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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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sanctuaire de la mer verte et froide que seuls connaissaient les hommes du Nord, quelque chose le retint irrésistiblement : la Ville impériale. Ses parfums, sa chaleur et… Maria. Il voyait encore l’éclat de ses lèvres et de ses yeux, il entendait sa voix, il revivait le balancement de ses hanches. Dans le roulis incessant de ses fantasmes, chaque nuit sur ces mers enfiévrées du Sud, Maria et la ville étaient devenues la même amante imaginaire. Ils avaient déjà fait l’amour ainsi plus de cent nuits, en cent lieux différents…
    Haraldr lutta contre la tentation. C’était cette chaleur inhumaine. La chaleur attaquait la raison. La chaleur était la mort et la mort les attendait sur ces eaux tièdes couleur de saphir. Il songea à son retour à la Ville impériale, il songea à son retour près d’elle.
    « Ne compte jamais qu’un jour est terminé tant que le soleil n’est pas entièrement couché », se rappela-t-il, les yeux plissés vers le disque de cuivre bouillant qui s’attardait au-dessus de l’horizon. La journée n’était pas terminée, il s’en fallait de beaucoup. Il appela Ulfr et Halldor.
    — Nous attaquerons avec le soleil dans le dos.
    Ulfr acquiesça.
    — Oui, mon ami. Si nos hommes ne se battent pas tout de suite contre ces Sarrasins, je crois qu’ils brandiront leurs épées contre le vent. Ils vous ont déjà donné un surnom : Haardraada, le chef dur.
    — S’ils sont encore assez agressifs pour me faire l’honneur d’une telle insulte, c’est que je les ai bien servis.
    À cet égard, Haraldr n’avait aucun reproche à se faire. Lors de leur dernière escale, deux mois plus tôt, le long de la côte du pays des Lombards, il avait embarqué de l’eau et non le vin du pays qu’appréciaient ses hommes. Sur le moment, tous s’étaient plaints amèrement, et les grandes gueules avaient continué pendant un mois tandis qu’ils cherchaient les pirates sarrasins en pleine mer. Puis ils avaient aperçu les mâts des Sarrasins sur l’horizon blanc, pareils à une forêt marine. Pendant un mois de plus, ils avaient poursuivi l’énorme flotte sarrasine le long de l’interminable côte de Blaland, la vaste masse de terre que l’on appelait parfois Afrikka. Haraldr avait rationné l’eau à ses équipages pour pouvoir rester plus longtemps en mer et empêcher les Sarrasins de gagner les ports d’Afrique. Oui, ses hommes étaient maintenant aussi nerveux que des étalons dans le vent d’une jument en chaleur. Mais qu’ils songent aux tourments des Sarrasins à bord de leurs vaisseaux et aux prières qu’ils devaient lancer à leur Dieu, le diable Mahomet – s’il leur restait encore assez de salive pour parler…
    Haraldr observa la forêt de mâts des Sarrasins, voiles gonflées à l’horizon vers l’est comme d’énormes feuilles blanches. Il plissa les yeux pour essayer de distinguer la formation des coques sombres qui tanguaient, et se demanda s’il avait vraiment trouvé la réponse. Il ne pouvait en être certain. « Odin, je remets notre sort entre tes mains. »
    — Pas de cri de guerre, dit-il à Ulfr et Halldor. Nous attaquerons tout seuls, uniquement ce bateau. Je monterai seul à l’abordage.
    Halldor s’assombrit. Ulfr resta bouche bée.
    — Oui. J’ai invité les corbeaux à se joindre à moi, reprit Haraldr en lançant un regard dur à ses deux compagnons.
    Mais les hommes sont au bord de la mutinerie. Sur cette mer bleue et chaude, ils ont depuis longtemps oublié ce qui s’est passé près des eaux écumantes du Dniepr. Si ma stratégie a réussi, j’aurai épargné la moitié de mes troupes tout en leur donnant pour chef un authentique protégé d’Odin. À notre retour à Constantinople, ils me respecteront comme si j’étais leur empereur. Et ils protégeront mes arrières.
    Ulfr transmit l’ordre aux dix galères en ligne. Aussitôt, Haraldr vit des bras, des épées et des lances s’agiter en désordre au-dessus des ponts. Il ordonna à son équipage d’amener les voiles et de prendre les avirons. Son bateau quitta bientôt la ligne. Aussitôt, les autres équipages se figèrent et firent silence. On n’entendit plus à bord des neuf bateaux que le craquement des vergues, le claquement de la voile et le clapotis des vagues sur les coques.
    Un homme allait montrer à tous qu’il était un dieu.
    La galère rapide chargea et l’embrun aspergea Haraldr à la proue. Les gouttes d’eau, aussi piquantes que des

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