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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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poste.
    Lorsqu’il monte en voiture, le 8 mai, Désirée est anéantie. Elle lui glisse un médaillon de ses cheveux qu’il place contre son coeur. Puis, sanglotante, elle se jette sur son écritoire et trace ces lignes : « Chaque instant me perce l’âme. Il m’éloigne du plus chéri des amis. Mais tu es toujours présent à mon coeur. Mon imagination croit te voir dans tous les chemins où je passe. Ta pensée me suit partout et me suivra jusqu’au tombeau. Oh ! mon ami, puissent tes serments être aussi sincères que les miens et puisses-tu m’aimer autant que je t’aime. Voici une demi-heure que tu es parti. L’heure de la promenade approche, mais mon ami ne vient pas me chercher. Ah ! que j’ai du regret de t’avoir laissé partir. Cependant, il fallait que vienne le moment, il fallait bien quitter ce bon ami à qui je ne puis dire combien... Il n’y a que l’idée de te savoir toujours fidèle... Il y a une heure que tu es parti ; elle paraît autant de siècles. Recevoir de tes nouvelles et l’assurance que tu m’aimes, voilà ce qui peut me faire supporter une si longue et si pénible absence... »
    Sur le brouillon de sa lettre, qui a été conservé, Désirée a tracé de nombreux B... B... B... B... qui se transforment en Buonaparte... Buonaparte... Buonaparte...
    Au verso de la lettre, elle ajoute :
    « Je ne vois plus la voiture. Chaque instant me perce le coeur puisqu’il m’éloigne de toi... Il m’éloigne de mon ami le plus chéri... de cet ami qui... mais je te suis, je cours la poste avec toi... mon imagination court, te voit dans les chemins où tu passes... »
    La Durance a débordé et c’est assez tard que Napoleone arrive, le 9 mai, en Avignon. Il loge à l’hôtel du Palais ci-devant Royal. Il dîne – avec l’adjudant général Grillon et son adjoint, un certain Hippolyte Charles qu’il retrouvera plus tard... Puis il écrit à Désirée :
    « J’arrive à Avignon bien affligé de l’idée de devoir être si longtemps loin de toi. La route m’a paru bien maussade. L’espérance que ma bonne Eugénie pensera souvent à son bon ami et lui conservera les sentiments affectueux qu’elle lui a promis, peut seule alléger ma peine et rendre ma situation supportable. Je ne recevrai point de tes lettres avant Paris. Cela hâtera ma route le plus possible. Fais en sorte que j’en reçoive au moins dès l’instant que je serai arrivé...
    Adieu ma bonne et tendre amie. Souvenir et amour, par celui qui pour la vie est à toi. » Et il lui rappelle son adresse : « Au général Buonaparte, commandant l’artillerie de l’Armée de l’Ouest, actuellement à Paris, poste restante. »





 
    VI

LE GÉNÉRAL VENDÉMIAIRE
    Ceux qui ne savent pas se servir des circonstances sont des niais.
    N APOLÉON .
    S ES compagnons sont émerveillés : Napoleone parle – et parle d’abondance. Il se trouve debout, appuyé à une console de marbre, entre les deux fenêtres du salon de M. et Mme de Marmont — les parents de son aide de camp qui demeurent au Châtelot, à Châtillon-sur-Seine – et bavarde durant quatre heures avec une voisine de ses hôtes, la jeune Victorine de Chastenay portant le titre de chanoinesse – ce qui lui confère le droit d’être appelée Madame. La première impression n’a pas été bonne : il s’est montré fort taciturne, n’a émis que des monosyllabes, faisant sèchement remarquer à la jeune fille qu’elle s’exprime mal en italien, et a « prescrit » à son frère Louis de calculer le logarithme de 44 ! Mme de Chastenay, la mère de Victorine, a dû intercéder pour obtenir la permission d’envoyer le jeune homme se distraire en visitant la forge de Sainte-Colombe.
    Et voici que, brusquement, ce pion morose et ennuyeux s’anime et entrouvre son coeur. Aussi bien « l’état-major » que la jeune chanoinesse s’étonnent : ce n’est plus un ancien officier du roi ou un général sans-culotte qu’ils ont devant eux, mais un homme se plaçant au-dessus des partis.
    — Veut-on étudier les événements de Lyon, et même ceux de Toulon, déclare-t-il ? Aucune prévoyance, aucun plan dans la résistance lyonnaise. Le courage, l’énergie des plus beaux caractères y ont perdu leur influence par le défaut des conceptions et l’incertitude du but. À Toulon, les négociants avaient commencé par placer sur des vaisseaux une grande part de leurs richesses, prêts eux-mêmes à mettre la voile si la chance tournait contre eux. Ce n’est

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