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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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million de fois. Ton cher ami pour la vie. »
    Au mois de septembre, il retourne chez Mme Tallien. Et c’est là qu’un soir, il fait la connaissance d’une amie de Thérésia : la jolie Rose de Beauharnais, qui sera un jour prochain « l’incomparable Joséphine ». Née Tascher de la Pagerie, originaire des Trois-Ilets, hameau de la Martinique, elle est veuve d’Alexandre de Beauharnais. Son premier et ennuyeux mari, vicomte de sa propre autorité, avait été élu président de l’Assemblée constituante, avant de se faire guillotiner par la machine que – comme tant d’autres apprentis-sorciers – il avait contribué à lancer. Intime de Thérésia, cette jolie créole à la mode avait été enfermée pendant la Terreur et, depuis sa libération, mène une existence assez légère. Elle a frôlé la mort et s’étourdit aujourd’hui, à la fois pour essayer de ne plus penser au cauchemar et pour trouver le protecteur qui l’aidera à vivre. Elle n’a plus l’éclat de ses vingt ans, mais elle est si adroite pour se maquiller qu’elle attire, bien plus aujourd’hui qu’autrefois, le regard des hommes. Elle connaît l’art de marcher, de s’asseoir, de s’étendre en mettant en valeur son corps souple et sa grâce langoureuse de créole, l’art enfin de poser sur ceux qu’elle veut séduire, son regard « irrésistible »... Elle possède au surplus ce « bon ton » de l’Ancien Régime. Mais Buonaparte n’est pas encore conquis, à moins qu’il n’ose point lever les yeux jusqu’à cette pseudo vicomtesse qui est peut-être déjà la maîtresse de Barras. Est-ce à la veille ou au lendemain de Vendémiaire que commença la liaison entre la veuve joyeuse et le roi des pourris ? On ne sait au juste... Elle a été aimée par le général Hoche alors qu’ils étaient tous deux enfermés sous la Terreur dans la prison des Carmes. Mais ces amours de derrière les barreaux semblent déjà bien oubliées... Ouvrard le racontera : Hoche est justement là le soir où Buonaparte prend le ton et les manières d’une cartomancienne et s’empare de la main de Mme Tallien en débitant « mille folies ». Chacun sollicite les services du diseur de bonne aventure. Jalousie ou rivalité : quand vient le tour de Hoche, il paraît « s’opérer un changement dans son humeur. Buonaparte examine attentivement les signes de la main qui lui est présentée, et, « d’un ton solennel, dans lequel perce une intention peu bienveillante », il prédit :
    — Général, vous mourrez dans votre lit.
    Hoche manque se mettre en colère, ses yeux lancent des étincelles, mais une plaisanterie de Joséphine fait « renaître la gaieté ».
    Par ses nouvelles relations, Napoleone espère bien « arriver ». Quand finira sa disgrâce ? Bourrienne le voit d’autant plus frémir d’impatience que son protecteur Pontécoulant quitte le Comité. Il laisse fort heureusement derrière lui une note concernant Buonaparte – une note qui vaudra un jour à son auteur les places de préfet impérial, de sénateur et de commissaire extraordinaire. « Je déclare avec plaisir, avouait Pontécoulant, que je dois à ses conseils la plus grande partie des mesures utiles que j’ai proposées au Comité de l’Armée des Alpes et d’Italie ; je le recommande à mes collègues comme un citoyen qui peut utilement être employé pour la République, soit dans l’artillerie, soit dans toute autre arme, soit même dans la partie des relations extérieures. »
    Aussi, ce même jour, un arrêté sanctionne-t-il le projet déjà ancien de quelques semaines et décide-t-il d’envoyer une mission militaire en Turquie et de la placer sous les ordres du général Buonaparte. Mais les différents bureaux s’ignorent entre eux et un autre décret, émanant celui-ci du service des cadres de l’armée, précise : « Le général de brigade Buonaparte, ci-devant mis en réquisition près du Comité, est rayé de la liste des officiers généraux employés, attendu le refus de se rendre au poste qui lui a été désigné. »
    Le voici destitué ! Et l’arrêté est signé par Cambacérès qui sera un jour second Consul et archichancelier de l’Empire !
    Cependant, le 26 septembre, le projet de départ pour Constantinople prend corps. « Il est question plus que jamais de mon voyage, annonce-t-il à Joseph, cela serait même décidé s’il n’y avait pas tant de fermentation ici. »

    Pour beaucoup la mort de Robespierre marque la fin de la

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