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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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débarquer en face de lui un membre du cabinet du giscardien Lionel Stoleru. Last but not least , le président de la République lui-même aurait demandé à Norbert Ségard, secrétaire d'État RPR, de prendre un suppléant qui n'appartienne pas à son parti.
    « Tout cela, a martelé Jacques Chirac, est intolérable : vous devez le dire au Premier ministre et au Président ! »
    Cela étant, il en est conscient lui-même, les choses ne peuvent pas aller très loin, car le seul atout qu'ait la majorité, c'est son union face à la désunion de ses adversaires. Ce n'est évidemment pas le moment de se priver de cet avantage-là ! C'est ce qu'Alain Peyrefitte 32 ne lui a pas envoyé dire alors que la réunion était en passe de se terminer. D'un coup, Peyrefitte, me raconte Arlette de la Loyère, s'est énervé : « Tout cela arrive, a-t-il reproché à Jacques Chirac, parce que ici, rue de Lille, vous n'arrêtez pas de critiquer le gouvernement. Lorsque toi, Jacques, tu dis : dans ce gouvernement il n'y a qu'une bande de chiffes, figure-toi que je n'apprécie pas. Et le Premier ministre pas davantage ! Renonce à tes agressions, tu seras moins souvent agressé ! »
    Coup de gueule de Chirac : « Alain, tais-toi ! » Mais il est évident qu'Alain, puisque c'est par son prénom que Chirac l'a appelé, n'a pas dit son dernier mot.

    De fait, me dit Toubon, Chirac est nerveux. Il a conféré pendant tout le week-end rue Vaneau avec Pierre Juillet, Marie-France Garaud et quelques-uns de leurs acolytes habituels. Il cherche à sortir de la nasse, mais comment ?
    À vrai dire, Chirac et Barre sont confrontés à des difficultés de même nature.
    Barre hésite entre soutenir tous les candidats de la majorité ou quelques-uns seulement. Définir des objectifs d'action l'amènera à désigner les « bons » barristes et, par conséquent, les « mauvais ». Si le RPR est mauvais, pense-t-il sans doute, tant pis pour lui !
    Chirac, lui, est devant un dilemme : refuser de soutenir les objectifs d'action définis par le Premier ministre, c'est risquer de gêner ses propres candidats, et donc d'être désavoué par eux. Les soutenir, c'est se lier à la majorité.

    9 novembre
    En même temps, raidissement fantastique des giscardiens contre les chiraquiens. Les directeurs de chaînes de télévision reçoivent l'ordre de ne plus parler des chiraquiens, et parce que TF1 a passé une séquence de trois minutes sur Chirac (en même temps d'ailleurs, samedi, qu'un quart d'heure sur la convention socialiste, et quatre minutes sur Barre), Jean-Louis Guillaud 33 se voit pratiquement reprocher de faire partie de la garde rapprochée de Chirac, reproche qu'on lui avait déjà fait en 1976 !
    La chasse aux chiraquiens est donc ouverte, d'autant plus que, comme la gauche est divisée et a moins de chances, aux yeux de Giscard, de gagner, les giscardiens se sentent moins menacés.

    Robert Fabre, président des radicaux de gauche, que je rencontre aujourd'hui dans son bureau parisien, cheveux grisonnants et accent chantant de l'Aveyron, me parle de sa position, plus inconfortable qu'il y paraît : il est à la droite de la gauche, et à la gauche du centre. Il croyait qu'il lui serait facile de conclure des accords électoraux avec le PS. Il a dû au contraire batailler ferme pour tenter d'obtenir les coudées franches dans 34 circonscriptions, avec 34 candidats radicaux soutenus dès le premier tour par les socialistes, donc en position d'être élus ; et pour affronter les socialistes en primaires dans 210 autres circonscriptions.
    Finalement, il est assez satisfait des accords électoraux qu'il a conclus avec les socialistes pour les futures élections. « Cela va donner à nos candidats l'occasion de se dépasser. Nous reconnaissons que les socialistes ont fait un effort, mais ils doivent comprendre que le nôtre est beaucoup plus grand : dans des départements entiers, il n'y aura pas de candidatures radicales. Enfin, ce n'est pas si mal : en 1973, nous n'avions même pas d'existence légale. Aujourd'hui, nous en avons une. Aujourd'hui, nous avons quelques points forts : le Sud-Ouest, bien sûr, mais aussi la Marne, la Haute-Marne, la Côte-d'Or et la Charente-Maritime. »
    Il revient sur le clash avec les communistes : « C'est le PC qui a ouvert un nouveau chapitre, ce n'est pas nous qui avons tourné la page ! »
    Localement, me dit-il, la gauche non communiste (radicaux et socialistes) a

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