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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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flotter dans le ciel. Le brouillard s’était réduit à des filets pourpres dans les ravins nombreux. Grettir s’avança fièrement, plein de reconnaissance. Odin avait épargné son chef, Haraldr Sigur… – non, Nordbrikt, puisqu’il le voulait ainsi – , et offert à Grettir cette chance d’expier sa stupide trahison. Haraldr le massacreur de Sarrasins avait demandé aux Varègues de choisir le plus amusant d’entre eux, et Grettir avait été désigné de façon presque unanime. Ma foi, c’était la vérité : un scalde contraint à éplucher des oignons pendant six mois devait soit devenir un boute-en-train, soit se noyer dans ses propres larmes. Et puis, comme son chef le lui avait dit, sa bonne humeur vaudrait aujourd’hui mille épées. Jugeant qu’il se trouvait juste hors de portée des flèches, Grettir plaça son grand chapeau de travers et monta sur sa scène, un petit terre-plein presque horizontal qu’éclairait un soleil de feu. « Ce matin, je vais montrer une chose ou deux à Loki l’espiègle », se dit Grettir en espérant calmer ses mains qui tremblaient.
    Haraldr attendait au pied du rocher vertical, derrière les murailles de l’est du kastron. Dès qu’il entendit la voix d’homme qui imitait le cri du coq, il se tourna vers Halldor.
    — Bien. Grettir a commencé.
    Il leva les yeux vers la cime du rocher, à deux cents coudées au-dessus de lui. Les échelles de corde pendaient comme des tresses sous le soleil éblouissant. Haraldr donna une claque sur l’épaule de Joli Stefnirson et de son frère Hord, puis fit un clin d’œil à Ulfr.
    — Je t’ai toujours dit que n’importe quel homme de Geiranger grimpe comme une chèvre. Mais Joli et Hord peuvent voler. Ce sont des aigles de Norvège, et aujourd’hui ils nous apporteront de la viande seldjouke.
    Ensuite, il vérifia les préparatifs de l’unique fantassin romain qui les accompagnait avec l’appareil que le domestique avait appelé siphon. C’était un long tube de bronze fixé à une vessie de cuir que l’homme portait sur le dos. Il tenait le tube creux à la main, et avait un soufflet de bois et de cuir attaché sous son bras gauche. À sa ceinture pendaient des espèces de mèches enduites d’une substance incendiaire.
    — Laissons à Grettir le temps de captiver son public, dit Haraldr aux Varègues impatients.
    Tandis que Grettir faisait ses pirouettes, des dizaines de flèches se plantèrent dans le sol à quelques pas devant lui. Il ôta son chapeau et salua avec une déférence feinte. Les Seldjouks, d’abord incrédules devant l’assaut étrange de cet unique infidèle manifestement écervelé, entrèrent dans le jeu et envoyèrent des flèches chaque fois que Grettir faisait mine d’avancer. Bientôt le chemin de ronde s’emplit de Seldjouks hurlant de rire.
    Au pied de la falaise, Haraldr entendait clairement la cacophonie. Il saisit l’échelle de corde et monta le premier, suivi par Halldor, Ulfr, le lanceur de feu grégeois, puis une procession de cent hommes triés sur le volet au total. Il monta rapidement en répétant les phrases que le mandator lui avait enseignées, et en réfléchissant à l’étrange hilarité qui accompagnait leur sinistre ascension. Il atteignit bientôt le rebord déchiqueté du rocher, au sommet ; il s’agrippa à la pierre et se hissa facilement par-dessus l’obstacle naturel.
    La lance le manqua de peu et il entendit Halldor gémir. Haraldr fit passer son bouclier devant lui et se retourna. Halldor ne se tenait plus que d’une main, son visage était inondé de sang. Le bouclier reçut un choc, et Haraldr fit face. Son épée lança le Seldjouk en l’air ; il plongea dans la gorge, entre le rocher et la muraille. Haraldr s’accroupit sur le rebord. À travers les créneaux, il pouvait voir l’intérieur de l’enceinte. Comme si le kastron était une boîte renversée d’un côté, tous les hommes de la ville s’étaient regroupés pêle-mêle sur le mur de l’ouest ou au-dessous, en attendant une occasion de voir le spectacle de Grettir. Apparemment, une seule sentinelle était restée sur le mur de l’est. Haraldr étudia le chemin qu’il comptait prendre tandis que les autres commençaient à se rassembler à ses côtés. Le visage de Halldor portait une longue estafilade.
    — Tu peux continuer ? demanda Haraldr.
    — Ils ne m’ont pas coupé les jambes, lança Halldor.
    Haraldr se laissa tomber sur le chemin de ronde de briques

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