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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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calme.
    Ses yeux étaient aussi placides que la surface d’un étang. Elle ne craignait plus la mort : elle ne craignait plus que le noir contre sa peau.
    — Il a l’intention de pousser l’orphanotrophe à trahir. Je… je crois que c’est un jeu très dangereux.
    — Peut-être pas, répondit Zoé. Votre oncle le nobilissime est un homme très perspicace, et je trouve sa tactique très subtile. Il encourage simplement Joannès dans la voie que celui-ci aurait sans doute prise de lui-même. Efficace.
    — Mais ma Mère… Si on l’encourage… trop ? Joannès peut m’abattre à n’importe quel moment. Il peut même… le faire lui-même.
    — Il ne s’y risquera pas tant que l’hétaïrarque vous protège.
    — Vous pensez que l’hétaïrarque est… loyal à ce point ? lança Michel en reniflant. Joannès et lui sont parvenus à une sorte d’accord après tout ce que Joannès a fait pour le Stoudion.
    — L’hétaïrarque ne porte pas Joannès dans son cœur. Ne supposez pas que sa loyauté est sans limites, mais vous pouvez être absolument certain qu’il s’opposera à toute attaque lancée contre vous en sa présence. C’est ainsi que les Tauro-Scythes conçoivent l’honneur. N’avez-vous pas eu déjà assez de preuves de sa dévotion inébranlable à la pourpre ?
    — Vous avez raison, bien sûr. Entre l’hétaïrarque et le nobilissime, je n’ai rien à craindre.
    — Et votre Mère sera toujours là, elle aussi, dit Zoé en se serrant davantage contre Michel. Et maintenant, ne pouvez-vous imaginer, juste pour ce soir, que vous êtes un garçon assez grand pour devenir le mari de votre mère ?
    La main de Zoé se posa sur les genoux de Michel et ses doigts blancs glissèrent sur la pourpre du scaramangium et sur les aigles impériales brodées en fils d’or. Quand ils eurent terminé leur reconnaissance, Zoé posa ses lèvres contre la nuque de Michel et murmura d’une voix rauque :
    — Oui, je vois bien que vous êtes devenu un grand garçon.
    * *
*
    Le monastère de Kauléas était l’un des plus vastes établissements du genre à Constantinople, qui en comptait des dizaines. Il occupait deux pâtés de maisons entiers. Quatre ailes de plusieurs étages contenaient les cellules des moines, les entrepôts, les réfectoires, une infirmerie, des cuisines, une bibliothèque et des bains. Ces bâtiments délimitaient une vaste cour centrale au milieu de laquelle s’élevait une église importante de briques rouges, couronnée par plusieurs dômes. Ce palais du renoncement au monde avait été construit un siècle et demi plus tôt pendant une période de construction fervente, et financé par une famille de dynatoï qui comptaient en faire leur retraite spirituelle privée. Les premiers propriétaires avaient été contraints de revendre le monastère cent ans auparavant peu après une grande famine (non point que leurs finances eussent souffert des mauvaises récoltes, mais parce qu’ils s’étaient révélés incapables par la suite de gérer les immenses propriétés qu’ils avaient acquises en achetant pour une bouchée de pain les petites fermes de paysans mourant de faim). Les acquéreurs étaient une autre famille de dynatoï, qui avaient entretenu l’établissement dans sa première splendeur pendant des décennies. Mais une kyrielle d’héritiers de plus en plus dissolus avaient négligé puis graduellement pillé l’établissement, en vendant les revêtements de marbre, les livres reliés d’ivoire et les objets rituels d’or. La population de moines, qui se comptait autrefois par centaines, s’était réduite à moins d’une douzaine. La famille avait finalement cédé la propriété trois ans plus tôt. Le typicon avait été signé au Néorion en tant qu’acte de pénitence. Le propriétaire actuel n’était autre que l’orphanotrophe Joannès. En trois ans, Joannès n’avait ni visité le monastère, ni permis à quiconque d’en franchir les grilles – sauf pour en chasser les derniers moines et placer de nouvelles serrures à toutes les portes.
    Mais ce soir-là le vénérable monastère de Kauléas bourdonnait d’activité. Plus de cent gardes thraces en armure s’affairaient dans la cour envahie par les mauvaises herbes et rassemblaient les nouveaux « frères » en rangs serrés juste devant les arcades d’une aile de trois étages abritant jadis les cellules des moines. Les nouveaux frères se comptaient par centaines. Ils portaient

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