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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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Révolution, puisque le sang des victimes a cessé de couler. On ne va maintenant plus s’abreuver que du sang des meurtriers ! Sans doute les heures qui sonneront durant les années suivantes n’auront-elles plus le même écho de grandeur tragique, mais la Révolution ne s’est pas achevée par le cri horrible poussé par Maximilien lorsque Sanson lui arracha le bandage qui enveloppait sa mâchoire fracassée. C’est la Terreur qui est morte, mais non la République qui va encore avoir à subir ses inévitables maladies d’enfance, dont la dernière – impériale celle-ci – l’emportera.
    Pour terminer la Révolution, pour lui donner son sens, pour parachever son oeuvre, il faudra la dictature, à la fois celle de l’épée, puisque l’Europe se prépare à la curée, et celle du génie, puisque tout est à faire, à créer et à construire. Une dictature d’autant plus indispensable que la France qui s’est réveillée le matin du 9 thermidor est, non seulement chaos, désordre et confusion, mais se trouve gouvernée par une noire cohorte d’hommes « perdus de dettes et de crimes », par d’affreux tripoteurs, par ces thermidoriens que Robespierre avait le droit de regarder avec mépris.
    Sans doute la Convention a-t-elle perdu tout prestige, cependant sa longévité, sa vieillesse encore vigoureuse stupéfient. Elle a tant crié, tant discuté, si tenacement poursuivi son oeuvre d’autodestruction ! Mais l’extraordinaire assemblée n’a-t-elle pas surtout sauvé la France, créé un nouvel univers, travaillé comme jamais ne le fit – et ne le fera jamais – une réunion parlementaire ? Et c’est dans son oeuvre passée qu’elle puise sa force présente pour louvoyer et utiliser tantôt l’extrême droite, tantôt l’extrême gauche qui relèvent alternativement la tête, croyant venue, à tour de rôle, l’heure de la revanche.
    En cette fin du mois de septembre 1795, la fermentation, dont parlait Buonaparte, couve déjà depuis quelque temps. La Convention, qui a sauvé à tant de reprises la France, agonise cette fois. Onze de ses membres se sont mis au travail et, le 5 fructidor – 27 août 1795 – une nouvelle Constitution, celle de l’an III, a été votée. Le Directoire va prendre le pouvoir. Mais les Conventionnels thermidoriens veulent sauver leurs sinécures. Aussi décident-ils que les deux tiers des membres du Conseil des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens seront pris parmi les députés de la Convention. Les sections royalistes, qui espéraient bien voir les régicides survivants disparaître du pouvoir, manifestent contre les décrets des Deux-Tiers. Paris, une fois de plus, ressemble d’autant plus au pont d’un navire au moment du branle-bas, que l’on doit voter pour ou contre la Constitution. Il y a tant d’abstentions – les quatre cinquièmes des inscrits – que le nouveau mode de gouvernement est accepté. Assurément, on le murmure, puis on le crie : les Comités ont falsifié les chiffres.
    L’émeute va mûrir et éclater...
    Déjà, depuis quelques jours, on voit des jeunes gens à cadenettes, coiffés « à la victoire », dont les collets sont aux couleurs du comte d’Artois, courir et s’agiter dans les rues en criant : À bas les deux tiers ! Les Conventionnels se rendent compte, selon leur expression, « que la foudre révolutionnaire s’est éteinte entre leurs mains ». Ils ne s’en déclarent pas moins « en permanence » et confient leur sort au général baron Menou, déjà maréchal de camp sous l’Ancien Régime.
    Et Buonaparte ?
    Le matin du 12, – un matin bien pluvieux –, il est passé chez les Permon. Il a mangé une grappe de raisin et bu une grande tasse de café.
    — J’ai déjeuné fort tard, explique-t-il. On a tant et tant parlé de politique, que je n’en puis plus. Je vais aller aux nouvelles ; si j’apprends quelque chose d’intéressant, je viendrai vous le dire.
    Cette fois les têtes sont vraiment « en mouvement ». La section royaliste des Filles Saint-Thomas – ou Le Pelletier – est réunie en armes, et se montre menaçante. Menou monte à cheval et, au lieu de cerner le quartier, entasse rue Vivienne infanterie et artillerie. Il parlemente, refuse d’agir vigoureusement et se contente de pénétrer dans l’enceinte de l’ex-couvent des Filles Saint-Thomas. Ainsi que le racontera le futur général Thiébault, alors officier d’état-major, « Menou, faible par caractère, ayant des relations avec

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