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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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épaules de Michel se mirent à trembler et la tension de la foule devint palpable.
    Le diadème tomba comme la lame d’un bourreau, puis s’arrêta comme par miracle à peine à un doigt au-dessus de la tête tremblante de Michel. Le patriarche posa doucement le diadème sur les boucles brunes du jeune homme. Avant même qu’il ait relevé la tête, la musique des orgues éclata sous les voûtes comme si le dôme du ciel venait de s’ouvrir et déchaînait la musique de la création. Les clameurs de l’assistance lui firent écho.
    — Saint, saint, saint ! Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur terre à tous les hommes ! Longue vie au césar !
    Haraldr regarda Michel Kalaphatès, le jeune homme avec qui il avait plaisanté chez Argyros. Ce jeune homme était mort et ressuscité en tant que césar de la Rome impériale. Déjà son visage semblait transfiguré par la lumière qui tombait sur lui. Ses os avaient en quelque manière changé de forme pour donner à son visage une vivacité, une impression de puissance. Son cou se redressa, tout son corps parut grandir sous les acclamations assourdissantes.
    Michel Kalaphatès, césar des Romains, fit le signe de croix au-dessus de l’élite de Rome, qui à peine un mois plus tôt ne connaissait même pas son nom. Alexios laissa les acclamations s’apaiser avant de commencer le rituel final. Le silence ne fut pas aussi absolu qu’avant, la tension avait diminué et le patriarche semblait moins imposant, moins véhément. D’un pas qui trahissait peut-être de la lassitude, Alexios se retourna vers l’autel et prit d’une main hésitante un petit sac de soie blanche unie. Il revint aux côtés de Michel et montra à la cour le sac insignifiant.
    — Le Seigneur commande les armées des Cieux ! psalmo-dia-t-il. Mais tous les hommes ne sont que poussière et cendre.
    Comme l’ordonnait la coutume transmise depuis les siècles de la grandeur de Rome, le sac de soie contenait les cendres d’un pauvre anonyme. Michel accepta d’une main ferme ce témoignage de sa soumission à la mort. Il se retourna pour descendre de l’ambon et recevoir l’hommage de sa cour, et au moment où Haraldr s’avança vers le nouveau césar pour le précéder dans l’escalier, leurs regards se croisèrent pendant un instant – un regard trop long, trop perçant pour être seulement dû au hasard : le césar et le manglavite demeurèrent figés en une sorte de communication ineffable que leurs âmes éblouies ne leur permettaient pas de comprendre.
    * *
*
    —  C’est une humiliation, dit Mar d’une voix furieuse.
    — Les hommes s’en font une joie, répliqua Haraldr en haussant les épaules. Cela leur donne l’occasion de sortir en ville et de prendre contact avec les gens. Je suis certain qu’ils trouveront assez de clients pour que le jeu en vaille la chandelle, même s’ils n’ont pas besoin de l’argent.
    — Regardez-les, s’écria Mar, outré.
    Les Varègues arpentaient l’Augustaïon pour ramasser les branches et les rameaux sanctifiés qui avaient décoré la procession du couronnement du césar. Ils étaient les seuls à avoir le droit de revendre ces précieuses reliques dans la ville, selon la coutume établie par le Bulgaroctone.
    — D’abord on fait d’eux des portiers, et maintenant des colporteurs. Est-ce digne de guerriers ?
    — C’est simplement une tradition que les hommes apprécient, répliqua Haraldr. La Garde varègue remplit de nombreux devoirs de cérémonie qui ne sont vraiment pas du travail de guerrier. Je ne vous ai jamais entendu vous y opposer.
    — Peut-être est-il temps que nous nous y opposions. Quand Rome désire étaler sa puissance, qui marche en tête de tous ? Nous. Mais quand les sénateurs, les magisters et le Consistoire sacré partagent les bénéfices de ce pouvoir que nous leur assurons en grande partie, où sommes-nous ? Nous ramassons du bois de feu comme des paysannes !
    Haraldr soupira et se prépara à une autre discussion. Depuis plusieurs semaines, Mar et lui ne cessaient de se disputer de plus en plus vivement au sujet de la façon dont il fallait traiter Joannès. De l’avis de Haraldr, leur alliance devait demeurer strictement défensive jusqu’à ce qu’on ait pu évaluer de façon certaine l’état de santé réel de l’empereur.
    Mar lui-même n’avait pas vu l’empereur depuis plus d’un mois. Malgré les rumeurs, ou peut-être à cause d’elles, Haraldr était

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