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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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sondages font état d’un tassement RPR-UDF et d’une percée concomitante du Front national.
    17 février
    Victoire du Front national au premier tour de l’élection cantonale de Nice : 38 % des voix sont allées à Jacques Peyrat. À vrai dire, cela ne m’étonne pas : c’est de loin le plus sympathique des candidats, beau parleur, l’accent à peine aillé, c’est aussi le mieux implanté localement. Nous avons affaire là à un Front national à visage humain, beaucoup plus humain que Le Pen, donc peut-être électoralement plus dangereux.
    Pour le reste, Bernard Tapie sévit, c’est bien le mot. En brassant scandale sur scandale, en suscitant les uns, en montant en épingle les autres. Rien à faire : c’est dans sa nature.
     
    Déjeuner, vendredi 14, avec Jean-Bernard Raimond, devenu conseiller d’un groupe pharmaceutique. Il doute fort de Jacques Chirac, qu’il ne voit presque plus, dont il ne sait plus rien et qu’il trouve insaisissable. En revanche, il voit souvent Édouard Balladur qui a, me dit-il avec conviction, de « grandes ambitions ». Il insiste, voyant que je ne bronche pas : « Vous me comprenez : la plus haute ambition ! »
    Je lui dis d’être sans crainte : j’ai bien compris ce qu’il voulait dire.
    Nous reparlons de l’affaire Habache : il juge comme moi et comme tous les Français qu’Habache ne pouvait pas être en France sans que le ministre de l’Intérieur soit au courant.
    Solidaire du ministre des Affaires étrangères, car il l’a été lui-même avant lui 10 , J.-B. Raimond ajoute (par corporatisme ministériel ?) : « Ce n’est sans doute pas le cas de Roland Dumas. »
     
    Vu aujourd’hui Yves Michalon, toujours proche de Michel Debré. Je mets du temps à comprendre où il en est de ses pensées, de ses convictions. Il en est là où en sont beaucoup d’autres. Là où en sont Chevènement, Séguin, tous hors courant, qui ne se reconnaissent plus, ou mal, dans leurs partis respectifs.
    La France, me dit-il – et je reconnais là le langage de Michel Debré –, ne peut plus continuer à fonctionner comme cela, avec une pyramide sociale sur la tête, un système de médias qui écarte les opinions dissidentes – la pensée unique –, un statut des fonctionnaires qui exclut, à peu de chose près, d’augmenter le salaire d’unprofesseur sans augmenter celui du balayeur. Une France des corporations dans une Europe faussement unie !
     
    Michel Charasse hier au téléphone. Éructant, furibard. De quoi s’agit-il ? Il a refusé d’entrer à l’église pour la messe d’enterrement d’un douanier abattu par un malfrat. Il s’indigne de la façon dont il a été traité par la presse quotidienne et la télévision qui lui ont fait – il a raison de le dire – un procès en sectarisme.
    « La tradition républicaine, dit-il, c’est justement cela : pouvoir ne pas aller à l’église, comme Félix Faure ou Vincent Auriol ! »
    Était-ce pourtant le moment de relancer ainsi, sur le corps d’un douanier mort, la querelle de la laïcité ? Ne vaut-il pas mieux être moins ostentatoire, moins provocant, au moment où le pouvoir, justement, ne veut pas déclencher d’hostilités sur le terrain ? Tout peut être dit, en particulier à moi qui n’ai pas de convictions religieuses. Le dire ainsi, sur ce ton, c’est plus qu’insultant : c’est inutile.
    Quant à l’agressivité, l’hostilité qu’une partie du gouvernement montre aujourd’hui envers la presse, et plus nettement encore à l’égard de la télévision, que dire, sinon qu’elle est à son paroxysme et qu’elle reflète, bien sûr, d’autres déséquilibres et d’autres carences que celles, hélas bien réelles, de certains journalistes !
    24 février
    Déjeuner avec Marcel Debarge 11 et Évelyne Dassas dans un des meilleurs restaurants de Seine-Saint-Denis, à deux pas de la jolie petite mairie du Pré-Saint-Gervais dont il est le maire. Habillé d’une robe violette, turban assorti et bijoux mauves, chemisier jaune fluo, elle attire l’attention de toute la salle ; lui a commencé à manger comme un ogre, sorte de nounours dont je constate en un clin d’œil qu’il est aujourd’hui rouge de colère. Il sort d’une discussion avec Laurent Fabius qui a bien accepté de venir le soutenir au Pré-Saint-Gervais pour les élections locales, tout en fixant la date et l’heure de son intervention : dimanche prochain à 13 h 30.
    « Dis-moi

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