Byzance
de la masse brune de peau cicatrisée à la base de son érection, puis vers le bout gonflé.
— C’est si beau, dit-elle. Quand tu seras presque prêt, entre dans moi.
Isaac était à la fois eunuque et marchand de soie mais sa principale vocation demeurait ce genre de rendez-vous avec des femmes riches et de la haute société, vocation pour laquelle il avait des dons uniques. L’opération qui faisait les eunuques était en général effectuée dans l’enfance, mais il arrivait que l’ablation des testicules, comme dans le cas d’Isaac, ait lieu dans l’adolescence. Le corps ne devenait jamais totalement masculin mais la capacité de fonctionner sexuellement demeurait, ainsi que le désir. Un eunuque de ce genre offrait aux dames de condition deux attributs précieux : il n’attirait pas le soupçon, et il n’y avait aucun risque de grossesse.
Quand il eut terminé, Isaac s’allongea sur les coussins. Il laissait toujours à ses clientes un peu de temps pour le bavardage. Maria s’assit, protégea ses yeux du soleil et regarda vers Chrysopolis, la grande ville sur l’autre rive du Bosphore.
— Tu es meilleur que je ne l’espérais, dit-elle.
Isaac sourit.
— Existe-t-il un homme qui ne vous ait pas désirée ?
— Ce que je cherche est au-delà du désir. Mais ceci m’a plu. Tu es comme un adolescent et aussi comme un homme. Je te ferai encore venir. J’ai un amant. Et un autre, dont je suis amoureuse. Mais mon médecin me conseille de m’abstenir certains jours si je ne veux pas de conséquences indésirables. Seulement, plus régulièrement on se livre à la passion et moins on peut s’en passer. Si je n’avais pas d’amant en ce moment, je n’aurais pas tellement besoin de toi.
— Je suis à votre disposition, maîtresse.
— Tu travailles avec des hommes ?
— Seulement si une dame demande à un autre homme de se joindre à nous.
— Tu as déjà eu un Tauro-Scythe ?
— Non. J’essaierai d’en trouver un si cela vous intéresse.
— Non.
Maria baissa les yeux et caressa son ventre plat, à la douceur de velours.
— Sais-tu ce qu’ils vont faire de ces Tauro-Scythes qu’ils appellent pirates ?
Maria comprenait l’efficacité avec laquelle les renseignements circulaient parmi les eunuques de quelque entregent de la ville. C’était comme s’ils participaient tous à un pacte secret pour punir, en révélant ses secrets, la société qui les avait privés de leur virilité.
— On en discute encore. Les militaires aimeraient massacrer toute la bande purement et simplement, maintenant que leurs bateaux sont déchargés. Ils prétendent que la menace d’invasion subsiste.
Maria sourit.
— Les militaires sont les pantins des dynatoï. Les dynatoï n’ont jamais oublié que Basile le Bulgaroctone s’est servi des Varègues contre eux.
Presque un siècle auparavant, Basile le Bulgaroctone avait recruté un contingent important de mercenaires du Nord pour mater une révolte des dynatoï. Les Varègues s’étaient révélés si efficaces que Basile avait créé la Garde varègue pour institutionnaliser leur rôle de sentinelles du pouvoir impérial. Au cours des décennies suivantes, les Varègues étaient devenus les champions des classes moyennes et modestes, qui comptaient sur la protection d’un empereur fort – et donc les ennemis de l’aristocratie terrienne aux ambitions égoïstes.
— Le bruit s’est répandu qu’il y a un prince tauro-scythe parmi les commerçants, dit Isaac. Le grand domestique (c’était le commandant militaire de rang le plus élevé dans l’empire) a gonflé ces ragots en une théorie : le prince a l’intention d’entrer dans la ville avec ses Varègues puis d’appeler une immense armée d’invasion qui attend quelque part dans la mer de Rus et de lui ouvrir les portes à son arrivée. Le grand domestique a résolu de découvrir qui est cet homme, même s’il doit en venir aux mesures cruelles employées par Hérode pour se protéger de l’Enfant Jésus. Il a déjà fait interroger les marchands de Rus.
— Passionnant ! s’écria Maria, les yeux pétillants. Je me demande si les blonds mangeront notre chair et boiront notre sang, comme les prophètes l’ont annoncé.
— Je crois que tout cela n’est que sottises, répondit Isaac. Il n’y a évidemment pas de prince, et tous ces propos du grand domestique sont des rodomontades comme toujours. Tout le monde finira sans doute par tomber
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