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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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le parti, une entente peut-être avec les chefs et avec une foule ! de gens qu’il est chargé de combattre, capitule au lieu de commander, laisse au bataillon de la section ses armes sous la promesse de se disperser... » Ce qu’il ne fera évidemment pas.
    La nuit tombe – sinistre. Il fait un temps affreux, mais les abondantes rafales de pluie, le fort vent d’ouest {12} , n’incitent nullement les manifestants à rentrer chez eux. Les tambours des sections révoltées battent sans relâche, appelant aux armes contre la Convention. Menou – seule action énergique – ordonne vers deux heures du matin à Thiébault de prendre une centaine de cavaliers, et de balayer la rue de la Grange-Batelière jusqu’au faubourg Montmartre où les tambours s’en donnent à coeur joie. Ainsi fut fait. Ce n’est qu’un répit. On frappe à toutes les portes, appelant aux armes. Les Conventionnels affolés – « ces terroristes couverts de sang », disent les royalistes – destituent Menou et nomment général en chef de l’armée de l’Intérieur, Barras, qui, le 9 thermidor, a marché sur l’Hôtel de Ville ! contre Robespierre. Barras accepte et annonce aux députés qu’il est prêt à sauver la patrie « de l’attaque des stipendiés de l’aristocratie ». C’est la langue de l’époque et personne n’a envie de rire. D’ailleurs le coeur n’y serait pas !...
    — Je suis à mon poste, assure-t-il, que chacun soit an sien !
    L’ancien sous-lieutenant des troupes coloniales de Louis XVI sachant bien qu’il n’est qu’un général d’occasion sans la moindre expérience, veut s’adjoindre un général – un vrai – et de préférence, un artilleur.
    — Buonaparte ! lance Turreau.
    Fréron – l’ancien don Juan de la Terreur, amoureux lui aussi de Paulette Buonaparte – approuve, et Barras, qui a vu Napoleone à l’oeuvre lors du siège de Toulon, accepte.
    — Va le chercher, dit-il à Fréron.
    Mais Buonaparte est introuvable. S’il faut en croire Barras, Napoleone s’en est allé prendre le vent du côté des royalistes qui n’ont point voulu de lui... Une fois de plus, le vicomte est surpris en flagrant délit de mensonge. Buonaparte ne vient-il pas d’écrire à son frère : « Quelques sections sont agitées ; ce sont quelques aristocrates qui voudraient profiter de l’état d’affaissement où l’on a tenu les patriotes pour les expulser et arborer la contreRévolution ; mais les vrais patriotes, la Convention en masse, les armées, sont là pour défendre la Patrie et la Liberté ».
    Selon d’autres témoins, plus dignes de foi, – et d’après le futur empereur lui-même– Napoleone se trouvait ce soir-là au théâtre Feydeau, où l’on donnait le Bon Fils, – une pièce larmoyante lorsque le bruit courut que les sections royalistes marchaient contre la Convention. Le jeune général s’en fut alors rôder dans les couloirs de l’Assemblée. Puis – il le racontera à Sainte-Hélène – il prit place dans une tribune de la Convention. « C’est alors que dans une discussion, un membre proposa de me donner le commandement. On m’envoya chercher... » On l’amène au Carrousel, quartier général de Barras.
    — Quelle est la destination que vous m’avez réservée dans cette lutte ? lui demande-t-il.
    Le futur directeur aurait répondu :
    — Toutes mes positions sont commandées par les officiers qui sont arrivés les premiers : vous serez l’un de mes aides de camp.
    Si l’on veut serrer de plus près la vérité, il faut rendre la parole à Buonaparte. C’est lui qui a demandé à Menou :
    — Combien de troupes avez-vous ?
    — Cinq mille.
    — C’est bien peu. Et votre artillerie ?
    — Il y a quarante pièces de canon.
    — Où sont-elles ?
    — À la plaine des Sablons.
    Buonaparte appelle un officier de cavalerie. Se présente « un beau jeune homme », c’est Murat qui reçoit l’ordre célèbre :
    — Prenez deux cents chevaux, allez sur-le-champ à la plaine des Sablons, amenez les quarante pièces de canon et le parc. Qu’elles y soient. Sabrez, s’il le faut, mais amenez-les. Vous m’en répondez ! Partez !
    Son activité, « le laconisme et la promptitude au dernier point impératifs », surprennent puis enthousiasment les officiers de la garnison qui regardent stupéfaits s’agiter « ce petit homme » dont « le désordre de sa toilette, racontera Thiébault, ses longs cheveux pendants et la vétusté de ses hardes révélaient encore sa

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