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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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main.
    — Où est votre crypte ? hurla-t-il au saint homme abasourdi.
    L’ensemble du Palais sacré était desservi par un réseau de passages souterrains.
    — Si vous réclamez le sanctuaire… commença un vieux prêtre aux cheveux blancs.
    — Montrez-moi le passage ! cria Haraldr.
    Un jeune prêtre bondit et l’entraîna vers une petite porte qui s’ouvrait dans le mur derrière l’autel. Ils se glissèrent dans la sacristie sombre à l’instant où les Khazars franchissaient la fenêtre brisée. Le prêtre ouvrit un panneau de bois dissimulé dans le parquet.
    — Dieu vous bénisse, mon père, cria Haraldr en descendant les marches dans le noir.
    Haraldr négocia les tournants brusques de la galerie à l’odeur de moisi. Il devait baisser la tête pour ne pas heurter le plafond bas. Au bout d’un moment, il aperçut derrière lui une lumière vague : les torches de ses poursuivants. Il tomba sur un embranchement. De quel côté ? Il ne savait plus maintenant s’il se dirigeait vers le sud ou vers l’est. Ou vers l’ouest ? Un des couloirs conduisait à Sainte-Sophie, se dit-il. Les prêtres de la basilique, sans doute encore sous les ordres de leur patriarche assiégé, le cacheraient sans poser de questions et lui montreraient un moyen de passer dans la ville. Le destin l’inspira : il prit la galerie de gauche.
    Le plafond s’abaissa et il dut s’accroupir. Il entendit les Khazars échanger des cris. Il continua d’avancer, plus nerveux que jamais, dans ce tunnel où la sensation d’étouffement l’oppressait. Il comprit que la basilique n’était pas si loin de Sainte-Irène, mais il n’était pas question de rebrousser chemin. Il se rappela le cul-de-sac dans les galeries du Bulgaroctone et se demanda s’il ne rencontrerait pas bientôt un mur nu qui l’obligerait à se retourner pour affronter les Khazars.
    Le sol devint glissant, il sentit l’odeur de l’eau. Pas simplement de l’humidité, l’air même était froid et mouillé, saisissant comme un vent sur un lac glacé. La galerie s’achevait sous une arcade. À plus d’une portée de flèche de lui, des torches se reflétaient en ruisselets d’or à la surface d’un lac souterrain d’un noir d’onyx, et éclairaient les centaines de colonnes et de voûtes de briques de la Cisterna Basilica. Haraldr en eut le souffle coupé. Il avait entendu parler du grand « palais d’eau » mais ne l’avait jamais encore vu. Il n’avait pas la tête à apprécier la beauté des chapiteaux floraux merveilleusement sculptés qui soutenaient le damier des voûtes de briques. La citerne semblait une vaste forêt de pierres s’élevant des marais du Styx.
    Haraldr fixa son épée à son pagne de toile et se glissa dans l’eau glacée. Quand l’eau monta à sa poitrine, le froid le fit haleter. Il se mit à nager de toutes ses forces. Quand il fut environ au tiers de la citerne, il entendit des cris rouler de voûte en voûte et se retourna : les torches des Khazars illuminaient l’arcade de laquelle il avait plongé. À l’autre bout de la citerne, sur un petit embarcadère, d’autres gardes khazars l’attendaient. Quatre. De toute évidence, on avait posté des sentinelles à tous les points permettant de passer de la ville dans le Palais. Une barque à rames était amarrée d’un côté de l’embarcadère de bois. Haraldr espéra que les Khazars seraient assez fous pour s’élancer vers lui dans la barque, mais ils se contentèrent de dégainer leurs épées et d’attendre l’inévitable fin de sa nage.
    Haraldr s’avança à une cinquantaine de coudées de l’embarcadère, puis se mit à insulter les Khazars en grec. Ils lui répondirent avec des insultes dans leur propre langue. L’un d’eux rengaina son épée, saisit son arc et prit une flèche dans son carquois. Il visa. Haraldr plongea sous l’eau et continua de nager. Lorsqu’il remonta à la surface pour respirer, il n’était plus qu’à vingt coudées. Un autre Khazar le visa, et il plongea de nouveau. Les deux autres Khazars rengainèrent aussitôt leurs épées, prirent leurs arcs et se joignirent au jeu. Ils se rapprochèrent tous les quatre du bord de l’embarcadère et se mirent à parier sur qui toucherait le premier le « gros poisson blanc ». Ils parcoururent des yeux la surface, les flèches prêtes. Rien. Puis l’eau jaillit juste devant eux, et l’un des gardes bascula dans le vide couleur d’encre et disparut immédiatement

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