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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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octobre, les négociations paraissent « à peu près rompues » et Napoléon prévoit la reprise de la guerre avant douze jours. Puisque la vieille diplomatie autrichienne ne parvient point à se mettre à la nouvelle mode, la parole sera donnée au canon ! Le 9 octobre, Bonaparte menace les Autrichiens de mettre le cap sur Vienne et leur laisse deviner qu’il a reçu l’ordre du Directoire de marcher sur la capitale de l’Empire. C’est exact... mais Napoléon ne leur répète pas qu’il a répondu à Talleyrand : « Je vous avoue que je ferai tout pour avoir la paix, vu la saison très avancée et le peu d’espérance de faire de grandes choses. » Au cours de la discussion, Napoléon accroche par mégarde un cabaret de porcelaine et – toujours la légende – il affirmera ensuite l’avoir fait exprès :
    — C’est ainsi que je vous briserai ! menace-t-il.
    « Il s’est comporté comme un fou », rapporte Cobenzl horrifié et encore tout tremblant, à Vienne. La perte du cabaret est d’autant plus sensible au diplomate qu’il s’agit là d’un souvenir que la Grande Catherine lui avait offert. Pour obtenir la faveur de la souveraine, Cobenzl n’avait même pas hésité à jouer la comédie au théâtre de la cour. Être ambassadeur n’est pas toujours une sinécure... Cependant Cobenzl aurait certes préféré à nouveau monter sur les planches plutôt que d’écouter Bonaparte. Comment discuter avec un tel homme ? Cette fois, il n’est même plus question de parler avec pudeur – et imprécision – des « frontières constitutionnelles » de la France. Le général en chef exige maintenant « toute la rive gauche du Rhin ». Et comme le malheureux Cobenzl, ne sachant plus quel argument invoquer, lui déclare que l’empereur d’Autriche ne peut agir au nom de l’empire d’Allemagne, Napoléon lance la phrase célèbre :
    — L’Empire est une vieille servante habituée à être violée par tout le monde !
    Son souffle revenu, Cobenzl reprend :
    — Au moins, en échange de cette rive gauche, l’Autriche ne pourrait-elle pas avoir Venise ?
    La discussion tourne à l’aigre. On se menace des deux côtés.
    — Vous oubliez que vous négociez ici au milieu de mes grenadiers ! s’exclame Bonaparte.
    Tandis que Cobenzl, qui a retrouvé son calme, répond :
    — L’Empereur désire la paix, mais ne craint pas la guerre. Quant à moi, j’aurai la satisfaction d’avoir fait la connaissance d’un homme aussi célèbre qu’intéressant.
    Le matin du 13 octobre 1797, en venant réveiller Bonaparte, Bourrienne lui annonce que les montagnes se sont couvertes de neige pendant la nuit. Napoléon ne veut pas le croire. Il se lève d’un bond, court vers la fenêtre et doit se rendre à l’évidence :
    — Avant la mi-octobre ! Quel pays ! Allons, il faut faire la paix...
    Marcher sur Vienne est devenu impossible.
    — Comment résister à toutes les forces autrichiennes qui se porteront au secours de Vienne ? ajoute-t-il. Il faut plus d’un mois pour que les armées du Rhin me secondent, et dans quinze jours les neiges encombreront les routes et les passages. C’est fini, je fais la paix. Venise paiera les frais de la guerre et la limite du Rhin. Le Directoire et les avocats diront ce qu’ils voudront.
    On donnera finalement Venise, l’Istrie et la Dalmatie à l’Empereur ; la République cisalpine s’étendra jusqu’à l’Adige, Mantoue et Peschiera, tandis que la France occupera Mayence et aura le Rhin comme frontière. Le vieil adage est accompli :
    Quand la France boira le Rhin,
Toute la Gaule aura sa fin.
    En somme, Cobenzl avait obtenu Venise, ce qui était pour lui le principal ! Il n’en maugréa pas moins :
    — Il m’a paru qu’il serait cruel que le carnage recommençât, uniquement parce qu’un Bonaparte s’était enivré...
    « Je ne doute pas, expliquera avec sagesse Napoléon à Talleyrand, que la critique ne s’attache vivement à déprécier le traité que je viens de signer. Tous ceux, cependant, qui connaissent l’Europe et qui ont le tact des affaires, seront bien convaincus qu’il était impossible d’arriver à un meilleur traité, sans commencer par se battre, et sans conquérir encore deux ou trois provinces de la Maison d’Autriche. Cela était-il possible ? Oui ! Probable ?... Non !... Le moment actuel nous offre un beau jeu. Concentrons toute notre activité du côté de la marine, et détruisons l’Angleterre. Cela fait, l’Europe est à nos

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