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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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aveugle dans cet autre monde étrange et plongé maintenant dans un noir de poix. Puis il regarda autour de lui, en bas de l’échelle. Et sa mule avait disparu.
    Il remonta péniblement et récupéra sa lampe. Mais dès qu’il s’éloigna de la chapelle, il regretta aussitôt d’être revenu la chercher. Les ombres qui dansaient autour de lui sur les cônes de pierre et autour étaient plus terrifiantes que de trébucher dans le noir. Où allait-il ? Il devait bien y avoir une auberge ouverte, ou quelques cénobites qui restaient éveillés. Il les paierait pour qu’ils le logent. Si seulement il pouvait apercevoir une lumière.
    Soudain un bruit. Qui était-ce ? Les voleurs qui avaient pris sa mule ? Constantin fit un moulinet avec sa lampe comme si c’était une épée et se jeta sur les ombres. Il vit des yeux rouges qui disparurent dans la nuit. Des chiens sauvages, peut-être plus dangereux que des voleurs. Il ne pourrait pas éviter de faire un emprunt à Césarée à présent. Simplement pour payer son voyage de retour quand il aurait dédommagé le propriétaire de la mule. De nouveau, le bruit. Constantin chercha des yeux des cailloux à jeter aux chiens ; pourquoi n’avait-il pas emporté au moins un bâton ? La masse sombre jaillit des ombres et lui coupa le souffle. Sa lampe tomba et l’huile brûlante glissa sur les rochers. Des mains saisirent son manteau et tâtèrent à la recherche de sa bourse. Il roula dans la poussière tandis que les mains frappaient maintenant sa tête. Il se mit à genoux et rendit coup pour coup avec ses poings. L’assaillant poussa un gémissement étouffé. Les deux hommes continuèrent d’échanger des coups dans la lumière de plus en plus vacillante de l’huile renversée. Malgré sa fatigue, Constantin cognait avec une force inattendue, et l’assaillant préféra s’enfuir dans la nuit.
    Constantin resta à genoux. À chacun de ses halètements, sa gorge s’emplissait d’air sec et poussiéreux. Ses tempes battaient, son crâne lui faisait mal. Même dans sa détresse, il entendit les pas derrière lui et il tourna brusquement la tête. La silhouette était au-dessus de lui ; dans les dernières lueurs de la lampe, il regarda le visage et hurla.
    * *
*
    — Il provoque une transe, comme un devin, dit Maria. Rien d’extraordinaire. Son talent, c’est qu’il parvient à faire voir la même chose à des centaines de personnes en même temps. Il a appris à manipuler l’esprit, il permet à l’esprit de voir ce qu’il désire voir. Il entraîne votre esprit dans ses propres fantasmagories. Mais presque tout ce que vous avez vu n’était que tours de passe-passe pour vous rendre sensible à l’illusion finale.
    Maria étendit les bras par-dessus la petite table à dessert et saisit les mains de Haraldr. Zoé avait fait dresser les tables devant le porche de sa villa, ainsi que sur les terrasses qui descendaient jusqu’au Bosphore. Toute la colline scintillait de chandelles comme une ville miniature ; les escaliers, marqués par des lanternes de soie, formaient des boulevards lumineux. Il n’y avait pas de lune et la mer était noire.
    — Et pourtant, ce que vous avez vu vous a fait pleurer, répondit Haraldr.
    Il se demanda si elle avait eu une nouvelle vision de son propre destin.
    — Ce que je me suis fait voir, corrigea-t-elle. J’ai vu le feu et le corbeau parce que j’avais rêvé de ces choses. Parce que j’ai peur de vous. Non point parce qu’elles se produiront, mais parce que je m’intéresse à vous. Parce que je…
    Sa phrase resta en suspens mais les mots qui manquaient étaient évidents.
    — Vous avez vu le dragon, reprit-elle, parce que c’est votre mythe d’homme du Nord. Mais vous êtes le seul à l’avoir vu. Nous avons tous vu la lumière de la Nouvelle Jérusalem, parce que nous sommes tous allés à Sainte-Sophie ; Abélas a persuadé nos esprits de la revoir. Abélas est très doué, certains prétendent même qu’il est dangereusement doué. Savez-vous qu’il s’est déjà fait escorter dans son bateau par ses propres gardes d’Alémanie et qu’il est déjà parti dans le noir ? Il craint qu’après avoir vu des choses terribles certains essaient de le tuer. L’Église aimerait le voir disparaître parce qu’il sème le doute sur la véracité des miracles. Et il deviendra probablement fou avant la fin de l’année. Je crois que son art se perdra vite, et même les historiens auront trop peur

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