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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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des relations PC-PS pourrait être compromis par des faits irréparables (c’est son terme) entre le premier et le deuxième tour des municipales. Et que les relations avec le Parti radicaldépendent de la possibilité de concevoir avec lui un programme de législature.
    Mais l’essentiel de sa conférence de presse tourne autour de la situation interne à la majorité, entre l’Élysée et Matignon. Il y revient en réponse à une question sur l’interview de Chaban-Delmas à L’Observateur d’hier. Lui aussi, comme Ponia il y a quelques jours, souligne l’évolution de Pompidou vers le régime présidentiel : « Dans le passé, souligne-t-il, nous avons dénoncé la notion de domaine réservé au président de la République. Mais celui-ci était une exception. Aujourd’hui, le président délègue au Premier ministre les épines et les cactus. Tout cela se fait de manière insidieuse, comme s’il avait fallu au président un an pour faire le tour de la maison, le tour des problèmes, avant de nommer un conseiller qui coiffe tous ses ministres 14 . Cela est grave, le PS pousse un cri d’alarme : nous nous installons dans le présidentialisme sans qu’il y ait aucune contrepartie constitutionnelle : l’autorité telle qu’elle est définie dans le cadre de la V e  République est en train de se déplacer. Ce n’est pas conforme à la Constitution et c’est redoutable pour l’avenir. »
    Quant à la sortie de Tomasini, elle traduit, selon lui, « des fissures, des lézardes qui nous ont été présentées dans toute leur majesté ». Il y voit un avantage : ouvrir les yeux à ceux des socialistes qui, de bonne foi, avaient fait confiance au général de Gaulle pour maintenir les libertés et restaurer l’État. (Il règle ainsi son compte à Guy Mollet dont il avait désapprouvé le ralliement au Général en 1958, mais ne le dit pas.) Conclusion de Savary : « Les démocrates doivent nous rejoindre. »
    Certes, mais que cet homme manque de force, de charisme ! Il en est presque ennuyeux.

    23 février
    Réunion du bureau politique du groupe UDR à l’Assemblée nationale, que préside Marc Jacquet, en présence de Chaban-Delmas et de Jacques Chirac, bien sûr, sans oublier René Tomasini. C’est FrançoisGerbaud 15 qui m’en fait le récit. Je passe sur l’accord donné à la proposition de loi Perret sur les assurances volontaires. Ce sont les déclarations de Tomasini qui, en réalité, ont été au centre de cette réunion d’une demi-heure entre deux conseils interministériels. Chaban a parlé de l’ORTF, pour dire qu’il n’en parlerait pas : « Tomasini s’est suffisamment rétracté dans ses propos pour que je n’y revienne pas. » Ce qui est une façon d’enfoncer le clou en présence de l’intéressé. Gerbaud résume à mon intention ce que pense le groupe UDR : « Ce n’est pas parce que nous avons des réserves, parfois des critiques, sur le ton général de l’ORTF, sur son pessimisme parfois outrancier, que qui que ce soit chez nous entend remettre en cause la liberté d’information en France. Personne n’y pense. » Il en parle d’une telle façon que c’est le contraire qui m’apparaît certain : la libéralisation de l’ORTF en gêne plus d’un à l’UDR. Et, s’ils le pouvaient sans faire de bruit, ils ficheraient bien Pierre Desgraupes à la porte.
    Chaban, lui, en faisant mine de ne pas comprendre, a maintenu le cap sur sa « nouvelle société ». « Je suis frappé, a-t-il dit, par le fait que, parfois, il n’y a pas une très grande volonté de dialogue entre les syndicats et leurs directions. En réalité, plus on a raison, plus il faut s’expliquer. » Son idée, telle qu’il l’exprime devant le groupe parlementaire, est que la France passe d’une société à une autre. « Ce passage délicat, expose-t-il une fois de plus, se fait d’abord sur les comportements humains. » Ce qui vaut aussi, d’après lui, pour les élus.
    Le plus drôle est que, pendant toute la réunion, Tomasini a pris des notes et n’a pas dit un mot. Bonnet d’âne !

    24 février
    Hier, déjeuner avec Delors. Une fois de plus le cœur en bandoulière, regrettant sans regretter de n’être pas au nouveau Parti socialiste.
    Coup de téléphone de Maurice Faure, ce matin. Il croit que les élections législatives risquent d’être anticipées à l’automne 1972.Ernest Cazelles 16 lui a téléphoné pour obtenir de lui qu’il

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