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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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l’œil étincelle.
    J’allais oublier l’hommage rendu, pendant les quelques minutes de conversation qui suivent son intervention, à Édith Cresson : « courageuse » et tout et tout...
    7 février
    Le débat à l’Assemblée nationale se déroule pendant que j’écris ces lignes. Édith Cresson parle, égale à elle-même, sans talent mais avecconviction. Puis vient François Léotard, éloquent, qui traite le Premier ministre de « Cosette » – ce que je trouve bien misogyne. Enfin, Édouard Balladur, qui parle en ce moment.
    Évidemment, tout le monde enfonce le clou : rien ne va, le chômage est en hausse, l’investissement en baisse, le système de formation est inadapté au monde moderne.
    « Vous n’avez, dit Édouard Balladur, ni les moyens financiers ni les moyens politiques de résoudre les problèmes. »
    Fabius, à l’aise, se débrouille bien.
    10 février
    Ouverture des Jeux olympiques d’hiver à Albertville, samedi (le 8). Spectacle inouï, dans la montagne, pendant que les derniers rayons du soleil couchant illuminent les versants à l’ouest, et que l’est est déjà plongé dans l’obscurité. Imagination, création, esprit, humour : tout est mêlé dans le spectacle monté par Decouflé. Rien ne manque au rendez-vous de ces J.O.
    Mitterrand est là. Il entre dans le stade dans un manteau bleu marine qui lui bat les talons. Lorsqu’on annonce sa présence, les trente-cinq mille spectateurs présents dans la nuit tombée se taisent. Pas de sifflets, pas de mouvements, un silence pesant de quelques secondes, jusqu’à ce qu’éclatent les applaudissements... pour Michel Barnier et Jean-Claude Killy, co-organisateurs de ces Jeux. Dur moment !
    Puis déferlent les vagues, les « ola » qui soulèvent les gens, bras levés, de travée en travée. Mitterrand, qui ne comprend pas, et qui, comme moi, n’a jamais vu cela, laisse passer la première vague. Puis se lève à la seconde. Hurlements de joie du public, retourné, qui ovationne le Président.
     
    Dimanche à midi, chez Mitterrand où Laure K. a déjeuné avec son mari, il n’a été question que de Rocard : pourquoi a-t-il dit cela, pourquoi ? Ce n’est pas habile, puisqu’il s’est coupé de toute une partie du PS. Il est toujours le premier à manquer à la solidarité, il a lui-même redonné corps à l’hypothèse Delors, etc.
    Je pense à ma dernière conversation avec Pierre Mauroy : selon lui, Mitterrand avait alors accepté l’idée que Rocard soit le « candidatvirtuel » des socialistes en 1995. Je pense qu’il a sauté sur son intervention, la semaine dernière, pour revenir sur sa position.
    13 février
    Autour de la table, hier soir, une pléiade de hauts fonctionnaires. Des anciens ministres, directeurs de cabinet, des présidents de banque, le reste à l’avenant.
    La conversation tourne autour du maintien d’Édith à Matignon. Chacun pense que sa longévité est mesurée. « Quarante jours au maximum, dit l’un. De grâce, pas quatre cents ! »
    L’allusion vise ce que le Premier ministre a dit à l’Assemblée nationale la semaine dernière : elle serait encore là pour quatre cents jours, a-t-elle affirmé, c’est-à-dire jusqu’après les élections législatives de 1993.
    Un autre parle d’Abel Farnoux, le gourou d’Édith, qui bouleverse toutes les hiérarchies internes et externes au sein du cabinet du Premier ministre. Anecdote savoureuse : Mitterrand n’a jamais voulu ni voir ni parler, depuis des années, à Abel Farnoux. Lorsque celui-ci accompagne Édith Cresson à l’Élysée, ce qui lui arrive de temps à autre pour gagner du temps quand ils ont à parler, il reste donc dans la voiture, avec le chauffeur, pendant que Mitterrand et Édith Cresson se disent ce qu’ils ont à se dire, et dont Édith Cresson fait ensuite le compte rendu à Farnoux. Tous sont d’accord pour souligner le désordre qui règne dans le cabinet du Premier ministre sans qu’on sache jamais qui y fait quoi et pour combien de temps.
    Spectacle de hauts fonctionnaires démobilisés quand ils étaient socialistes, ou redevenus agressifs lorsqu’ils ne l’ont jamais été.
    À cela s’ajoutent les sondages catastrophiques pour le PS aux régionales qui doivent avoir lieu le 22 mars. Un point de moins que le Front national en région parisienne (16 % contre 17 %) ; 19,5 contre plus de 30 % obtenus aux dernières élections régionales en Auvergne. Par ailleurs, tous les

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