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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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vol.
    Au pied de l'appareil, lorsque nous atterrissons, Michel Delebarre attend Mauroy. Marchais a, paraît-il, attaqué férocement la politique du gouvernement. Il n'en a pas moins terminé l'émission en affirmant que les communistes y resteraient.

    Suite du feuilleton avec la conférence de presse de Mitterrand, prévue pour ce 4 avril – c'est donc dans quelques heures, puisque j'écris ce récit dans la nuit de lundi à mardi, à 3 h 30.

    4 avril
    Conférence de presse du Président. La situation de la sidérurgie pose problème à l'exécutif, et plus encore aux communistes, qui ne cessent de trouver que le gouvernement auquel ils appartiennent ne débourse pas assez d'argent pour les travailleurs. C'est le gros morceau de la rencontre de Mitterrand avec la presse.
    Sur les communistes, François Mitterrand se contente d'avoir quelques phrases sans ironie, mais sans faiblesse.
    « J'écoute, dit-il, j'observe, je constate une situation nouvelle qui découle d'une lecture et d'une pratique différentes des engagements souscrits 4 . Le temps est venu, conclut-il, de mettre les choses au net. »
    Même si Mitterrand se garde bien de le dire, chacun a l'impression qu'entre communistes et socialistes, la fin de l'idylle approche.
    Sur le reste, je le trouve excellent, tant sur la sidérurgie que sur l'Europe, etc., tous thèmes qui ne sont justement pas les favoris du PC.
    Un journaliste lui demande s'il a l'impression, à un moment donné, de s'être trompé. Il répond : « Pas davantage que tout le monde. » Pauvre réponse, évidemment, mais le moyen de dire autre chose ?
    Il parle de Fabius, en outre, comme d'un super-ministre, et annonce que les prochaines élections législatives se feront sans doute à la proportionnelle. Comme Georges Pompidou, il évoque le profit pour s'en féliciter.
    Vient le passage sur la publicité dans les radios privées, qui me laisse sans voix, de même que Georges Fillioud et les autres membres de la Haute Autorité présents. Voilà que Mitterrand autorise la pub sur les radios privées, donnant ainsi raison à la Haute Autorité qui trouvait, depuis deux ans, et le faisait savoir, qu'il était illusoire et même assez hypocrite d'autoriser des radios à émettre sans qu'elles aient les ressources pour le faire...

    5 avril
    Georges Fillioud, avec qui j'ai conclu une sorte de pacte, celui de ne pas laisser François Mitterrand nous utiliser l'un contre l'autre, me raconte le dernier Conseil des ministres, celui qui a précédé la conférence de presse de Mitterrand, ce 28 mars. Jusqu'au dernier moment, la chaise de Charles Fiterman est restée vide, ce qui a fait penser à tous les ministres socialistes que la crise entre socialistes et communistes était imminente. Et puis, au dernier moment, quelques minutes avant le début du Conseil, les huissiers ont avancé sa chaise.
    Mitterrand arrive en retard, à peine revenu de son voyage aux États-Unis. Il a reproché assez vivement à Pierre Mauroy de ne pas avoir assez préparé le Conseil des ministres sur la sidérurgie. C'est-à-dire de ne pas avoir arbitré à temps.
    Mauroy lui a répondu nettement : « J'étais face à des positions inconciliables et irréductibles. Sur un tel sujet, je ne pouvais arbitrer sans vous. »
    Agacement visible de François Mitterrand : « Il est trop tard, maintenant ; j'entends des avis contradictoires, en effet, et je donne raison à celui qui parle en dernier. C'est pourquoi le dossier aurait dû m'être présenté autrement. »
    Du coup, la semaine suivante, dans sa conférence de presse du 4 avril, Mitterrand n'a pas dit un mot sur Pierre Mauroy. Ce que celui-ci a remarqué, bien sûr. Tout comme il a remarqué la place accordée par le Président à Laurent Fabius, « super-ministre ».

    22 juin
    Un mois sans écrire : élections européennes obligent. Plutôt que de m'affaler sur mon lit, la nuit, et de m'endormir aussitôt, je ferais mieux assurément de continuer ce journal. Et d'y raconter les remous internes à la Haute Autorité, au lendemain de ces élections européennes. Où Marc Paillet, sous prétexte de me défendre, a dénoncé curieusement une note de Gabriel de Broglie sur l'équilibre de l'information, note peut-être maladroite, malhabile, mais où je ne m'étais pourtant pas sentie particulièrement attaquée. En jouant les chevaliers blancs quand je ne lui demandais pas de le faire, Paillet a failli provoquer entre nous une crise de

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