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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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l’impératrice touchait au désespoir, comme si elle croyait que sa beauté risquait de s’enfuir dans la nuit si elle ne restait pas éveillée à concocter ses fards pour la préserver… Maria ne se montrerait-elle pas aussi vigilante quand elle parviendrait à l’âge de l’impératrice ? Elle n’aimait pas s’imaginer ratatinée et desséchée, incapable de frotter sa peau flétrie au corps souple d’un jeune athlète. Mais peut-être ne vivrait-elle pas jusque-là…
    Zoé recula et admira Maria.
    — Ta peau a déjà absorbé tes soucis… J’imagine que tu es déjà au courant ? demanda-t-elle en tendant le pot de crème à un serviteur.
    — L’assassinat du sénateur et patricien Andronicos Carnétos par une de ses conquêtes ? Ce n’est pas tout à fait vrai. C’est le père de l’enfant qui l’a tué. Il s’était caché dans les bains du sénateur.
    Zoé écarta ces ragots d’un geste, comme une bouffée d’air stagnant.
    — Non, je vois que tu ne sais rien encore.
    Elle plissa ses lèvres rouge sang en une moue triomphante.
    — Nous partons à Jérusalem, lança-t-elle. Mon époux l’ordonne et je dois obéir. Si j’ai également l’occasion, au cours de cette aventure très sacrée, de m’exposer aux plaisirs capiteux d’Antioche et à l’horrible décadence du Levant, ce sera seulement en tant qu’épouse soumise à un saint empereur, notre Père.
    — Je suis donc censée souffrir ces avanies à vos côtés. Mère bénie, répondit Maria, les yeux baissés en une expression d’humilité feinte. Mais n’est-ce pas fort dangereux ?
    — Je ne crois pas. En tout cas, dès que nous aurons quitté le territoire romain. Le calife a une réputation de courtoisie. Et puis…
    Zoé laissa traîner la voix, pleine de sous-entendus salaces.
    — Une garde spéciale renforcera notre détachement de l’armée régulière. Les Tauro-Scythes qui viennent de s’enrichir en décuplant la fortune de Nicéphore Argyros.
    — Mais… Je… Mère… bégaya Maria, déconcertée.
    — Petite fille ! Les Tauro-Scythes sont un tel… luxe ! Ils vont pourvoir à nos menus plaisirs, ajouta l’impératrice en prenant Maria par l’épaule. Jamais tu n’as eu peur d’un Barbare du Nord, et tu as déjà rencontré le commandant de ces hommes. Ne m’as-tu pas dit qu’il était à moitié civilisé, dans le genre brute ? Je m’en souviens bien.
    — Je crains qu’il ne soit trop brute pour moi. J’ai eu des rêves…
    — Ohhh !
    Zoé laissa l’exclamation couler doucement entre ses lèvres.
    — Tes rêves me… stimulent tellement, Maria ! Si j’avais eu ton… imagination quand j’avais ton âge, peut-être me serais-je montrée plus… volontaire dans le choix de mes compagnons.
    — Mère, ces rêves ne me donnent aucun plaisir.
    Mais Maria s’aperçut que le rêve du jardin lui avait laissé un arrière-goût d’extase, en dépit de l’horreur qui avait suivi, et elle corrigea ses paroles :
    — En fait ce n’est pas tout à fait vrai. Ils m’apportent de la terreur mais aussi du plaisir. De l’amour et de la mort, si étroitement liés qu’ils demeurent indissociables. Peut-être la mort est-elle l’ultime désir ?
    Les yeux d’améthyste de Zoé parurent s’assombrir.
    — Oui, petite fille, l’amour et la mort ne sont que les deux faces d’une même médaille. L’impératrice ta Mère ne le sait que trop.
    — Absolument pas !
    Jean, l’interprète au visage de grenouille, serra le document contre sa poitrine comme une femme protège ses seins nus. Il leva les yeux au ciel, plein de défi.
    — Laissez-moi lire, lança Haraldr en grec de façon que le topotérétès puisse l’entendre.
    Le topotérétès, un homme à l’œil dur et à la peau basanée, examinait l’épée de Halldor. Il se retourna brusquement. Au bout d’un instant, il aboya un ordre à l’interprète en robe noire, qui tendit aussitôt le papier à Haraldr.
    Haraldr étudia l’écriture violette et reconnut le mot empereur et un autre mot grec qui l’inquiéta.
    — Cet ordre précise que je dois y aller en bateau, dit-il à Halldor et à Ulfr. La dernière fois que je me suis rendu au Palais impérial, il n’était pas question d’embarquement.
    — Ça sent la crotte de corbeau, dit Ulfr. Ils veulent peut-être vous jeter en prison. On m’a dit qu’ils envoient souvent des gens dans des îles dont personne ne peut s’échapper.
    — Ou ils vous donneront

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