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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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que votre Père et moi-même désirions depuis longtemps vous faire partager.
    Michel et Constantin regardèrent Joannès éperonner son puissant étalon puis franchir les portes de bronze de la résidence ; ils admirèrent les fontaines de la cour intérieure et trouvèrent une petite salle de réception qui n’avait qu’une seule porte. Constantin jeta un coup d’œil dans le couloir avant de refermer la porte derrière lui.
    — Pouvez-vous faire confiance à un seul des serviteurs ? demanda Constantin à voix basse.
    — Oui, répondit Michel tandis que sa botte écarlate repoussait d’un geste distrait vers un petit âtre de marbre une lampe de bronze en forme de bélier. J’ai fait venir Ergodotès, mon ancien cuisinier, et j’ai fait de lui un vestitor. Je suis certain qu’on peut lui faire confiance.
    — Bien, vous aurez donc quelqu’un pour faire entrer et sortir des renseignements.
    — N’en avez-vous pas vous aussi ? s’étonna Michel.
    Constantin se racla la gorge.
    — J’avais espéré que vous me demanderiez de vivre ici avec vous.
    — Mon oncle ! s’écria Michel rayonnant. Mais bien sûr ! Je n’aurais pas osé vous suggérer de vous joindre à mon exil, si luxueux soit-il. Vous rendrez cette incarcération non seulement tolérable mais amusante !
    — Et peut-être productive.
    Une ombre traversa le visage de Michel.
    — Oui. Ce qui m’inquiète à présent, c’est que notre Père puisse se rétablir suffisamment, ne serait-ce que de façon temporaire, pour regretter d’avoir acquiescé au projet de Joannès. La situation s’avère plus dangereuse que je ne m’y attendais. Je suis une décoration, pour ainsi dire, et je pourrais rapidement passer de mode.
    Sa colère éclata soudain et il brisa d’un coup de pied la tête de la lampe de bronze.
    — Qu’il soit maudit ! Maudit. Nous serons ses otages aussi longtemps qu’il vivra.
    Son visage devint écarlate, et ses yeux prirent un étrange éclat vitreux. Il souffla par les narines deux fois de suite.
    — J’ai envisagé un plan, avec un… un associé. Un plan très dangereux. Je comprendrais très bien que vous refusiez d’en entendre un seul mot.
    Constantin ouvrit la porte en silence et vérifia que le couloir était vide, puis il rentra dans la pièce. Son front transpirait mais sa mâchoire serrée indiquait sa résolution.
    — On a arraché la virilité d’entre mes jambes, dit-il doucement. On ne m’a pas arraché la virilité de mon cœur. Parlez-moi de ce plan.
    * *
*
    — Du sang ! Du sang !
    La fille, aussi nue qu’Ève, secoua sa tunique crasseuse sur le visage d’Ulfr. Elle cracha, le menaça du poing, puis montra du doigt Askil Eldjarnson et lança une kyrielle de mots qu’Ulfr n’aurait sûrement pas compris même si son grec était aussi bon que celui de Haraldr. Il reconnut cependant l’un d’eux : viol.
    Il toisa la fille qui gesticulait en hurlant. Elle avait des cheveux bruns graisseux et une bouche pareille à une crevasse de glacier. Elle lança un autre mot qu’il put comprendre : vierge. Puis elle martela la poitrine d’Askil Eldjarnson et lui cracha au visage.
    — Regardez-la donc, komès Ulfr, déclara Askil calmement mais d’une voix lugubre. Elle a des poux et des nichons comme les rotules de mes genoux. Quand un homme va chez le boucher, pourquoi paierait-il pour la viande et volerait-il les tripes ?
    L’Islandais au visage mince écarta les bras en un geste d’incrédulité. Ulfr hocha la tête, compréhensif. La fille avait au moins seize ans, et s’il existait au Stoudion une femme de seize étés qui fût encore vierge, qu’elle le souhaitât ou non, elle méritait d’être comptée parmi les saintes de ces chrétiens. Du sang avait éclaboussé sa tunique et le bas de son ventre en une quantité invraisemblable. Et elle se prétendait violée, non sacrifiée à Odin. Ulfr conclut que c’était une prostituée précocement rusée qui tentait un nouveau coup d’esbroufe. Il mettrait les hommes en garde contre ce nouveau piège.
    — Diables varègues ! brailla une autre femme, une mégère édentée au visage battu, d’âge indéterminé. Le diable vous a envoyés, que le diable vous emporte !
    Ulfr ne comprit pas tout ce que cria une espèce de costaud qui portait un chiffon sale sur un œil, mais le sens général était clair : non seulement les Varègues violaient les enfants, mais ils forniquaient avec l’empereur. Ulfr regarda

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