, eut la même réaction :
    — Général, il n’y a qu’une voix pour dire que cette brochure est extrêmement dangereuse.
    — Eh bien, alors pourquoi l’avez-vous laissée paraître ? C’est une indignité.
    — Général, je devais des ménagements à l’auteur.
    — Des ménagements !... qu’est-ce que cela veut dire ?... Vous deviez le faire mettre au Temple.
    — Mais, général, c’est votre frère Lucien qui a pris ce pamphlet sous sa protection ; l’impression et la publication en ont été faites par son ordre ; enfin, il est sorti du ministère de l’Intérieur.
    — Cela m’est bien égal ! Alors, votre devoir, comme ministre de la Police, était de faire arrêter Lucien et de l’enfermer au Temple. Cet imbécile-là ne sait qu’imaginer pour me compromettre !
    Bonaparte sorti, Fouché s’exclama en souriant :
    — Faire mettre l’auteur au Temple, cela serait difficile !
    « Effrayé de l’effet que produirait le Parallèle entre César, Cromwell et Bonaparte, racontera Fouché, dès que j’en ai eu connaissance, je suis allé tout de suite chez Lucien pour lui faire sentir son imprudence ; alors, au lieu de me répondre, il est allé chercher un manuscrit qu’il m’a montré, et qu’ai-je vu ? Des corrections et des annotations de la main du Premier consul. »
    Lucien se précipita aux Tuileries pour demander des explications.
    — C’est votre faute, s’écria le consul, vous vous êtes laissé attraper, eh bien, tant pis pour vous ! Fouché a été plus fin et plus habile que vous : vous n’êtes qu’une f...e bête auprès de lui.
    Lucien donna sa démission de ministre de l’Intérieur et son frère le nomma ambassadeur à Madrid, ou il s’installa « en gentilhomme de race princière » et en menant un train de chef d’État. La signature de la paix, l’Espagne détachée de l’alliance anglaise, et surtout le climat étouffant – du moins il le prétendait – lui firent demander ses lettres de rappel.
    Grâce aux cadeaux reçus du roi d’Espagne, Lucien s’installe – toujours princièrement – avec sa maîtresse, Mme de Santa-Cruz, à l’hôtel de Brienne, rue Saint-Dominique. Dès son arrivée, Lucien se présente aux Tuileries et estime avoir été fort mal reçu par son frère. Napoléon l’a « goguenardé », selon son expression et « avili » en employant avec lui un ton qui ne convient point au principal artisan du coup d’État.
    — Quand pourrai-je vous voir et où, demande-t-il au Consul. Je ne suis plus votre ministre ! je ne suis, ni ne veux être conseiller d’État ; je n’ai plus

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