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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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glisse : « Tu avais de l'avenir au RPR, j'ai le regret de te dire que ton avenir est derrière toi 36 . »
    Ce qui n'empêche pas Rufenacht d'être totalement allergique à Giscard, qu'il ne comprend pas et n'aime pas.

    Alain Peyrefitte a essayé de stopper l'hémorragie de ministres gaullistes qui se déclarent, toutes affaires cessantes, en faveur de Valéry Giscard d'Estaing. Beaucoup trop tôt, selon lui. « A-t-on déjà vu une maîtresse de maison faire un plan de table un an avant un dîner ? » demande-t-il.
    Il cite deux exemples : qui aurait dit, en octobre 1965, lorsque le général de Gaulle s'est déclaré, qu'il serait mis en ballottage trois mois plus tard ? Qui aurait dit que cinq ans après sa victoire, Georges Pompidou allait mourir ?

    17 juillet, suite
    Jacques Chirac, croisé à l'Assemblée nationale. Il sera candidat, à n'en pas douter. Pas une seconde d'hésitation là-dessus. Ce qui ne l'empêche pas d'assurer : « Dans l'état actuel des choses, je ne vois pas ce qui peut empêcher Mitterrand d'être élu. »
    Intox, bien sûr.
    Plus intéressant, surtout après ce que j'ai entendu l'autre jour de Marie-France, ce qu'il dit à son propos et sur Pierre Juillet. Leurs relations ont basculé, à son avis, du jour où Marie-France s'est prise pour un chef de guerre et a voulu les mettre, lui et Juillet, devant le fait accompli : « Le perchoir et autres conneries 37 ... »
    « Au fond, ils n'ont jamais accepté que je grandisse ! » Il est persuadé que Marie-France pousse Debré à se présenter (« Sans elle, dit-il, Debré, qui est un velléitaire, n'aurait jamais osé le faire ! ») et il lui en veut plus qu'à Pierre Juillet.
    Je déjeunerai avec lui le 21 juillet.

    21 juillet
    Déjeuner avec Chirac, donc, à l'Hôtel de Ville. Il commence par m'entretenir des sculptures en plein air qu'il compte faire installer sur les rives de la Seine. Puis, comme s'il essayait sur moi son argumentaire, il me révèle ce qu'il va dire le lendemain : qu'il ne compte pas se déclarer tout de suite, car il ne veut pas ajouter à la confusion politique. Il attendra donc la fin de l'année, voire le début de 1981 pour se présenter 38 .
    Je sens bien qu'il ne veut pas se situer vis-à-vis de Giscard en représentant d'un courant minoritaire au sein de la majorité ; il ne veut pas le laisser incarner seul la France dans la crise diplomatique mondiale en cours. Et puis, surtout, il redoute d'apparaître comme un diviseur.
    Sans doute veut-il également faire apparaître la candidature de Michel Debré, qu'il a fort mal prise, comme, justement, la candidature d'une fraction.

    22 juillet
    La longue dépêche de l'AFP annonçant que le maire de Paris attendra l'automne avant de se déclarer n'a pas plus tôt paru, à 10 h 58, ce matin, que Chirac me la commente au téléphone. Il insiste sur le passage du communiqué où il dit clairement qu'il récuse « les mirages de l'union de la gauche, avec ou sans Programme commun ». Il ne m'avait pas dit, hier, qu'il ferait cette charge contre la gauche, mais m'avait plutôt parlé de la nécessité d'apparaître comme un homme d'État.
    « Ce que j'ai voulu dire, c'est que j'ai choisi mon camp et que je n'en changerai pas. Si j'ai parlé de l'“union de la gauche”, c'est que je n'attaque pas le socialisme, dans lequel il y a de bonnes choses, ni le Parti socialiste. J'ai voulu marquer que l'idée d'aider Mitterrand au deuxième tour de l'élection est une idée que je récuse. Mais je ne dis pas pour autant que je voterai Giscard. Je ne ferai pas la politique du pire, ni celle du recours. Je m'élève simplement contre les faux-semblants : ceux de Mitterrand, allié sans l'être au Parti communiste, ou les doubles jeux : ceux de Giscard qui a toujours voulu, de tout temps, assassiner les gaullistes.
    « Voyez mon inquiétude à travers ces lignes, ajoute-t-il. Si Giscard est réélu, il sera certes affaibli, car il aura contre lui la gauche et les abstentionnistes. Si, en revanche, c'est Mitterrand, il lui sera quasiment impossible de gouverner sans les communistes. Dans un cas comme dans l'autre, ce sera l'affaiblissement de la France. »
    Phrase qui montre qu'il ne s'attend pas le moins du monde à être élu, mais qu'il prend date.
    Ce qui ne l'empêche pas de me dire à propos de la candidature de Michel Debré : « Debré n'a pas compris que l'élection présidentielle n'est pas faite pour raconter sa vie, mais pour

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