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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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espérer qu’il n’arrive jamais. Je ne vois aucun moyen d’empêcher les ravisseurs de l’impératrice de s’enfuir dans la plaine d’Alep, et de là vers l’endroit où ils désireront se retirer.
    Blymmédès croisa les bras, leva les yeux vers le kastron menaçant, et secoua la tête. Haraldr étudia les murailles. À l’arrière du kastron, les créneaux étaient surmontés par une face rocheuse presque verticale qui tombait de deux cents coudées.
    — Quelle est la largeur de ces murailles au sommet ? demanda-t-il.
    — Trois hommes peuvent y marcher de front, répondit Blymmédès.
    — Donc, malgré le nombre considérable de ces Seldjouks à l’intérieur, si je pouvais avoir accès à l’un de ces murs, je n’aurais qu’à me soucier de trois hommes. Trois hommes à la fois, je veux dire.
    — Exact, répondit Blymmédès, mais comment pourrez-vous monter sur les murs, et à quoi aboutiriez-vous de là-haut, puisque vous ne survivriez jamais à une descente dans la ville ?
    — Mon camarade, dit Haraldr avec une ardeur renouvelée, le Seldjouk à la tête de cette armée me fait l’effet d’un chef audacieux et ambitieux qui peut compter sur la loyauté fanatique de ses hommes ; sinon, pourquoi l’auraient-ils suivi dans cette escapade téméraire ? Sur le haut de ces murs, mon objectif sera de rencontrer ce noble guerrier face à face. Mais pour que je puisse obtenir une entrevue, il faudra que vous m’aidiez en lançant une manœuvre de diversion.
    * *
*
    Les tambours rompirent le silence de l’aube. Le kastron formait une silhouette massive qui se détachait sur les premiers feux du soleil caché encore par le sommet. Cinq vandas de la cavalerie légère des Excubitores impériaux et quatre cents Varègues s’avancèrent en formation exemplaire, jusqu’à une portée de flèche des murailles. Le mandator des Excubitores impériaux, avec le domestique Nicon Blymmédès à ses côtés, cria officiellement à la ville emmurée de se rendre à Sa Majesté Michael, empereur, basileus et autocrate des Romains. Pendant plusieurs minutes, on n’entendit que les hennissements des chevaux dans les rangs romains et les cris assourdis des coqs à l’intérieur de la citadelle.
    Le hurlement commença dans les murs. Pendant une très longue minute, le son s’éleva au-dessus du kastron, les rochers alentour l’amplifièrent, puis il retomba enfin sur les forces romaines comme un vent sec et mordant à vous briser les nerfs. Aussitôt, le cri remonta vers le ciel et devint pur et clair : un hurlement humain de terreur. Le corps vola en plein ciel, et ses quatres membres s’agitèrent avec frénésie. Pendant un instant, il parut sur le point de s’envoler. Puis il plongea. Le hurlement devint plus grave et s’acheva comme le bruit d’un sac de sable mouillé s’écrasant sur un mur de bois. Nu et les membres disjoints, pareil à un pitoyable oiseau plumé, le corps cessa de bouger sur les rochers, au pied de la formation romaine. La tête était à angle droit avec la colonne vertébrale. Blymmédès s’avança et la souleva doucement. Haraldr ne reconnut pas l’homme au début, parce qu’on lui avait fendu le front et tiré la peau comme pour dépouiller un lapin. Puis il vit les yeux, la terreur encore intacte. C’était Léo, l’eunuque de l’impératrice.
    Blymmédès se tourna face à la citadelle. Une silhouette s’encadrait entre deux créneaux, juste au-dessus de l’énorme porte de bois. La soie blanche du Seldjouk semblait auréolée de soleil. Il cria d’une voix puissante qui rebondit de rocher en rocher. Le mandator traduisit.
    — Il s’appelle Kilij. C’est le chef de ces Seldjouks. Il vous demande de vous retirer, sinon il essaiera de voir si la femme peut voler mieux que son eunuque.
    Blymmédès et Haraldr feignirent de discuter l’ultimatum de Kilij avec des gestes animés, comme on devait s’y attendre de commandants avant une retraite lâche. Au bout de quelques minutes, Haraldr s’écarta à grands pas, visiblement furieux. Blymmédès donna l’ordre de la retraite. Quelques minutes plus tard, la cavalerie et les Varègues s’éloignaient sur l’étroite route poussiéreuse. Haraldr entendit les cris de joie des Seldjouks sur les murs, et son estomac se noua.
    * *
*
    Grettir plissa les yeux. Le soleil formait maintenant un globe d’or juste au-dessus de la muraille du kastron vers l’est. Il se préparait à se libérer des ombres pour

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