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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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certain culot, vous appelez contestation le fait que quelques camarades aient publié un article dans un journal. Moi, j'appelle ça une petite discussion marginale sans intérêt pour le Parti. »
    Althusser, Elleinstein, sans intérêt ? Il ne manque pas d'air ! Son argument est qu'il faut attendre que soit ouverte officiellement la discussion en vue du XXIII e  Congrès pour que les questions soient posées à l'intérieur du PC.
    Et quels rapports avec les socialistes, à partir de maintenant ? Même rengaine que précédemment sur le PS qui a abandonné le Programme commun.
    Je note, la conférence de presse terminée, que Marchais, interrogé sur Jean Elleinstein qui mène la contestation aux côtés d'Althusser, répond avec mépris : « Je formule le souhait que, dans les situations difficiles, il tienne mieux le coup. »

    Déjeuner avec Jacques Chirac dans la grande salle à manger de l'Hôtel de Ville, tout de suite après la conférence de presse Marchais.
    Outre sa position en politique étrangère, sur laquelle je reviendrai, il me raconte son entrevue avec Valéry Giscard d'Estaing après les législatives. Il a commencé son speech à Giscard en énumérant les différents points sur lesquels il n'était pas d'accord avec lui : la politique extérieure, l'Europe, etc. Cela a duré vingt-cinq minutes pendant lesquelles Giscard a pris des notes en se taisant.
    Lorsque Chirac s'est arrêté, il a pris la parole. Il a répondu point par point à Chirac et terminé par une phrase du genre : « La France, lui a-t-il dit, n'est pas gouvernable sans l'accord, même tacite, des socialistes. C'est ce que je vais m'attacher à rechercher. »
    Les phrases n'étaient pas aussi claires, mais Chirac m'assure en avoir bien compris le sens. L'exposé de VGE a duré vingt minutes, à la suite desquelles il s'est levé, a raccompagné Chirac à la porte en lui disant de façon mystérieuse : « Il est l'heure ! »

    9 mai
    Giscard recherche-t-il donc un accord avec les socialistes ? Chirac a-t-il bien compris ? Je le demande à Michel Pinton qui m'explique le dessein de Giscard : il s'agit pour lui, en réalité, de jouer maintenant en direction d'une frange de 2 à 3 % de socialistes déçus, marginaux, avec lesquels il sait qu'il pourrait gouverner.
    VGE a fait cette confidence à Michel Debré qu'il a également reçu à l'Élysée dans le cadre de la « décrispation », en même temps que les autres leaders des partis : « Dans le fauteuil où vous êtes, Mitterrand lui-même m'a dit que j'étais le seul à pouvoir le battre. Que Chirac n'aurait jamais pu le faire. Là, il me l'a dit. À l'endroit où vous êtes, parfaitement ! »
    Il le répète, me dit Debré, trois fois pendant leur conversation. Étrange fascination mutuelle de ces deux personnages ! VGE tire presque une sorte de légitimité de cette phrase de son ennemi !
    Limogeage du patron d'Havas, Jean Méo, ancien collaborateur du général de Gaulle. Il est entré dans le bureau de Raymond Barre le 2 mai sans savoir pourquoi il était convoqué. Il a vite compris. Barre lui a dit qu'il allait être remplacé par Yves Cannac. Son bilan est bon : 24 millions de bénéfices nets après impôts en 1977. Pas d'autre raison à son éviction que le fait qu'il a été mis à ce poste il y a quatre ans par Jacques Chirac. On ne peut même pas lui reprocher d'avoir favorisé la campagne législative du RPR : il a certes organisé l'affichage classique de Chirac, mais au même tarif que celui de François Mitterrand.
    Il faut voir plus loin : Giscard est déjà englué, depuis son élection, dans son obligation de faire route commune avec le RPR ; il lui faut, dans les milieux d'affaires de la presse ou de la publicité, ses propres réseaux. Il n'a pas cherché à les organiser avant 1978. Aujourd'hui, cela a l'air d'être sa priorité : comment se débarrasser des gaullistes, feuilleton à plusieurs épisodes. Voilà l'un des premiers.
    Paul-Marie de la Gorce, toujours fidèle à Pierre Messmer, me raconte une anecdote que je ne connaissais pas pour me montrer à quel point cet homme méconnu, maltraité par la presse, ou, plus exactement, pris pour un imbécile, était en réalité sinon un visionnaire, du moins quelqu'un qui voyait clair et loin. Bien avant la crise du pétrole de 1973, Pierre Messmer convoque un de ses collaborateurs et lui demande de rédiger une lettre à l'attention de Georges Pompidou sur la hausse

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