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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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l’empereur faiblement, son accord étouffé par les paroles tonnantes des saints hommes.
    Nicétas Gabras souleva le couvercle de la boîte d’or et examina le sceau du parchemin roulé à l’intérieur. – Non, dit-il.
    Il ouvrit la deuxième boîte, celle d’argent décorée d’une scène de chasse (à ce qu’il sembla à Haraldr, assis derrière le bureau).
    — Non, décida Gabras d’un ton encore plus sec.
    La dernière boîte était d’émail bleu avec un motif de fleurs rouges.
    — Non !
    Eustratios, le nouveau chambellan de Haraldr, se tourna vers son maître. Il souleva presque imperceptiblement le plateau d’argent sur lequel se trouvaient les trois boîtes, et s’inclina légèrement. Haraldr regarda Gabras et haussa un sourcil. Gabras passa le bout de sa langue très vite sur le bout de ses lèvres, puis tira d’un geste réflexe sur chacune des longues manches de soie bordées d’argent de sa tunique, comme s’il n’était pas certain que le vêtement tombe parfaitement.
    — Un eidikos , répondit Gabras d’un ton sans réplique. Un actuarios , rang de protostator . Et l’autre, un vestitor. Aucun de ces hommes n’est important. Je conseille de renvoyer à plus tard leur requête urgente d’entretien avec le manglavite Haraldr Nordbrikt.
    D’un signe à Grégori, Haraldr indiqua qu’il avait compris le grec. Puis il inclina la tête en direction de Gabras qui lança un regard au chambellan Eustratios. L’eunuque se retourna et se dirigea vers la porte de sa démarche curieuse, chaloupée. Haraldr loua Odin et Christ pour les distractions sans fin de sa nouvelle position, pour son nouveau personnel et pour sa renommée. Il se concentra sur l’avalanche de titres et de dignités du système romain : eidikos, actuarios, vestitor… Eidikos, actuarios, vestitor… Les mots résonnaient dans sa tête comme une comptine absurde qui brouilla pendant un instant la seule pensée qu’il ait eue pendant dix jours : Maria.
    Elle s’était jouée de lui, bien entendu, et dans un but si odieux que le souvenir de ses paroles le glaçait encore jusqu’aux os : trancher la tête de l’Aigle impérial…
    Il avait fui le lit de Maria cette nuit-là comme un homme tente d’échapper à un démon dans un rêve, espérant que tout ce qui s’était passé n’avait été qu’une vision. Il n’avait revu ni Maria ni l’impératrice depuis qu’elles avaient essayé de faire de lui l’agent de leur trahison dix jours auparavant. Sur la route, le protocole l’avait protégé ; et depuis l’arrivée de l’immense caravane de l’impératrice à Constantinople, aucune des deux femmes n’avait quitté le Gynécée impérial. Mais quelle folie l’avait retenu d’aller voir Joannès dès son retour ? L’intention des deux Walkyries était assez claire : la tête de l’Aigle impérial était l’empereur, et combien de fois Haraldr avait-il entendu suggérer que cette impératrice avait déjà assassiné un époux ? Le bruit ne courait-il pas que son nouvel époux la négligeait ? Et pourtant, Haraldr ne pouvait se résoudre à accuser l’impératrice de cette conspiration, et encore moins à condamner Maria à l’inévitable « interrogatoire » au Néorion. De toute manière, le complot avait sûrement été découvert – pour quelle autre raison l’empereur se serait-il absenté au retour de son épouse ? Pour quelle autre raison les deux femmes seraient-elles maintenues pour ainsi dire prisonnières dans leurs appartements ? Le simple fait que Haraldr ait dissimulé leurs intentions ne faisait-il pas de lui le complice de ces deux Walkyries parées de soie ? Quelle folie d’avoir épargné Maria ne serait-ce qu’un instant ! Au retour de l’empereur, Haraldr ne pourrait que se jeter à la merci de son Père et supplier que ses hommes liges soient épargnés.
    — Manglavite, dit Gabras en jetant un regard inquiet vers la grande clepsydre de bronze près du bureau de Haraldr. Puis-je suggérer qu’Eustratios demande à votre écuyer de faire seller un de vos chevaux ? Vous avez un rendez-vous au Palais avec le grand eunuque à la troisième heure. Avez-vous une préférence en ce qui concerne le cheval, ou la couleur de sa robe ? Et aimeriez-vous…
    Un cri monta d’en bas. Gabras se tourna vers la porte, alarmé. Ce n’était sûrement pas une querelle de serviteurs, se dit Haraldr ; sous l’autorité de Gabras, ils travaillaient déjà avec autant

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