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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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comme il n’a jamais aimé. Il l’avouera à Sainte-Hélène :
    — C’était une vraie femme... Elle avait un je ne sais quoi qui plaisait.
    Et il précise ce je ne sais quoi de bien peu convenable façon :
    — Elle avait le plus joli c... qui fût possible. Il y avait là les Trois-Ilets de la Martinique.
    Car – on s’en doute – elle s’est donnée à lui, un soir de janvier – ce qui lui a coûté bien peu – et elle a été stupéfaite, le lendemain matin, en déchiffrant sa première lettre :
    « 7 heures du matin : Je me réveille plein de toi. Ton portrait et le souvenir de l’enivrante soirée d’hier n’ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur ! Vous fâchez-vous ! Vous vois-je triste ! Êtes-vous inquiète ? Mon âme est brisée de douleur, et il n’est point de repos pour votre ami... Mais, en est-il donc davantage pour moi, lorsque me livrant au sentiment profond qui me maîtrise, je puise sur vos lèvres, sur votre coeur, une flamme qui me brûle. Ah ! c’est cette nuit que je me suis bien aperçu que votre portrait n’est pas vous ! Tu pars à midi, je te verrai dans trois heures. En attendant, mio dolce amor, reçois un millier de baisé : mais ne m’en donne pas, car il brûle mon sang. »
    Le voici ensorcelé.
    Hortense – car Joséphine a également une fille âgée d’un peu plus de douze ans – fait la connaissance du nouvel amant de sa mère. Elle avait été invitée chez Barras et placée entre Mme de Beauharnais et Buonaparte qui, « pour lui parler, raconter a-t-elle, s’avançait toujours avec tant de vivacité et de persévérance qu’il me fatiguait et me forçait de me reculer. Je considérai ainsi, malgré moi, sa figure qui était belle, fort expressive, mais d’une pâleur remarquable. Il parlait avec feu et paraissait uniquement occupé de ma mère. »
    Comment Napoleone va-t-il maintenant se défaire de sa petite fiancée marseillaise ? Sans élégance, il lui écrit que si elle n’obtient pas le consentement de sa mère et de son frère Nicolas pour la célébration immédiate de leur mariage, il est préférable « de rompre toute liaison avec lui ». Désirée est anéantie :
    « Par où commencer ai-je, écrit-elle, pour vous peindre l’affreuse situation dans laquelle votre lettre m’a plongée ? Mais quelle était votre intention ? Était-ce de m’accabler ? Ah ! vous n’avez que trop réussi. Oui, cruel, vous m’avez réduite au désespoir. Ce mot « de rompre toute liaison » me fait frémir. Je croyais avoir trouvé en vous un ami que j’aurais aimé pour la vie. Pas du tout, il faut que je cesse de vous aimer ; car mon imagination ne trouve aucun expédient pour faire consentir à notre union. Jamais je ne pourrai me décider de parler à mes parents... »
    Pourquoi ?
    C’est là l’attitude d’une jeune fille du XVIII e siècle, de cette époque où l’on ne se mariait point mais où l’on vous mariait. C’était à Napoleone à faire une démarche. En demandant à sa « fiancée » de parler elle-même à ses parents, il ne pouvait s’attirer une autre réponse. C’est d’ailleurs tout ce que l’amant de Joséphine désirait, puisqu’il s’apprêtait à suivre les conseils de ses « amis de Paris ».
    — Il paraît, lui dit Barras, que tu as pris la Beauharnais pour l’un des soldats du 13 Vendémiaire, que tu devais comprendre dans la distribution. Tu aurais mieux fait d’envoyer cet argent à ta famille qui en a besoin, et à laquelle je viens encore de faire passer des secours.
    S’il faut en croire Barras, Buonaparte aurait rougi comme un écolier, puis s’était défendu :
    — Je n’ai point fait de cadeaux à ma maîtresse. Je n’ai point voulu séduire une vierge. Je suis de ceux qui aiment mieux trouver l’amour tout fait que l’amour à faire... Eh bien, dans quelque état que soit Mme de Beauharnais, si c’était bien sérieusement que je fusse en relations avec elle, si ces présents que vous me reprochez d’avoir faits, c’étaient des présents de noces, citoyen directeur, qu’auriez-vous à redire ?
    — Est-ce bien sérieux ce que tu viens de m’avancer ?
    — D’abord Mme de Beauharnais est riche !
    Et Barras de répondre :
    — Ma foi, puisque tu me consultes ici sérieusement, je te répondrai par tes propres paroles : pourquoi pas ? Tu es isolé, tu ne tiens à rien. Ton frère Joseph t’a montré la route du

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