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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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en province. »

    Déjeuner avec Xavier Marchetti. Giscard, selon lui, pense que Messmer n’a aucune autorité pour faire respecter les décisions gouvernementales. Donc il n’aurait aucun intérêt à paraître vouloir imposer seul des décisions impopulaires.
    Quant à Pompidou, la crainte du chômage serait son seul moteur.

    12 novembre au matin. Conférence de presse de Mitterrand
    Sur « le grain qui s’annonce à l’horizon 1974 », il précise : « Ne le voyez-vous pas ? L’inflation, la lourdeur du climat, la désaffection générale, le désarroi, le trouble : le gouvernement et la majorité ne vivent plus que sur leur lancée. En l’absence d’une grande pensée, seuls les intérêts s’opposent. »
    Après cette conférence de presse, qui nous communique une véritable impression d’angoisse, Bayou, questeur socialiste de l’Hérault, invite les journalistes dans son appartement de fonction à l’Assemblée. Il me dit : « Il faudrait presque un vélo pour me rendre à monbureau ! » Il est émerveillé par le faste dans lequel la République le fait vivre. C’est cela aussi, les socialistes !

    L’après-midi, discussion sur le budget du ministère des Affaires étrangères. Drôle d’échange entre Mitterrand et Jobert :
    « Je ne suis pas un adversaire systématique, lui concède Mitterrand à la tribune.
    – Aidez-moi ! » lui répond Jobert depuis le banc du gouvernement.

    Les 16, 17 et 18 novembre
    Assises de l’UDR à Nantes. Quelle jolie ville avec ses passages couverts, cette douceur dans les rues ! Pourtant, nous sommes en novembre.
    Dans l’après-midi, Chaban est accueilli par des vivats, des « Allez Chaban ! ». Je ne l’ai jamais entendu davantage fêté par les gaullistes qu’aujourd’hui. Un long discours, bien structuré, dans lequel je relève plusieurs allusions au général de Gaulle. Il propose comme premier objectif du VI e  Plan la disparition de la pauvreté, et se fait applaudir chaleureusement sur la formation permanente. Il redit sa confiance dans la politique contractuelle et se paie un couplet contre la technocratie, très applaudi également.
    Au milieu du discours de Chaban, Marie-France Garaud (c’est ce que me raconte Ivan de Limur) va s’asseoir dans les travées de la fédération UDR de Poitou-Charentes. À haute voix, elle commente : « Blablabla », fait-elle à plusieurs reprises. Et puis : « Ça, c’est du Delors ! » Et encore : « Quel baratineur ! »
    Les militants autour d’elle sont stupéfaits.
    Il faut dire que la popularité de Chaban est inversement proportionnelle aux doutes qu’inspire Pompidou aux militants UDR.
    En fait, tout est organisé pour que Michel Debré et Jacques Chaban-Delmas, étroitement unis cette fois pour « sauver la maison », soient les grands triomphateurs des assises. Le premier parle État, nation, autorité, indépendance ; l’autre, exécutif européen .
    Marie-France aura beau faire, elle ne changera pas le cours des assises. Pas plus que Jacques Chirac, qui lit d’une voix monocorde, le samedi matin, un texte musclé, distribué la veille aux journalistes par l’Élysée. Mieux, Bernard Pons, proche de Pompidou parce qu’ilest député de Cajarc, arrive, en justifiant Giscard, à faire huer le président de la République !
    Venu en curieux le samedi, Pierre Juillet, avisé, disparaît le dimanche.
    La vérité est que Chirac, Juillet et Marie-France Garaud ont transformé le succès de Chaban à Nantes en échec de Pompidou.

    21 novembre
    Tout va très bien, madame la Marquise ; c’est à peu près le langage que me tient Marchetti.
    Pour lui, la première évidence après Nantes, c’est que l’UDR existe. La seconde, c’est sa distance vis-à-vis du président : « Si demain, m’assure-t-il, le président a besoin de l’UDR, elle est là. »
    Franchement, je le trouve bien optimiste ! Ce n’est pas tellement l’impression que j’ai éprouvée. Passons !
    Marchetti trouve néanmoins que la montée de Chaban est réelle. « Si les élections avaient lieu tout de suite, il y aurait un problème. Mais il n’y en aura pas. Nantes n’aura plus aucune importance en 1976. Chaban, poursuit-il, a une dimension nationale, il a un électorat et pourrait disposer du parti, mais il lui manque d’être dans la course, c’est-à-dire au pouvoir. Il lui faut exister dans la durée. »
    Il m’explique que Giscard, lui, c’est l’inverse : il a

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