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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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d’écraser une poitrine d’oiseau. Il recula d’un pas et, de la pointe de son épée, déchira le rideau bleu foncé. Une lance jaillit vers lui et il la brisa comme une branche de bois mort. Il remonta son bouclier sous son menton et essaya d’habituer ses yeux à l’obscurité. Puis il vit le halo de lumière autour des autres rideaux, et il arracha le tissu.
    Le Sarrasin était assis à une grande table de bois, sculptée de motifs de nacre et d’ivoire. Il avait la barbe très noire et semblait encore presque aussi gras qu’une caille dodue. Sa tête était recouverte par un morceau de toile blanche propre. À ses côtés se tenait un seul garde, pareil à un squelette dans un burnous sale, taché. Une dague courbe tremblait dans sa main desséchée. Le Sarrasin écarta le garde et ouvrit une boîte de bois laqué posée devant lui sur la table. La lumière des hublots fit luire un petit lingot d’or, puis un autre, et encore un autre. Le Sarrasin plaça ainsi vingt lingots sur la table. Haraldr pointa son épée et posa la pointe sur la gorge du Sarrasin. Il leva l’autre main et écarta les doigts pour indiquer le chiffre « cinq », quatre fois de suite. Puis il secoua la tête en signe de dénégation, et fit de nouveau le chiffre « cinq », sans s’interrompre, au moins cent fois. Quand il s’arrêta, Haraldr trancha un petit bout de la peau grasse du cou de l’homme.
    Le Sarrasin haussa les épaules, leva ses doigts boudinés presque immobilisés par des bagues incrustées de pierreries, et fit signe à Haraldr de se diriger vers une sorte d’écoutille à claire-voie, au milieu du pont. Le Sarrasin l’ouvrit et descendit dans la cale, l’épée de Haraldr au creux des reins.
    La lumière tombant des sabords formait dans la cale des lames blanches et chaudes que berçait le roulis du bateau. Le Sarrasin écarta lentement une toile de bâche qui dissimulait sept grands coffres de bois aux ferrures de cuivre. Le Sarrasin releva sa robe de coton, haussa les épaules et s’accroupit en une posture ridicule pour solliciter ses intestins. Il fit la grimace au moment où il retira la clé de sa cachette anale.
    Il ouvrit toutes les serrures avant de soulever les couvercles. Et quand il les souleva, il le fit si vite que Haraldr crut à une ruse et s’attendit à voir des guerriers jaillir de cette dernière cachette. Mais ce ne fut pas le fer des combats qui brilla dans la pénombre : seulement l’or romain. Assez de solidi et de lingots pour acheter l’Europe entière. Pendant un instant, Haraldr revit les derniers instants de son frère Olaf à Stiklestad, et entendit les dernières paroles sur les lèvres bleues du jarl Rognvald. Il crut voir les épées de la vengeance couvertes de sang sur l’horizon du Nord. Puis il imagina la Ville impériale qui l’accueillait dans ses bras parfumés.
    Maria demanda à son garde d’arrêter la voiture ; les freins grincèrent et la cabine fermée pencha légèrement vers l’avant. Elle se glissa sur les garnitures de satin capitonné et écarta légèrement le rideau de brocart rose. Elle aperçut, par-dessus les têtes de la foule rassemblée, les bulletins de nouvelles affichés près de la grande porte de bronze du Palais impérial.
    — Qu’est-ce que c’est, Maria ? demanda de sa voix babillarde Anna Dalasséna, la fille du grand domestique.
    — Tu te souviens du Tauro-Scythe que nous avons vu l’été dernier ? Où était-ce ? Le colosse aux doigts gourds et à la langue agile ?
    — Non, répondit Anna en baissant ses cils sombres.
    Mais elle se rappelait très bien le géant barbare. Très tard cette nuit-là, la tête ivre de vin, elle s’était imaginée enveloppée par ses énormes bras en un instant affreusement passionnant. Mais comme la fleur de sa virginité n’avait pas encore été cueillie, elle se devait de faire preuve de modestie.
    — Oh ! dit Maria, dans mes fantasmes il avait les mains dures !
    Anna rougit, mais depuis qu’elle était sa dame de compagnie, Maria avait fait plus d’une allusion à d’extraordinaires intimités entre hommes et femmes.
    — Je vous en prie, murmura-t-elle, dites-moi ce qu’a fait cet homme pour que son nom soit affiché à la porte de Chalké. J’espère qu’ils ne lui ont pas coupé les mains.
    Maria sourit : il était temps que cette petite Anna, si vive et spirituelle, apprenne les plaisirs de la femme. Il fallait qu’elle trouve quelqu’un de capable, doux

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