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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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et, nous révèle encore Bourrienne, « pour se faire supplier de conserver le commandement ».
    « Il est constant – écrit Bonaparte – d’après tous ces faits, que le Gouvernement en agit envers moi à peu près comme envers Pichegru après Vendémiaire. Je vous prie, Citoyens Directeurs, de me remplacer et de m’accorder ma démission. Aucune puissance sur la terre ne sera capable de me faire continuer à servir après cette marque horrible de l’ingratitude du Gouvernement, à laquelle j’étais bien loin de m’attendre. Ma santé, considérablement altérée, demande impérieusement du repos et de la tranquillité. La situation de mon âme a aussi besoin de se retremper dans la masse des citoyens. Depuis trop longtemps un grand pouvoir est confié à mes mains. Je m’en suis servi, dans toutes les circonstances, pour le bien de la patrie, tant pis pour ceux qui ne croient point à la vertu et pourraient avoir suspecté la mienne ! Ma récompense est dans ma conscience et dans l’opinion de la postérité... » Trois jours plus tard, il récidive, précisant que « les arrangements » qu’il prenait à Udine seraient « le dernier service » qu’il estimait pouvoir rendre à la patrie : « Je me trouve sérieusement affecté de me voir obligé de m’arrêter dans un moment où, peut-être, il n’y a plus que des fruits à cueillir ; mais la loi de la nécessité maîtrise l’inclination, la volonté et la raison. Je puis à peine monter à cheval, j’ai besoin de deux ans de repos. »
    Le Gouvernement se contente de déclarer : « Le Directoire croit à la vertu du général Bonaparte » – ce qui ne répond peut-être pas à la lettre du général en chef, mais n’en accorde pas moins, implicitement, au négociateur de Campo-Formio, la carte blanche demandée.
    Bonaparte n’a d’ailleurs pas attendu ce blanc-seing pour poursuivre sa tâche,, cette tâche rendue d’autant plus difficile que Cobenz – le 26 septembre – est maintenant venu rejoindre la délégation en compagnie du général Merveldt. La première entrevue se passe fort mal. Laid et gros, – Napoléon le baptisera l’ Ours du Nord – Coblenzl paraît à Bonaparte – il le confie à Talleyrand – « pas très accoutumé à discuter, mais bien à vouloir toujours avoir raison ». « Ces gens-là, précise-t-il, ont de grandes prétentions. » Aussi, sans plus tarder, Napoléon recommande-t-il au Directoire de se tenir éventuellement prêt à agir sur le Rhin.
    Les « compensations » demandées par l’empereur François consistent à obtenir le territoire de Venise jusqu’à l’Adige. « Il paraît, annonce Bonaparte, que l’Autriche accorderait à la France Mayence : Je dis il paraît, précise-t-il, parce qu’en réalité, notre conversation avec M. le comte de Coblenzl n’a été, de son côté, qu’une extravagance. C’est tout au plus s’ils veulent bien nous faire la grâce de nous donner la Belgique ! Je vous fais grâce de ma réponse là-dessus, comme notre discussion, qui vous ferait connaître ce que ces gens-ci appellent diplomatie. »
    Ce même soir, au cours de la réunion suivante, Bonaparte et Cobenzl ont une conversation longue de près de cinq heures. Raidissant sa position, Napoléon lui déclare qu’il ne peut consentir « sous aucun prétexte et dans aucune circonstance », à ce que l’Empereur devienne maître de Venise. Le diplomate qui croyait la chose acquise a un sursaut de véritable frayeur et, après un long silence, ses aplombs retrouvés, il demande d’une voix blanche :
    — Si vous faites toujours cela, comment voulez-vous qu’on puisse négocier ?
    Mais le général en chef – il le répète – préférerait envisager « jusqu’à la rupture plutôt que de leur bonifier Venise ». Maintenant, il menace :
    — La République française ne se départira jamais des lois décrétées par elle ; avec les moyens qu’elle a, elle peut en deux ans faire la conquête de toute l’Europe.
    En voyant Cobenzl justement effrayé, il tempère sa pensée :
    — Je ne dis pas que ce soit l’intention de la République française, mais nous ne ferons pas la paix sans Mayence, et nous ne rendrons pas les forteresses d’Italie sans Mayence !
    — Et moi, je ne signerai pas la paix sans la stipulation de la prompte évacuation de toutes les provinces qui doivent nous appartenir.
    — De cette manière, conclut Bonaparte, votre séjour à Udine ne sera pas de longue durée...
    Le 6

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