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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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montre extraordinairement patient pour un homme capable d’éclats aussi violents. Je crois qu’il attendra que sa position soit renforcée par l’entrée de ses camarades barbares en nombre croissant dans les armées de l’Empire romain, mais le moment venu…
    Le logothète laissa sa phrase en suspens, à cause de la relation entre l’empereur et Joannès.
    — … Il sera en position pour arbitrer la succession, reprit-il. Et s’il dispose de forces varègues suffisantes, en ville ou dans les environs, ce sera tout à fait possible.
    — Dans ce cas, nous devons soit rallier Mar Hunrodarson à notre camp, soit trouver quelqu’un capable de briser son épée quand viendra le moment, murmura Joannès, autant pour lui-même qu’en réponse à son hôte.
    Il recouvrit ses yeux enfoncés avec ses longs doigts déformés, appuya, puis fit glisser sa main jusqu’à son menton.
    — Ou peut-être même les deux, ajouta-t-il.
    Le logothète montra ses dents, déchiquetées par les caries. La plupart des grands commis de l’administration impériale exerçaient leur pouvoir comme des portefaix soulèvent de lourdes caisses. Joannès, en revanche, était un jongleur, capable de maintenir en l’air en même temps plusieurs objectifs contradictoires.
    — Je suppose que vous connaissez déjà ce Janus ? Les renseignements que vous attendiez d’Italie ?
    Joannès souleva sa lèvre supérieure mince en une sorte de rictus, mais le logothète savait que cela exprimait une joie sincère.
    — Oui. Cet Haraldr Nordbrikt – à supposer que ce soit la façon correcte de prononcer ce nom barbare ridicule – cet Haraldr Nordbrikt et Mar Hunrodarson ont une relation, comment dire ?… significative. Vous le savez, quand le grand domestique a voulu faire massacrer Haraldr Nordbrikt et ses hommes au Néorion, Hunrodarson a intercédé en la faveur de son compatriote et fourni des renseignements qui justifiaient le meurtre du manglavite.
    — Mais songez à leur unique rencontre, dit le logothète. Mon homme dans la maison en question m’a appris qu’ils se sont enfermés dans une pièce, où ils se sont disputés et peut-être battus. Hunrodarson n’a nullement essayé de faire obtenir à Nordbrikt un poste près de la ville. C’est lui qui a insisté pour que l’arrêt impérial bannisse Nordbrikt et ses hommes pendant plusieurs mois.
    — Une ruse ? Hunrodarson désire peut-être détourner tous les soupçons de son complice barbare ?
    — Ou bien il pense que Haraldr Nordbrikt échouera dans sa mission pour le marchand Argyros, ce qui contraindra le puissant détachement de Varègues à rechercher un chef plus efficace. Mieux vaut cela que de faire de leur héros un martyr, non ?
    — Cette possibilité me serait sans doute venue à l’esprit si j’étais à la place de Hunrodarson… Pour l’instant, nous n’avons que des conjectures, mais des conjectures capables de tourner à notre avantage. Quelles nouvelles avez-vous reçues de Haraldr Nordbrikt ?
    — Sa dernière escale était Brindisi, il y a presque huit semaines. Ils avaient sillonné la mer plusieurs mois sans rencontrer la flotte des Sarrasins. Ils ont embarqué rapidement les provisions qu’il leur fallait, et je vais vous donner un détail révélateur : à la différence de la plupart de ces ivrognes barbares, qui boivent des tonneaux de cette pisse d’âne qu’ils appellent bière, Nordbrikt a chargé ses bateaux jusqu’au ras du bastingage avec des barriques d’eau de source. Je pense qu’il a décidé de mettre le cap au sud, vers la Libye. La traversée est longue et c’est sans doute un homme de ressources.
    Joannès répondit d’un grognement. Les singes de l’Hippodrome étaient eux aussi capables de jouer des tours. Mais une chose l’intéressait beaucoup dans cet Haraldr Nordbrikt : non seulement il avait des possibilités, mais on pouvait le sacrifier sans risque. Pourquoi se priver de l’utiliser ? Il n’y avait absolument rien à perdre et peut-être l’Empire romain à gagner.
    Joannès avala d’un trait un gobelet plein, rota, se leva et fit signe au serviteur de le raccompagner, sans même un geste en direction du logothète. À la porte, cependant, il se retourna :
    — Si cet Haraldr Nordbrikt fait de nouveau escale, tenez-moi aussitôt au courant.
    * *
*
    « Giorgios ? »
    Sa voix était visible en belles bulles d’argent, et elle comprit que ce n’était pas Giorgios. La mer autour

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