Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
fois médiocre), Georges Marchais a changé de braquet et mis en avant la nécessité, au cas où la gauche gagnerait, de la présence des ministres communistes au gouvernement. Le 6 février, nouvelle conférence de presse du secrétaire général du PC : il reprend son antienne sur la réactualisation du Programme commun ! Le 7, devant le refus socialiste de « bâcler » une négociation sur le Programme commun, nouvel infléchissement : à Gentilly, il exige de reprendre « sans délai et sans préalable » la discussion, en oubliant la réactualisation. Appel confirmé le 16 février lors d'un meeting communiste à la porte de Versailles, pendant lequel Mitterrand a été copieusement hué. Bref, nous l'avons interrogé sur ces changements de ligne qui, nous a-t-il expliqué, n'en sont pas. CQFD !
    Raymond Barre, enfin, a parlé le dernier, avant-hier : il a répondu à nos questions avec précision, de sa voix pointue, sans charisme, sans même chercher à en avoir. Il sera chef d'un parti politique quand je me ferai bonne sœur !

    22 février
    Sondage sur les élections : total droite 43 % (RPR, 21 % ; UDF, 20 % ; divers 2 %). Total gauche 53 % (PC, 21 % ; PS, 27,5 % ; radicaux, 2 % ; extrême gauche, 2 %).
    Commentaire de Jean-Marc Lech, qui, désormais, fait, semble-t-il, la pluie et le beau temps dans la météo politique : l'écart se maintient entre l'opposition et la majorité, le PS est au plus haut, ce qui n'empêche pas le PC de gagner des points.

    28 février
    Rencontre avec Lionel Jospin. Très grand, sec comme un coup de trique. Grosses lunettes aux verres légèrement fumés. Crinière afro. Pas un sourire. Il me parle parce que Mitterrand le lui a demandé. Il n'est pas du genre à solliciter la presse, qu'il ne porte pas dans son cœur. Aucune excentricité dans ses déclarations, pas le moindre écart par rapport aux textes adoptés par le PS. Il parle des socialistes comme les communistes parlent d'eux : sans recul et sans distance. Non, le PS n'a pas infléchi son action au jour le jour. Oui, le 12 mars, jour du premier tour, on verra bien que le PS n'a pas viré à droite, malgré les déclarations diverses du PC. « Nous attendons le jugement des Français », me dit-il sans fioritures. « Il faut que le PC aille jusqu'au bout de sa logique, me dit-il encore. Nous attendons, sur ce point, le jugement des Français. Nous, nous ne sommes pas soumis à ses volte-face ! »
    Nous évoquons le programme sorti opportunément par la CFDT, qui pourrait, vu sous un certain angle, donner l'occasion à la gauche socialiste de retrouver, autour de la plate-forme syndicale, les communistes. Il n'est pas négatif : « L'initiative de la CFDT démontre que l'on peut avoir des positions différentes de celles du PC sans tourner le dos au Programme commun. C'est ce que nous disons, nous, depuis le début. Dans la mesure où c'est un élément d'ouverture, nous l'acceptons évidemment ! Pour la première fois, pour certains des dirigeants socialistes qui disaient avoir fait au PC toutes les concessions possibles et imaginables, l'idée est suggérée que nous pouvons aujourd'hui négocier sur des positions qui ne sont pas directement celles du Parti communiste. D'ailleurs, ces propositions, nous les étudierons demain, sans prendre de décision. »
    Il n'a pas l'air franchement gai, ce grand chevelu, avec ce je ne sais quoi de coupant, plus exactement de métallique dans la voix. Je comprends néanmoins, en l'écoutant, qu'il envisage une victoire de la gauche malgré cette funeste campagne. Le PS, selon lui, peut atteindre les 29 % : « Tout reste possible » – c'est par cette note optimiste qu'il termine tristement son propos.

    8 mars
    Je suis dans la salle d'attente au salon du Bourget où je dois prendre un avion pour Grenoble avec Pierre Mauroy. Comme d'habitude, il est en retard. J'en profite pour écrire mes impressions sur cette fin de campagne électorale.
    Sur les gens rencontrés d'abord depuis le 20 février, date à partir de laquelle je n'ai plus guère noirci ce cahier :
    Jacques Chirac qu'après Poitiers j'ai suivi à Montpellier, le 21 février. Remonté comme un ressort, obligeant le pilote de l'avion à décoller malgré la fermeture, pour cause de brouillard, de l'aéroport du Bourget. Pensant qu'il était capable de vaincre les éléments déchaînés – ils l'étaient vraiment, ce matin-là – comme si rien ne pouvait lui

Weitere Kostenlose Bücher