Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
pour l’assister. Le visage de l’empereur était couleur de sang et ses yeux complètement blancs. Les démons l’avaient même privé de sa vision. Ses dents grinçaient comme ceux d’une bête et ses membres devinrent complètement rigides sous les tissus morbides spongieux qui enveloppaient son corps entier. La crise cessa au bout de quelques minutes horribles, les yeux de l’empereur redevinrent normaux, mais il continua de haleter. Il pouvait à peine lever la tête, encore moins se mettre debout. Les frottements contre les dalles avaient mis son front en sang. Haraldr comprit d’instinct qu’il y avait dans ce corps torturé deux maladies en présence : la première sapait la volonté de cet homme et le rendait vulnérable à la deuxième, qui gonflait ses membres. Il sentit alors que la vérité se trouvait dans les rumeurs de la rue et non dans les assurances du Palais. Le Père qu’il avait admiré et respecté était déjà mort. Enterrer ce cadavre boursouflé au plus vite serait un acte de charité.
    * *
*
    Haraldr, dans l’antichambre de l’impératrice, se demanda si son invitation était liée à la mort imminente de son époux, et s’il verrait Maria. Les eunuques le firent entrer rapidement dans la salle à manger. La petite table ne comportait que deux couverts élégants, assiettes d’argent repoussé et gobelets constitués par une feuille d’or gravé tressée entre deux feuilles de verre. À l’entrée de Zoé, il se prosterna selon la règle, et elle éclata de rire comme si ce rituel n’était qu’un jeu et non la soumission à Sa Majesté née dans la pourpre. Quand Haraldr se releva, ce qu’il vit le surprit autant que, deux jours plus tôt, le triste spectacle de l’empereur. C’était comme si Zoé avait retrouvé une nouvelle jeunesse parallèlement à la dégradation catastrophique de son époux, comme si dans le Palais qui était son sol natal, sa beauté pouvait s’épanouir pleinement.
    Elle portait le scaramangium tout simple qu’elle avait rendu à la mode, mais cette robe à col montant était complètement recouverte de perles. Elle semblait légère, sans volume apparent, pareille à une mosaïque vivante. Ses yeux bleus n’avaient pas la chaleur de ceux de Maria mais une profondeur ineffable.
    —  Keleusate.
    L’eunuque aida Haraldr à s’asseoir, puis Zoé prit place, scintillante comme une galaxie à chacun de ses gestes. Un prêtre apparut et psalmodia la bénédiction, puis les serviteurs apportèrent des olives miniatures et du caviar. On servit le vin et on ajouta l’eau.
    — Vous m’avez manqué, manglavite. Bien entendu, Maria me parle de vous.
    — Vous m’avez manqué également, Majesté, répondit Haraldr en toute sincérité, car il était ébloui. Je dois vous avouer, si maladroit et impudent que cela puisse vous paraître, que je n’avais pas compris l’étendue de ma privation avant de vous revoir en cet instant, et vraiment, le fervent désir que doivent exprimer mes yeux en ce moment me fait honte.
    — Manglavite, votre grec s’est remarquablement amélioré.
    Zoé pencha légèrement la tête et ses lèvres rouges se plissèrent avec un soupçon d’ironie. Elle n’était pas seulement plus belle, mais plus royale.
    Zoé dévora ses petites olives en silence pendant un moment, en jetant de temps à autre un coup d’œil à Haraldr comme s’il était un simple serviteur devant qui elle pouvait manger sans surveiller ses gestes. En regardant les lèvres somptueuses sucer les fruits délicats, Haraldr eut vaguement honte des pensées qui lui vinrent à l’esprit. Il avait grandi à la cour et il savait donc qu’un roi mourant est un roi mort. Sa veuve devrait, ne serait-ce que par nécessité, prendre bientôt un autre homme dans son lit. Il se rappela la façon dont Zoé avait regardé Michel Kalaphatès à Antioche et se dit que sans aucun doute cette impératrice avait déjà pris à l’essai le successeur de son mari. Maria lui avait avoué plusieurs fois qu’elle partageait le même soupçon. Tout avait changé depuis que Haraldr avait vu le moribond. Mar avait raison. Il faudrait prendre l’initiative contre Joannès. Mais comment ?
    Quand le poisson fut servi, Zoé lança un coup d’œil à Haraldr à travers ses cils et demanda brusquement :
    — Êtes-vous amoureux de Maria ?
    — Oui.
    « Si c’est un combat singulier que tu veux, née dans la pourpre, le roi de Norvège est prêt à

Weitere Kostenlose Bücher