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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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s’il le fallait, pour maintenir la constitution, défendre la liberté, protéger le gouvernement et les républicains... Les royalistes, dès qu’ils se montreront, auront vécu !
    Le 18 juillet, la situation se gâte, le Directoire claque des dents et se décide à appeler Bonaparte au secours. Mais le futur empereur refuse ; il ne tient nullement à venir ternir sa gloire toute neuve dans des dégradants combats de rues. Il n’est plus le général Vendémiaire, mais le proconsul de la République en Italie !
    L’arrivée de feuilles royalistes crée, parmi les vainqueurs de l’armée d’Italie, une agitation qui permet à Bonaparte d’écrire à nouveau au Directoire, en poussant au noir les réactions de ses soldats. Selon lui, « l’indignation est à son comble ». Sachant manier avec adresse la langue violente et colorée de l’époque, il poursuit, décrivant l’angoisse qui étreint ses hommes : « Le soldat demande à grands cris si, pour prix de ses fatigues et de six ans de guerre, il doit être, à son retour dans ses foyers, assassiné comme sont menacés de l’être tous les patriotes. » Puis il ose déclarer aux « citoyens Directeurs » qu’il lui paraît « imminent » de les voir prendre un parti. Ce n’est pas l’ambition qui le pousse : « Je suis accoutumé à une abdication totale de mes intérêts ; cependant, je ne puis pas être insensible aux outrages, aux calomnies que quatre-vingts journaux répandent tous les jours et à toute occasion... Je vois que le club de Clichy veut marcher sur mon cadavre pour arriver à la destruction de la République. N’est-il donc plus en France de Républicains ? Et, après avoir vaincu l’Europe, serons-nous donc réduits à chercher quelque angle de la terre pour y terminer nos tristes jours ? Vous pouvez d’un seul coup sauver la République... Faites arrêter les émigrés, détruisez l’influence des étrangers. Si vous avez besoin de force, appelez les armées... »
    Une nouvelle fois – afin de prouver son absence d’ambition – il offre de rentrer dans la vie privée... c’est-à-dire la vie politique : « Quant à moi, Citoyens Directeurs, il est impossible que je puisse vivre au milieu des affections les plus opposées, s’il n’y a point de remède pour faire finir les maux de la patrie, pour mettre un terme aux assassinats et à l’influence
de Louis XVIII, je demande ma démission. »
    On la lui refusera, bien sûr...
    À la faveur de l’insurrection, sans doute aurait-il pu devenir l’un des cinq Directeurs, persuadé, avec raison, « qu’il le serait bientôt seul ». L’Histoire eût été privée de l’expédition d’Égypte et Bonaparte aurait pu ceindre plus tôt la couronne impériale. Mais Napoléon n’avait pas l’âge requis pour devenir Directeur. La constitution de l’an III pourrait-elle être violée en sa faveur ? Il hésita... alors que cette constitution devait en voir bien d’autres ! Par ailleurs, l’un des cinq rois du Directoire accepterait-il de lui laisser sa place ? N’était-ce pas faire entrer le loup dans la bergerie ? Si tant est que ce gouvernement de pourris puisse être comparé à une innocente bergerie – l’étable fournissait une meilleure comparaison...
    Mais les citoyens Directeurs font passer cette appréhension au second plan. Ils craignent pour leur vie. Les royalistes relèvent de plus en plus la tête. La flambée de fructidor va-t-elle brûler le régime ? Bonaparte, ils le lui demandent une nouvelle fois, veut-il se décider à venir mettre le holà ?
    — Bonaparte n’arrivera que pour nous venger, soupire Barras, il nous trouvera pendus !
    Le 7 août, ce n’est pas Bonaparte qui débarque à Paris, mais Augereau, le fils de maçon, est aussi brave que brutal. Envoyé d’Italie par son chef, il déclarera paisiblement en mettant pied à terre :
    — Je suis venu pour tuer les royalistes.
    — Quel fier brigand ! s’exclame alors Reubell, tranquillisé par la stature de ce colosse.
    Augereau trempe sa plume dans l’encre du temps pour apaiser les craintes de son chef : « Notre pureté et notre courage sauveront la République du précipice affreux où l’ont plongée les agents du trône et de l’autel. »
    Quelque temps plus tard, les 3 et 4 septembre – autrement dit les 17 et 18 fructidor – le coup de barre à gauche réussit parfaitement. On condamne à mort, on fusille, on envoie au bagne conspirateurs et députés ennemis du régime. La rue

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