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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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vidait, et il le vidait très vite. Haraldr comprit bientôt que malgré les craintes proférées par Michel au début de la journée, Joannès serait trop ivre pour faire un assassin efficace ; il attaquerait d’une façon beaucoup plus subtile et le dîner se passerait donc sans incident. Peut-être serait-il même possible de trouver un compromis entre l’empereur et l’orphanotrophe à un moment ou un autre, en privé. Haraldr lui-même n’avait pas renoncé à parvenir à un accord avec l’orphanotrophe. À la fin du dîner, on apporta d’immenses vasques d’or, assez grandes pour qu’un homme puisse s’y baigner, garnies de figues, de pommes, de raisins, de melons et d’oranges. Les chariots sur lesquels ces vasques se trouvaient étaient recouverts de toile pourpre. Un des chariots s’arrêta au centre de la table impériale ; juste au-dessus, pendaient trois câbles d’or pourvus de gros anneaux d’or au bout, pareils à des serpents d’or tombant du ciel et scintillant dans la pénombre. Des eunuques attachèrent ces anneaux aux crochets de la bassine ; un mécanisme dissimulé dans le plafond souleva cette énorme corbeille de fruits, la fit passer au-dessus des têtes des sénateurs, puis la déposa au centre de la table. On ôta les anneaux, et les cordes remontèrent dans le dôme.
    Le nobilissime Constantin regarda une pomme d’un air songeur, presque comme s’il cherchait à voir son reflet sur sa surface luisante. Il n’avait pas prononcé un mot depuis sa question à Haraldr au sujet du poisson.
    — Je remarque que le prétendant au califat profite de nouveau de l’hospitalité de Rome, dit-il en montrant le prince sarrasin assis à une table voisine (la cour impériale entretenait somptueusement plusieurs chefs exilés, instruments potentiels de sa diplomatie). Depuis combien de temps ce noble fils d’Agar est-il l’hôte de Rome ? Ne le savez-vous pas, mon frère ? demanda-t-il en se tournant vers Joannès. N’est-ce pas vous qui distribuez les largesses dont il jouit ?
    La tête lourde de Joannès se releva et il parut bâiller très légèrement en regardant Constantin, mais il ne répondit pas.
    — Admirez la politique, Majesté, reprit Constantin en s’adressant à Michel. L’orphanotrophe compte bien réclamer Tripoli au califat grâce à la présence d’un chamelier doré sur tranche à la cour de Rome. Il soutient que cette poursuite, plutôt indirecte, de nos intérêts est indispensable puisque la Taghmata impériale semble incapable de nous permettre une diplomatie plus vigoureuse. Il paraît que les Bulgares si récemment humiliés se montrent de plus en plus rétifs.
    Tous les sénateurs de la table s’étaient tus et regardaient Constantin. Le sénateur Scylitzès, qui avait interrompu sa conversation pour goûter une figue, reposa le fruit à moitié croqué avec autant de précaution que s’il s’agissait d’une pièce délicate en verre soufflé.
    — Majesté, continua Constantin, la politique que vous avez proposée concernant le gouvernement de Bulgarie m’a fait bien davantage impression. Elle permettrait de régler le problème de la réduction des forces et de l’efficacité de la Taghmata impériale dans d’autres régions d’importance stratégique.
    — Ah bon ?
    La voix de Joannès eut autant d’effet que si le dôme s’était brisé en deux. Le silence se fit dans la salle entière et même les eunuques interrompirent leur service ; leurs silhouettes blanches se raidirent comme s’ils étaient soudain changés en glace.
    — Je serais curieux de connaître vos réflexions à ce sujet, mon neveu, lança Joannès, et sa tête se souleva de son corps allongé et se mit à se balancer, comme la tête d’un serpent.
    « Et l’empereur ressemble à un rat hypnotisé par le serpent », se dit Haraldr. Jamais Michel n’aurait le courage de défier publiquement Joannès. Tel était le problème.
    — Oui… Oui… balbutia Michel en regardant Constantin dont le front commençait à se couvrir de transpiration. Oui, répéta-t-il en se raclant la gorge.
    Toute l’assemblée des dignitaires parut s’agiter sur les divans.
    — Je pense… À mon avis, l’impôt que nous levons actuellement – ou plutôt que nous avons beaucoup de mal à lever – en Bulgarie est évalué d’une manière qui porte préjudice à notre défense de cette frontière et nous prive également de revenus nécessaires.
    Michel semblait maître

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