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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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mille restants, en denrées, marchandises, chevaux, boeufs... – Le Pape sera tenu de donner le passage aux troupes de la République... »
    Le Directoire est enchanté. L’invasion fiscale – l’expression est d’Albert Sorel – marche à souhait. « Ne laissez rien en Italie », recommande-t-on au conquérant. Les Italiens doivent payer cher leur liberté ! Ce n’est plus une guerre, mais une razzia !
    La semaine suivante, à Florence, Bonaparte – seizième descendant du gibelin Guillaume Buonaparte chassé de Florence en 1267 – fait la connaissance du grand-duc Ferdinand, oncle d’une petite fille nommée Marie-Louise... Inconnu quelques mois auparavant, le voici reçu à l’égal d’un souverain. Le grand duc de Toscane envoie au Palazzo, via Porta Pinti, où est descendu le général français, une compagnie d’infanterie avec drapeau. Il le reçoit à dîner. Dans les rues, les Florentins admiratifs – mais en silence – regardent passer l’homme « célèbre déjà par tant d’exploits prodigieux ».
    Et Joséphine ?
    Quelques jours auparavant, il lui avait encore écrit : « Depuis un mois, je n’ai reçu de ma bonne amie que deux billets de trois lignes chacun... Bon Dieu, dis-moi, toi qui sais si bien faire aimer les autres sans aimer, saurais-tu comment on guérit de l’amour ? Je paierais ce remède bien cher. Tu devais partir le 5 prairial ; bête que j’étais, je t’attendais le 13. Comme si une jolie femme pouvait abandonner ses habitudes, ses amis, sa Madame Tallien, et un dîner chez Barras, et une représentation d’une pièce nouvelle, et Fortuné, oui, Fortuné {14} ! Tu n’aimes plus du tout ton mari ; tu n’as pour lui qu’un peu d’estime et une portion de cette bienveillance dont le coeur abonde. Tous les jours, récapitulant tes torts, je me bats les flancs pour ne plus t’aimer, bah ! Voilà-t-il pas que je t’aime davantage... Je vais te dire mon secret : moque-toi de moi, reste à Paris, aie des amants, que tout le monde le sache, n’écris jamais, eh bien ! je t’en aimerai dix fois davantage. Si ce n’est pas là folie, fièvre, délire ? Et je ne guérirai pas de cela (oh ! si pardieu j’en guérirai) mais ne va pas me dire que tu es malade, n’entreprends pas de te justifier. Bon Dieu ! Tu es pardonnée, je t’aime à la folie, et jamais mon pauvre coeur ne cessera de donner son amour... »
    Il a deviné que sa grossesse n’était qu’une fable et il souffre affreusement : « Joséphine, où te remettra-t-on cette lettre ? écrit-il le 11 juin. Si c’est à Paris, mon malheur est donc certain, tu ne m’aimes plus ! Je n’ai plus qu’à mourir !... Tant d’amour promis ne peut pas être évanoui en deux mois. » C’est assurément la capitale et ses blondins qui sont la cause de sa froideur ! Le tourbillon des plaisirs a tout emporté et il écrit : « Je déteste Paris, les femmes et l’amour... »
    Le même jour, il apprend que Joséphine n’a pas encore quitté Paris et il se jette de nouveau sur son écritoire : « Tu m’as aimé par un léger caprice ; tu sens déjà combien il serait ridicule qu’il arrête ton coeur. »
    Se doute-t-il de la présence du beau hussard à ses côtés ?
    « Il paraît que tu as fait ton choix et que tu sais à qui t’adresser pour me remplacer... Quant à toi, que mon souvenir ne te soit pas odieux. Mon malheur est de t’avoir peu connue. Le tien est de m’avoir jugé comme les hommes qui t’environnent. »
    Et il termine :
    « Cruelle ! ! ! Pourquoi m’avoir fait espérer un sentiment que tu n’éprouvais pas ! ! ! Mais le reproche n’est pas digne de moi. Je n’ai jamais cru au bonheur. Tous les jours la mort voltige autour de moi... La vie vaut-elle la peine de faire tant de bruit ! ! ! Adieu, Joséphine, reste à Paris, ne m’écris plus et respecte au moins mon asile. Mille poignards déchirent mon coeur, ne les enfonce pas davantage. Adieu mon bonheur, ma vie, tout ce qui existait pour moi sur la terre. »
    Le 14 juin, apprenant qu’elle se déclare de nouveau malade, il trace encore ces lignes : « Murat veut me convaincre que ta maladie est légère ; mais tu ne m’écris pas ; il y a un mois que je n’ai reçu de tes lettres. Tu es tendre, sensible, et tu m’aimes. Tu luttes entre la maladie et les médecins... Si ta maladie continue, obtiens-moi une permission de venir te voir une heure. Dans cinq jours, je suis à Paris, et le douzième, à mon armée. Sans toi, je suis sans

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