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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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terrestre... Il refuse d’admettre que la disproportion des forces est considérable. Face aux deux cents vaisseaux anglais bien armés, la France ne possède qu’une cinquantaine de bâtiments de ligne à l’armement infiniment moins complet.
    Sur terre, en se battant à un contre quatre, on peut gagner une bataille. En mer c’est moins facile, la puissance du feu prime tout. Il faut aussi compter avec les vents, courants et tempêtes qui ne se plieront pas forcément à la volonté de l’Empereur... Les distances posent également un problème sur lequel Napoléon ne veut pas se pencher. Comment faire parvenir ordres ou contre ordres à un amiral croisant à deux mille kilomètres de Saint-Cloud ?
    Malheureusement pour la marine qu’il aurait pu tirer de sa torpeur, Latouche-Tréville meurt le 19 août 1804 et le plan initial conçu par l’Empereur s’en trouvera modifié. L’amiral de Villeneuve est alors mis à la tête de l’escadre de Toulon et reçoit l’ordre de prendre au passage, à Cadix, les navires espagnols, nouveaux alliés de la France. Devenu chef de l’escadre combinée – l’escadre franco-espagnole –, il lui est recommandé d’entraîner à sa suite Nelson pour rallier... la Martinique, en compagnie de Missiessey, que l’on imagine sorti de Rochefort sans difficulté. Pendant ce temps, l’Empereur pense que Ganteaume pourrait amuser le tapis : autrement dit la flotte anglaise qui monte toujours la garde devant le Goulet.
    Mais que vaut au juste l’escadre que Latouche-Tréville, en mourant, a laissée à Toulon ? « Des vaisseaux, faibles en matelots, dira Villeneuve, encombrés de troupes, ayant des grééments vieux et de mauvaise qualité qui, au moindre vent, cassent leurs mâts et déchirent leurs voiles, qui, quand il fait beau, passent leur temps à réparer les avaries occasionnées par le vent, par la faiblesse et l’inexpérience de leurs marins... » Et il conclura : « L’ennemi nous battra, même avec des forces inférieures d’un tiers. »
    Pour Villeneuve – tactique mise à part – Trafalgar ne sera donc pas un coup imprévu !
    Le chef de l’escadre combinée est un neurasthénique, il a tendance à voir tout en noir, mais, ici, il semble bien en l’occurrence avoir raison. D’autre part, la flotte ibérique, sous les ordres de l’amiral Gravina, n’est guère plus brillante. Les équipages, d’après Beurnonville, notre ambassadeur à Madrid, constituent « la plus épouvantable racaille ».
    Mais nous n’en sommes pas encore là. Pour l’instant – le 18 juillet 1804 –, Napoléon roule vers Boulogne, qu’il atteint le lendemain sans avoir quitté sa dormeuse. Protégé par la ligne d’embossage, le camp de l’armée d’invasion a pris des proportions considérables. Plages, bancs de rochers, falaises, dunes sont truffés de forts, entrepôts, arsenaux, poudrières, batteries de terre, parc d’artillerie, postes d’observation. À Boulogne et dans les localités avoisinantes – Wimereux, Ambleteuse, Ostrohode, Herquilingue, Etaples –, les cantonnements formés de tentes et de baraques, peuvent abriter jusqu’à cent mille hommes.
    Les ports regorgent de flottilles de chaloupes-canonnières armées – destinées à transporter chacune une compagnie d’infanterie – de bateaux plats, de corvettes, de péniches, de chasse-marées, de bombardes, de bricks canonnières de transport portant vingt-quatre canons et prévus pour embarquer deux cents soldats et cinquante chevaux. Soit, en tout, deux mille quatre cents bâtiments qui ont rallié peu à peu Boulogne et Ambleteuse, tout en livrant combat à la croisière anglaise qui veille toujours face à notre ligne d’embossage – et, parfois même, l’attaque. Dans la correspondance inédite qu’il adresse à sa femme, le capitaine Perdigan nous raconte que, massés sur le rivage, les troupes applaudissent le spectacle : « Nos conscrits couraient après les boulets qui tombaient sur le sable et regardaient crever les bombes, comme s’ils eussent vus de simples fusées d’un feu d’artifice... »
    L’harmonie règne, ainsi que nous l’affirme un rapport également inédit : « Le soldat est devenu matelot et le matelot passe l’eau-de-vie au soldat qui lui apprend l’exercice. Des régiments entiers descendent de leurs camps pour aller au travail comme à une partie de plaisir. »
    Aux environs, les guinguettes attirent de nombreuses « demoiselles » qui, le soir, accueillent

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