Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
généraux RPR et UDF du Cher, du Loiret, des départements de Loir-et-Cher, d'Indre-et-Loire, de la Vienne, de la Haute-Vienne, sans oublier l'Indre et l'Allier. Apparemment, la jonction s'est faite avec le parti chiraquien sans trop de problèmes. Mais je mesure mal la mobilisation des RPR derrière Giscard.
    Premier élément d'appréciation : les quelques phrases que profère Boinvilliers, gaulliste, comme il le dit, depuis quarante ans, et qui donnent le ton ; il a soutenu au premier tour Michel Debré, « le meilleur d'entre nous », et s'adresse aujourd'hui « à ses amis gaullistes pour leur dire que, maintenant, il n'y a plus de préférences ni de sympathies : François Mitterrand est l'homme politique le plus éloigné du général de Gaulle. Constant adversaire de la V e  République, son élection en marquerait la fin » !

    Dans la nuit, en descendant de l'hélicoptère qui m'a amenée à Bourges puis m'en a ramenée
    À suivre les deux candidats présents au deuxième tour, on s'aperçoit que leur tactique est tout à fait opposée. Pour VGE, il s'agit maintenant de réunir la majorité et de réveiller chez les électeurs de Jacques Chirac des ardeurs unitaires oubliées. De ce point de vue, même si on me dit que ça l'a exaspéré, Giscard se satisfait de ce que Jacques Chirac ait finalement fait savoir qu'il voterait pour lui uniquement « à titre personnel », sans donner de consigne de vote. Il a dit qu'il votait Giscard, c'est bien suffisant. Valéry Giscard d'Estaing ne retient pas les réserves émises par Jacques Chirac : il n'a retenu que l'intention de déposer dans l'urne un bulletin à son nom.
    De la même façon, les paroles de Jean Boinvilliers, tout à l'heure, ont suscité d'abord quelques remous, vite recouverts par l'ovation de l'ensemble de la foule.
    La stratégie de Mitterrand est rigoureusement inverse. Même si Georges Marchais s'est retiré en sa faveur, Mitterrand ne compte pas appeler à l'unité de l'opposition au sommet. À la base, entre électeurs communistes et socialistes, à la rigueur. Au sommet, avec Marchais, pas question !
    Il y a une seconde différence entre les stratégies : VGE met l'accent sur la stabilité des institutions, qu'il n'a jamais menacées pendant sept ans. François Mitterrand met l'accent sur ce qui n'en a pas été respecté.
    « Le gâchis est pour demain » : c'est ce que promet VGE si Mitterrand est élu.
    « Le gâchis, il est aujourd'hui ! Tournez la page ! » C'est le thème essentiel de la campagne de Mitterrand.

    30 avril
    Drôle de sensation, tout de même : le sondage du Point -IFOP donne aujourd'hui 51,5/48,5 en faveur de Mitterrand. Autour de Giscard, qui ? Les barons gaullistes ralliés se sont fait déborder par Jacques Chirac. Ils ont certes soutenu Giscard avant le 26 avril, mais font mine de découvrir seulement maintenant que Chirac veut faire battre Giscard. Eh quoi ! Si je le savais, ils ne le savaient pas ?
    C'est avant le premier tour, s'ils voulaient sauver Giscard, qu'il fallait avoir le courage d'attaquer Chirac bille en tête. Comme Chirac en d'autres temps – en 1974 – l'avait fait en soutenant Giscard contre Chaban. Mais tout le monde n'est pas Chirac.

    Vu Alain Peyrefitte tout de suite après avoir écrit, à l'heure du déjeuner, ces lignes désagréables sur les barons gaullistes. Il ne décolère pas :
    « Chirac a été ravageur d'abord et surtout pour lui-même. Si Mitterrand est élu, ou bien, au mieux, ce sera le retour à la IV e  République, ou, au pire, le Front populaire conduisant à la démocratie populaire. Il fera des élections. S'il les gagne, ce sera la ferveur du Front populaire, à la faveur de laquelle le PC posera ses conditions, car, pour les législatives, leur force est bien plus grande. Je me résume : ce sera ou le régime des partis, ou le Front populaire ! »
    Qu'aurait-il fait à la place de Giscard ? Sa première réponse à la question fuse : « D'abord, je n'aurais pas pris Chirac comme Premier ministre en 1974 : il ne fallait pas récompenser la trahison. J'aurais ensuite tenté un rapprochement immédiat avec les gaullistes. Après, seulement, j'aurais pratiqué l'ouverture. Au lieu de cela, il a laissé Chirac “pasquaïser” le mouvement gaulliste. »
    « Chirac fait un mauvais calcul, insiste-t-il. Nos électeurs ne pourront pas ne pas lui en vouloir. Chirac, c'est Pinochet qui voudrait faire élire Allende pour prendre ensuite

Weitere Kostenlose Bücher