Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
étaient renforcées à intervalles réguliers par des tourelles massives de pierre. Au-delà de cette défense colossale s’élevait le mur principal.
    Ce troisième mur avait la hauteur d’un bateau-dragon du Nord dressé verticalement, et cependant les énormes forteresses rectangulaires bâties contre la surface lisse de briques et de pierres à des intervalles de soixante coudées étaient deux fois plus hautes. Chacune aurait suffi à défendre une ville entière de la taille de Kiev.
    Une petite poterne s’ouvrait dans la grande muraille. Plusieurs contrôleurs en longue tunique de soie examinèrent les documents présentés par le topotérétès, puis se mirent à l’interroger avec insistance. L’un des hommes vêtus de soie, qui avait l’air d’être un eunuque, regarda Haraldr et secoua la tête. Le topotérétès montra quelque chose sur le document et éleva la voix. L’eunuque protesta de nouveau mais l’on rendit les documents au topotérétès, qui fit signe à ses hommes d’avancer. L’escorte franchit la muraille et déboucha du tunnel de la poterne sur un paysage blanc étincelant.
    Une avenue pavée de pierres, de plus de cent coudées de large, s’étendait au-delà du mur vers le cœur de la ville. De chaque côté s’élevaient des bâtiments de deux et trois étages : murs lisses mais aussi portiques de marbre sur la rue et balcons élaborés ou rangées de fenêtres voussurées aux étages. Des mules de bât, des chariots, des litières portées par des esclaves et des piétons ordinaires se pressaient de toutes parts. L’escorte passa devant une voiture à quatre roues surmontée d’une sorte de cage en bois doré, fermée par des rideaux pour que l’on ne puisse pas voir ses occupants. Il y avait beaucoup moins de femmes que d’hommes dans la foule, et la plupart d’entre elles dissimulaient leur visage sous des voiles clairs et se déplaçaient en groupes. En revanche, une jeune femme au visage maquillé de couleur vive marchait seule en roulant des hanches.
    L’escorte s’arrêta à un carrefour important, à environ une dizaine de rues de la poterne. Vers le sud, dans la rue pavée perpendiculaire à l’avenue principale, Haraldr vit d’énormes édifices d’allure neutre, en brique rouge, de cinq et même six étages de haut. Des gens se pressaient dans la rue et passaient la tête par les innombrables fenêtres. Pour la première fois, Haraldr remarqua que le ciel au-dessus de la ville était curieusement souillé : à une dizaine de rues à l’est s’élevait une énorme colonne de fumée qui salissait tout l’horizon. Non loin, une autre colonne de suie s’élevait au-dessus de langues de feu visibles. La Grande Ville était-elle en feu ?
    Ni le topotérétès ni ses hommes ne prêtèrent garde à cette catastrophe : ils ne s’intéressaient qu’à l’arrivée d’un autre détachement d’une douzaine de cavaliers, vêtus et armés comme eux. Le chef de ces cavaliers avait un visage carré, rougeaud, couvert de sueur, et les yeux irrités comme s’il venait de traverser la fumée. Le topotérétès inclina la tête avec déférence, puis l’homme aux yeux rougis parla avec de grands gestes. Il se tourna ensuite vers Haraldr, ses yeux s’agrandirent de surprise, et il donna aussitôt un ordre brusque au topotérétès. Celui-ci présenta de nouveau les documents magiques et le cavalier aux yeux rougis les regarda, les rendit et réfléchit un instant. Il lança un ordre à l’un de ses hommes, qui fouilla dans les fontes de sa selle et remit au topotérétès une longueur de toile noire. Le topotérétès parla à Jean, l’interprète.
    — Vous devez avoir les yeux bandés, dit Jean.
    Haraldr fut glacé de frayeur. Pour quelle raison lui bander les yeux, sinon lui planter un poignard dans la nuque ? Son cheval se cabra et plusieurs cavaliers se serrèrent autour de lui. Il projeta l’un d’eux à terre, mais un coup fit éclater son crâne. Il envoya un autre Byzantin au sol mais déjà les étincelles tombaient en pluie devant ses yeux. Des mains le saisirent. Une lumière explosa puis s’éteignit soudain.
    De la glace. Il se trouvait dans une immense grotte de glace. Sa tête battait à tout rompre et sa nuque lui faisait mal. Comment était-il revenu en Norvège ? En était-il jamais parti ? Oui. Les coups dans sa tête avaient une cadence précise ; il pouvait penser entre les chocs métalliques. Oui. Il en était parti. Le fleuve.

Weitere Kostenlose Bücher