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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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maladroit et manquant d’éducation. « On imaginerait difficilement plus de gaucherie qu’il n’en avait dans un salon », racontera Metternich. « Il ne sait ni entrer, ni sortir, constatera de son côté Mme de Rémusat ; il ignore comment on salue, comment on se lève, comment on s’asseoit. Il se promène à droite et à gauche, ne sachant que faire et que dire. » À Grétry, il pose pour la vingtième fois la même question :
    — Comment vous appelez-vous ?
    — Sire, toujours Grétry, soupire le compositeur.
    Mais, parfois aussi il exécute son numéro de charme. Bausset le dira : « Rien n’égalait la grâce et l’amabilité de Napoléon. Doué d’un esprit abondant, d’une intelligence supérieure et d’un tact extraordinaire, c’est dans ces moments d’abandon et de causerie qu’il étonnait et enchantait le plus. »
    En acteur consommé, il jouait de son fameux sourire autant que de son regard d’acier. Le verbe est bref et n’admet aucune velléité de réplique. Ce mélange d’intransigeance et de séduction fascine, inquiète, fait trembler.
    — Lorsque je le voyais passer, dira quelqu’un, mon coeur battait et mon front se couvrait de sueur, quoiqu’il fît très froid.
    Que de contrastes chez lui ! Et de contrastes constants ! Il est l’homme qui dira un jour à Montalivet :
    — Je ne demande pas qu’on m’aime, mais qu’on me serve bien... Je ne suis pas un homme, je suis un personnage historique !
    Ce qui ne l’empêchera pas de pleurer devant Corvisart en évoquant les dérèglements de Pauline, ou d’éclater en sanglots en annonçant à Hortense sa décision de divorcer et en lui disant :
    — Je sacrifie mon bonheur et le vôtre.
    Il épluche très bourgeoisement les factures, fait repasser son célèbre chapeau, en fait changer la « coiffure piquée de soie » lorsqu’elle est usée – le compte du chapelier Poupart et Cie le prouve – et s’informe du prix de ses chaussures auprès de son bottier. Par contre, avec le même naturel, il traitera les rois en égaux et le pape en chapelain. Encore général en chef, il avait dit au diplomate autrichien Cobenzl, lors des pourparlers précédant le traité de Campo-Formio :
    — Tenez, avant de commencer, faites ôter ce fauteuil, car je n’ai jamais vu un siège plus élevé que les autres sans avoir envie aussitôt de m’y placer.
    Metternich fera plus tard à son secrétaire le récit d’une scène qui l’avait fort étonné et qu’il n’avait pas oubliée. Invité à déjeuner lors d’une chasse impériale, il entendit l’Empereur dire à son frère Louis :
    — Roi de Hollande, informez-vous donc pourquoi on ne nous sert pas.
    Louis courut vers les cuisines, et revint essoufflé en annonçant que tout serait bientôt prêt. Quelques minutes plus tard, l’Empereur se tourna vers son beau-frère Murat :
    — Roi de Naples, allez dire que nous attendons le déjeuner, et qu’on se hâte !
    Murat se précipita, lui aussi, rejoignit l’Empereur et lui assura que l’on allait enfin pourvoir se mettre à table. Mais le repas tarda toujours à être servi et Napoléon, de plus en plus impatient, ordonna à son frère Joseph :
    — Roi d’Espagne, commandez que l’on apporte ce qu’il y a, et tout de suite.
    Le troisième roi plus heureux que les autres, revint avec le repas.
    — C’est tout de même un homme extraordinaire, conclura Metternich, celui qui peut s’offrir l’orgueilleux plaisir d’envoyer successivement trois rois à la cuisine pour voir si son déjeuner est à point !
    Napoléon affirmera cependant et il ne se trompait point :
    — Je suis assez bonhomme.
    « J’ai remarqué bien souvent que, lorsque rien ne tracassait l’Empereur, dira Mlle d’Avrillon, femme de chambre de Joséphine, il était très familier avec les personnes de l’intérieur. Il nous parlait avec une sorte de bonhomie, d’abandon, comme s’il eût été notre égal. Mais lorsqu’il nous adressait ainsi la parole, c’était toujours pour nous faire des questions, et pour ne point lui déplaire, il fallait lui répondre sans paraître trop embarrassé. Il nous donnait quelquefois une tape ou nous tirait l’oreille... et nous pouvions juger du degré de sa bonne humeur par le plus ou moins de mal qu’il nous faisait.
    « Un jour où, apparemment, il était plus content que de coutume, il me pinça si fort la joue que la douleur m’arracha un cri, et, comme j’étais grasse, il me resta pendant plusieurs

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