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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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suprême des armées de la Rome impériale. Et vous n’aurez pas d’allié plus loyal à vos côtés que le commandant de la Grande Hétaïrie.
    * *
*
    — C’est de la folie, cria Haraldr au-dessus du tintamarre qui régnait dans l’arsenal de la Magnara. Pourquoi veulent-ils sortir les engins de siège ? Ils ne feront que nous ralentir.
    À l’autre bout de l’immense entrepôt, les optimatoï  – les responsables des bagages de l’armée impériale – entassaient sur des mules de bât et dans des chariots une quantité stupéfiante de matériel de guerre varié : catapultes, chausse-trappes, échelles de siège, pontons, tentes, appareils à lancer du feu liquide, amphores pleines de feu grégeois, sacs de flèches, baignoires de campagne en cuir pour les officiers ; un des optimatoï passa même en courant avec une pile de traités militaires reliés.
    — Ils pensent que Salonique va se rendre, répondit Mar en secouant la tête.
    — C’est sans doute ce qui se produira, cria Haraldr, si nous nous attardons pour protéger tout ce matériel.
    Mar acquiesça volontiers.
    — Qu’est-ce que vous cherchez ? demanda-t-il.
    Haraldr plongea la main dans le sac de toile qu’il venait de prendre et en sortit une botte légère de cuir souple, de laquelle pendaient de longues courroies de cuir.
    — Ceci. On fixe les courroies autour des jambes et les bottes restent aux pieds même si l’on s’enfonce dans de la poix. Et nous allons courir dans la boue. Ces trucs-là ne nous vaudront que des ennuis, dit-il en montrant ses lourdes bottes montantes de cuir.
    — La Moyenne Hétaïrie est-elle prête à partir ? cria Mar tandis qu’un des optimatoï se précipitait avec un panier de fers à cheval.
    — Oui.
    Haraldr n’avait eu aucun mal à se décider. Il fallait d’abord sauver le corps de Rome, puis on s’occuperait de la tête et le corps pourrait être guéri. Ensuite, il repartirait chez lui… Il souleva plusieurs sacs de bottes et cria à une douzaine de ses hommes d’emporter le reste.
    — Vous retournez à votre caserne ? cria Mar.
    Des forgerons avaient commencé de monter un des engins de siège à coups de marteau.
    — Oui, puis je passerai chez moi, en ville, pour prendre Grégori, mon interprète. Je ne veux pas courir le risque de comprendre de travers un ordre de bataille.
    Mar parcourut des yeux l’immense entrepôt envahi de fumée, de clameurs et d’odeurs de sueur et de mort. L’excitation faisait briller ses yeux. Il ferma les poings et hurla dans le vacarme :
    — Je peux déjà goûter le vin des corbeaux !
    * *
*
    Haraldr se rendit à son palais tout seul, à cheval. Malgré la pluie incessante, la ville était animée : les doutes que ressentait le peuple semblaient près de dégénérer en hystérie. Une immense foule s’était rassemblée au Forum de Constantin pour écouter les harangues simultanées de différents orateurs dont les vues divergeaient. Un jeune homme aux longs cheveux, probablement un bogomile, attribuait l’attaque des Bulgares aux péchés de la ville, tandis qu’un vieillard amputé d’une jambe – probablement un ancien combattant des campagnes du Bulgaroctone – récitait une litanie haute en couleur des atrocités que les Bulgares étaient en train de perpétrer en ce moment même sur le peuple de Rome. Même dans le quartier élégant de Haraldr, des gens se rassemblaient au coin des rues en petits groupes agités. Leur principal souci était l’invasion de la ville, jugée imminente. Tous les serviteurs du district couraient en tous sens dans les rues, les bras chargés de céréales et d’outrés de vin et d’huile ; on accumulait déjà les provisions pour le siège. Certains d’entre eux portaient sur des charrettes de grands triptyques d’ivoire et des sculptures de bronze qu’ils allaient brader pour en tirer de l’argent liquide.
    La rue même de Haraldr n’était pas différente ; la femme de chambre de la maison voisine se pencha sur le balcon pour lui demander s’il avait déjà vu la horde des Bulgares et s’il était exact qu’ils torturaient les femmes après les avoir violées. Une carriole grimpait en grinçant sur le chemin pavé, tirée par une mule que fouettaient deux eunuques : elle transportait trois verrats gras qui couinaient, sans doute négociés illégalement avec un marchand de viande en gros. Une femme vêtue d’une cape de pluie élégante attendait près du portail

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